Zatoïchi (16) - Le justicier
Titre original: Zatoichi Royaburi
Genre: Chambara
Année: 1967
Pays d'origine: Japon
Réalisateur: Satsuo Yamamoto
Casting:
Shintaro Katsu, Rentaro Mikuni, Ko Nishimura, Yuko Hamada, Toshiyuki Hosokawa, Takuya Fujioka, Kenjiro Ishiyama...
 

Pour le sabreur aveugle, vagabond suivant inexorablement son destin sur un chemin pavé de combats sanglants, la vie n'est pas toujours facile et cet épisode ne manquera ni de tragique ni d'intensité dramatique. Mais Zatoïchi est un personnage à plusieurs facettes, dont une certaine bonhommie par exemple, et un goût pour les facéties. C'est ainsi qu'il commence ce seizième opus en rigolant tout doucement de la maladresse d'un piètre tireur à l'arc ratant toutes ses cibles dans une baraque foraine. S'ensuit évidemment un défi de ce dernier qui lui fourre l'arc et les flèches dans les mains et lui demande de faire mieux au lieu de ricaner. La mise dans le mille d'une cible minuscule rappelle tout de suite à celui qui l'aurait oublié qu'Ichi est bien plus adroit que nombre de voyants et possède une sorte de sixième sens qui lui donne toute son aura et participe à sa légende.
Reprenant sa route, il croise de joyeux paysans chantant qu'ils se sont remis au travail et ont arrêté de boire et de jouer. Pour l'amateur de saké et de tripots qu'est Ichi, leur village ne semble pas une halte destinée à s'éterniser. La présence à leurs côtés d'un samouraï sans katana, Ohara Sashui, pacifiste, moraliste et agronome à ses heures, ne laisse pas de l'étonner non plus. Un élément perturbateur en tout cas pour les yakuzas du coin, qui gèrent les tripots et voient d'un mauvais œil l'influence négative sur leurs gains de cet Ohara qui déconseille le jeu. Accueilli par le parrain Tomizo, le yakuza errant Zatoïshi accepte une mission pour ce dernier : aller voir le parrain Asagoro et lui remettre un courrier important.

 

 

Ishi découvre alors un chef de clan modeste et généreux envers les paysans, acceptant de payer les dettes de pauvres fermiers kidnappés par le clan Tomizo et tombe sous le charme d'un homme qui respecte les codes yakuzas et les gens de la terre qui travaillent dur aux champs et font vivre ses maisons de jeux par leurs paris, dans une sorte d'équilibre presque parfait.
En fait de "Saint Yakuza", Asagoro manie le double langage et n'est pas plus noble que son adversaire, ni pétri de meilleures intentions, malgré les apparences. Il se jouera même d'une certaine naïveté de la part de Zatoïchi pour contrer son rival et régner en maître sur le secteur. Persuadé que cette communauté rurale est en de bonnes mains avec Asagoro, Ichi reprend sa route vers nulle part, accompagné un temps par le sage Ohara, qui semble avoir quelques décennies d'avance et anticiper sur une idéologie libératrice, égalitaire et respectueuse des droits de l'homme. C'est une des belles rencontres du masseur aveugle (qui en fait quasiment à chaque film) qui ne virera pas au duel, comme c'est souvent le cas mais plutôt à une vraie relation courtoise et amicale, où des points de vue divergents pourront se confronter sans que cela finisse par une lame plantée dans le ventre.

 

 

Avec le temps qui passe, Ichi, éloigné de ce village qu'il pensait voué au bonheur et à la paix, apprend qu'Asagoro a profité de son aide pour prendre le pouvoir et que ses coups de sabre quelques mois plus tôt ont précipité les paysans dans le malheur et l'esclavage, la belle Oshino (une jeune femme éprise d'un yakuza tout aussi jeune) dans un bordel et maître Ohara dans une geôle.
Les bonnes intentions d'Ichi et la magie de sa technique de sabre auront donc eu les effets contraires à ceux espérés, retournant les sangs du masseur sensible et presque toujours du côté des paysans et lui perçant le cœur au point qu'il reprend la route dans un but évident de vengeance.

Excellent épisode de la série, Le justicier nous donne à voir un Zatoïchi prenant une figure de plus en plus affirmée de vengeur sans pitié, faisant couler le sang dans des combats où son apparition soudaine, de nuit, de derrière un arbre, ou assis au cœur de la maison du parrain qui croyait s'en être débarrassé, lui confère une aura véritablement mythologique, quasi-surhumaine, le masseur aveugle devenant l'outil d'une justice supérieure à celle des hommes, la sienne, et réglant dans le sang les dettes des puissants.
La démarche maladroite et les rires du début, puis la complicité avec les paysans et le samouraï sans arme, font petit à petit la place à l'amertume et à la colère. On ne se moque pas de Zatoïchi impunément, c'est une constante de la série, et le final est un sommet de noirceur sanguinolente. Avant un nouveau départ, seul, sur le long chemin qui guide les pas du poor lonesome yakuza vers de nouvelles aventures...

 

 

Plus que conseillée donc, la vision de cet épisode offre en prime la présence toujours veule et fourbe de Ko Nishimura, le serpent Magobei d'Hanzo the Razor, et aussi celle de Rentaro Mikuni, vu dans les excellents "Kwaidan" et Samouraï sans honneur. Presque étrangement, pour qui visionne la série sur une période de temps rapproché, on retrouvera ces deux acteurs dans d'autres rôles dans Zatoïchi (19), les tambours de la colère et même, pour Rentaro Mikuni, dans Zatoïchi (23), le voyage à Shiobara.
Le justicier inaugure aussi la prise en mains de la série par Shintaro Katsu, devenant producteur avec la Katsu, qui poursuivra son excellent travail au cours des années 70 avec des séries aussi marquantes qu'Hanzo et que les Baby Cart.

 

 

Bigbonn


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