Lost, The
Genre: Survival , Horreur
Pays d'origine: Etats-Unis
Réalisateur: Chris Sivertson
Casting:
Marc Senter, Shay Astar, Alex Frost, Megan Henning, Ed Lauter...
 

Vous vous souvenez de "Jack et Jill", ce court-métrage présent dans le film May de Lucky Mc Kee ? Et bien c'était l'oeuvre de Chris Sivertson, tout comme le montage de May. On ne change pas une équipe qui gagne, et le duo s'attaque à une adaptation du traumatisant Jack Ketchum. Mc Kee est à la production, et Sivertson signe ici son premier long métrage.

 

 

The Lost, c'est un film qui repose presque entièrement sur son personnage principal, le charismatique Ray Pye. Adolescent au look improbable, entre gothisme et country, il va sans dire que Ray Pie marque les esprits d'une empreinte indélébile. Faux beau gosse maquillé à la truelle, le jeune homme claudique pitoyablement pendant tout le film car il a écrasé des cannettes de bière dans ses chaussures pour paraître plus grand. Quand on lui demande la cause de cette infirmité, ce menteur chronique s'invente des blessures héroïques. Tour à tour sympathique et haïssable, séduisant et ridicule, Ray Pye collectionne les conquêtes, et possède un pouvoir certain sur son entourage. Et pour cause, il les terrifie : car Ray Pye est totalement instable, et sous son masque de Dom Juan, se cache un psychopathe terrifiant, un inquiétant malade mental qui cherche à plaire à tout le monde. Il y a quatre ans, il a abattu à la carabine deux campeuses, juste pour savoir ce que cela faisait. Ses amis ont gardé le secret, mais les autorités le soupçonnent encore et le suivent à la trace, sachant qu'un jour ou l'autre, il perdra à nouveau le contrôle... Cet adolescent tueur ultra-narcissique serait une version plus jeune et "redneckisée" de Patrick Bateman, qui trouverait peut-être son égal dans le Kevin du film de Lynne Ramsay, "We need to talk about Kevin" (2012). Pour interpréter Ray Pye, un inconnu, Marc Senter, qui crève littéralement l'écran, au coté de la pulpeuse Robin Sydney.

 

 

Une réalisation plutôt pop, dominée par la couleur rouge, un montage épileptique qui suit les sautes d'humeur de Ray, rythmé par une musique omniprésente, qui va du death métal à la country. On pourrait justement reprocher ces choix musicaux qui jamais ne laissent place au silence et saturent le film parfois jusqu'à l'écoeurement, mais The Lost est un film extrême : la bande-son est donc à son image, extrême elle aussi.
Le film de Sivertson est indépendant des studios américains et ça se sent, autant dans le budget ric-rac que dans la liberté artistique que l'absence de studio permet. Ici, pas d'effets spéciaux ni de stars, juste de la violence gratuite, dérangeante, qui ne sombre jamais dans le gore ou le complaisant, d'autant plus perturbante qu'elle est crédible et ancrée dans une réalité tout à fait tangible. Si les événements du livre se passent en 1969, durant la guerre du Vietnam, le manque de budget oblige le film à situer son action dans une époque indéfinie qui ressemble aux années 90. On est dans une adaptation de Ketchum, et bien évidemment, les situations malsaines s'enchaînent, la violence psychologique prime, le meurtre prend des connotations sexuelles troubles (Ray Pye semble refouler son homosexualité en tuant des femmes, comme le montre cette scène coupée où il s'observe dans le miroir en dissimulant son pénis entre ses jambes), et chacun des personnages est marqué par un traumatisme, une déviance (adolescente en couple avec un vieillard), ou possède une attitude masochiste (la petite amie de Ray qui lui pardonne ses frasques jusqu'à se détruire elle-même).

 

 

The Lost est donc le portrait au vitriol d'une jeunesse américaine à la dérive, une jeunesse qui s'ennuie dans un bled paumé du Sud des Etats-Unis et qui tue pour passer le temps, s'enivre, se drogue ou couche à droite à gauche. Le film bénéficie d'un suspense haletant, où l'on attend, jusqu'au bout du film, que Ray Pye fasse éclater sa folie meurtrière ; et l'on n'est pas déçu au final, car pas beaucoup de personnages ne sont épargnés.


Ce n'est peut-être pas aussi choquant que la précédente adaptation de Ketchum, "The Girl Next Door", mais cela reste efficace, un film qui fait attendre avec impatience la prochaine collaboration Mc Kee /Ketchum : "The Woman".

 

 

Morgane Caussarieu

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