Chacun pour soi
Titre original: Ognuno per sé
Genre: Western spaghetti
Année: 1968
Pays d'origine: Italie / Allemagne
Réalisateur: Giorgio Capitani
Casting:
Van Heflin, Gilbert Roland, Klaus Kinski, George Hilton, Sarah Jane Ross...
Aka: Das Gold von Sam Cooper / The Ruthless Four / Los profesionales del oro
 

Après de nombreuses années de recherches, le prospecteur Sam Cooper découvre enfin un filon d'or. Pour l'extraire, il demande l'aide de Manolo, son fils adoptif qu'il a perdu de vue depuis des années. Celui-ci décide de rejoindre Sam, mais impose le mystérieux et taciturne Le Blond dans l'aventure. Devant le fait accompli, Sam sollicite alors la venue d'un ancien ami, Mason, pour couvrir ses arrières, alors même que tous les comptes ne sont pas réglés entre les deux hommes...

 

 

Considéré comme un western italien atypique, le film de Giorgio Capitani (recyclé à la télévision depuis 1984) est un mélange audacieux entre traditionalisme, représenté par le duo Van Helfin ("Airport", "Shane", "3:10 pour Yuma") et Gilbert Roland ("Les Cheyennes"), deux vétérans hollywoodiens qui tournèrent d'innombrables films dont pas mal de westerns ; et le modernisme représenté par les jeunes George Hilton (Le temps du massacre) et Klaus Kinski, deux acteurs emblématiques du western italien. Ajoutons que le script trouve son inspiration autant dans le film d'aventure (genre "Le trésor de la Sierra Madre") que dans le western spaghetti.


Que les amateurs se rassurent : même si les duels mano a mano brillent par leur absence, le film ne manque pas de fusillades et d'affrontements virils. On notera notamment un face à face nocturne assez flippant entre le héros et des pillards. Autre particularité : le héros campé par un Van Heflin fatigué (miné par l'alcool, diront les mauvaises langues) mais toujours d'attaque lorsqu'il s'agit de courir après l'or. Loin d'être un as de la gâchette, c'est un personnage attachant (rare dans le western italien) qui, à force de revers, finit par devenir soupçonneux vis-à-vis de ses concitoyens. Au point de mentir à tous alors qu'il a bien trouvé le filon. Il faut bien avouer qu'il a subi quelques déconvenues : son associé qui veut le tuer, et une bande de brigands qui le dépouillent mais ne prennent pas l'or, le laissant au milieu de nulle part sans cheval.
Afin d'éviter ce genre de désagréments, il fait appel à son fils adoptif (George Hilton, veule et trouillard), mais même ce dernier lui réserve une surprise de taille en associant à leur entreprise un certain Brent (Klaus Kinski dans un rôle de composition de salaud, sadique et pédé comme un phoque). Le destin veut alors que Sam mette sa vie entre les mains d'une vieille connaissance qui veut l'abattre, en échange de cinquante pour cent de l'or et en sachant que l'homme ne laissera personne le tuer à sa place. Voilà donc quatre hommes associés, et dont la destinée est étroitement liée à la découverte de l'or et au comportement de chacun. Le métal précieux qui rend fou mais aussi solitaire, comme va l'apprendre Sam à ses dépends, qui se retrouve complètement seul une fois fortune faite.

 

 

Outre les quatre têtes d'affiche, on peut noter la présence de la délicieuse mais trop rare Sarah Ross ("Trahison à Stockholm") dans le rôle d'une prostituée au grand coeur qui semble éprouver une tendresse guère partagée pour Sam. Son personnage n'intervient malheureusement que dans la première partie du film, et ne ratez pas la scène de striptease à l'envers où l'actrice s'habille tout en discutant avec Sam. Il s'agit là d'un grand moment de sensualité et de naturel.
Le scénario à été écrit par deux auteurs : Augusto Caminito et Fernando di Leo. Ce dernier est une vieille connaissance. Scénariste et réalisateur, il débuta sa carrière en 1964, écrivant plusieurs westerns spaghetti (Navajo Joe, Massacre Time). Plus tard, devenu réalisateur, il se spécialisera dans le poliziotteschi. Son collègue Augusto Caminito est moins connu ; pourtant il fut producteur de Fulci (Murder Rock), Tinto Brass ("Paprika"), Abel Ferrara ("Le roi de New-York") et l'un des nombreux réalisateurs crédités sur "Nosferatu à Venise" avec Mario Caiano, Luigi Cozzi, Klaus Kinski et Maurizio Lucidi.
Pour l'anecdote, le directeur de la photo Sergio D'Offizi finira sa carrière sur des productions comme "Thunder 2", "Cobra Mission", "Les prédateurs du futur", "Light Blast" ou encore "Last Platoon". Il travaillera aussi sur plusieurs Margheriti ("L'ombre d'un tueur", "Indio", "Le renard de Brooklyn", "Les mille et une nuits érotiques"), mais le film le plus emblématique auquel il aura participé restera sûrement "Cannibal Holocaust".

 

 

En expurgeant son film du principal thème du western italien (la vengeance) et de ses débordements sadiques, Giorgo Capitani (dont ce sera le seul essai dans le genre) se concentre sur la quête de chaque individu (la famille, l'amour, l'amitié). Ainsi, les relations parfois ambigües entre les personnages sont prépondérantes dans l'évolution de l'histoire. Chacun recherche désespérément quelque chose que l'or pourrait leur offrir : un père pour Manolo, un compagnon pour Brent, une famille pour Sam et une raison de survivre à sa maladie pour Mason. Évidemment, aucun n'est conscient que l'or n'est qu'un prétexte et que tous leurs rêves sont déjà à leur portée. C'est un western à ce point atypique que l'on se demande s'il doit encore être considéré comme spaghetti tant il ressemble à certaines productions américaines. Même la musique de Rustichelli se différencie par une emphase qui nous ferait plutôt penser à un péplum, un genre que le musicien connaît bien pour avoir réalisé plusieurs bandes originales ("Les Titans", "Néfertiti, reine du Nil", "Hannibal", "L'enlèvement des Sabines", "Hercule contre Moloch", "Les géants de Rome"...). Porté aux nues par de nombreux aficionados du genre, le film de Capitani pourrait cependant rebuter quelques intégristes purs et durs du western italien, qui ne retrouveront pas les clichés et les défauts inhérents au genre (raccourcis hasardeux, flashbacks gratuits, sadisme...). Le film possède cependant suffisamment de qualités pour trouver son public, pas forcément accroc au colt.

 

 

The Omega Man

 

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