Calamity of Snakes
Titre original: Ren she da zhan
Genre: Agressions animales
Année: 1983
Pays d'origine: Chine / Taiwan
Réalisateur: Chi Chang (alias William Cheung Kei)
Casting:
Lei Chang, Chung-Lien Chou, Tung-min Huang, Ying Lee, Yuen Kao, Wei Lu...
 

Une horde de serpents apparaît dans une fosse de chantier, qui forme les fondations d'un hôtel chic désiré par un promoteur sans scrupules (Ko Yuen). Cette première menace de la meute n'est que le prélude à une invasion plus conséquente. Après quelques attaques éparses sur les ouvriers, le promoteur décide de faire appel à un spécialiste des serpents pour l'aider à éradiquer la menace. Celui-ci découvre que les reptiles sont dirigés par un spécimen mâle énorme particulièrement agressif. Il se débarrasse non sans mal de la bête mais attise du même coup et sans s'en rendre compte la colère de la femelle, spécimen encore plus gigantesque et destructeur. Le jour même de l'inauguration de l'hôtel, alors que la salle de réception et les chambres sont pleines à craquer d'invités et que la fête bat son plein, les serpents décident d'attaquer en force, menés par la femelle remontée à bloc.

 

La sortie du film "Des serpents dans l'avion" a fait ressurgir pas mal de petites productions sur nos amis les reptiles, parmi celles-ci une incroyable aberration intitulée "Calamity of Snake", formellement interdite aux membres d'une quelconque association protectrice des animaux. En effet, c'est à un véritable carnage non simulé de reptiles que nous invite cette petite production complètement loufoque. Calquée sur les films de kung-fu qui pullulaient dans les années 70, cet objet filmique remplace les méchants par des reptiles chinois, créatures assez curieuses car elles ont la capacité de sauter au visage de leur victime comme des puces (on imagine sans peine les membres de l'équipe lancer les reptiles vivants sur les acteurs), certains allant même jusqu'à voler ! Bref, on délire sec, tout cela aurait put être tout à fait innocent si le réalisateur ne prenait un malin plaisir à massacrer de vrais serpents devant la caméra (voir comment un marchand ambulant arrache la peau d'une pauvre bête encore vivante, ou la scène de la mangouste), mettant mal à l'aise le spectateur occidental guère habitué à de tels excès (sauf dans quelques films de cannibales italiens). Heureusement, il reste certaines séquences absolument déjantées, comme le fameux face à face entre le spécialiste des serpents et un (faux) anaconda de bonne taille. Pour bien apprécier la chose, il faut abandonner tout esprit critique et se transformer en voyeur pervers. L'erpétologiste présenté dans le film ressemble plus à un expert en arts martiaux (genre faux vieux avec faux sourcil collé) croisé avec un phénomène de cirque. Ce qui nous vaut cette scène réalisée sans trucage, où il se fait mordre la langue par un (petit) serpent. Notre spécialiste va donc affronter un serpent monstrueux (plusieurs mètres) aussi véloce qu'un missile sol-sol, dont il viendra à bout, non sans avoir perdu quelques doigts dans l'aventure. Mais le danger n'est pas pour autant écarté, car la compagne du serpent, encore plus énorme, s'apprête à venger sa moitié, aidée par une marée de ses congénères. Elle décide de revêtir ses plus belles écailles et de s'inviter à la soirée d'inauguration du fameux hôtel.

 

Evidemment, les scènes dites de remplissage (de longs tunnels de dialogues) sont absolument sans intérêt, les serpents (même en caoutchouc) s'avérant meilleurs acteurs que les comédiens ; bref, nous sommes en plein Z qui tâche. Sans jamais atteindre l'efficacité et l'ambiance totalement déviante de son homologue "Killer Snake", "Calamity of Snakes" fonce dans tous les sens en accumulant les scènes de massacres d'animaux (simulés ou non), on pourrait même parler d'un véritable génocide. Les acteurs (inconscients) se débattent au milieu de grappes de vrais serpents, en écrasant certains dans les scènes de panique, sans parler de ceux qui seront tailladés, brulés vif ou explosés, car rien ne semble arrêter la folie destructrice du réalisateur (dont ce sera l'unique film), qui devait avoir une sacrée rancune envers ces pauvres bêtes. Un réalisateur qui joue à fond sur la peur qu'inspirent les serpents, et accumule leur nombre et les scènes surréalistes, comme le mur de serpents qui tombe sur les convives voulant s'enfuir, la femme attaquée dans son bain, ou la grosse femme qui sent monter quelque chose en elle. Mais le morceau de bravoure restera l'affrontement final entre les valeureux pompiers armés de lance flammes, et vêtus de combinaisons du plus bel effet, et la femelle anaconda qui finira par prendre feu (ce qui ne l'empêchera pas de voler comme son compagnon,) avant de s'écraser sur le promoteur véreux responsable de tout ce foutoir.
En tout cas, il est difficile de décrire une telle accumulation de non sens tant les adjectifs manquent, on a l'impression d'avoir atterri dans une autre dimension. Cela dit, si la chose laisse perplexe, on ne peut que rendre hommage aux acteurs (totalement inconscients) et aux centaines de reptiles sacrifiés sur l'autel d'un banal divertissement (?).

 

Pour l'anecdote, certains producteurs peu scrupuleux, se doutant qu'une telle énormité ne sortirait jamais, décident en 1985 de produire un autre film intitulé "The Serpent Warrior", de Niels Rasmussen, avec Christopher Mitchum, Clint Walker & Anne Lockhart, qui reprend carrément des scènes entières du fameux "Calamity of Snakes". N'ayant pas pu jusqu'à présent visionner la chose pour juger du résultat, je ne peux qu'imaginer une autre aberration cinématographique.


The Omega Man

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