4 de l'Ave Maria, Les
Titre original: I Quattro dell'Ave Maria
Genre: Western spaghetti
Année: 1968
Pays d'origine: Italie
Réalisateur: Giuseppe Colizzi
Casting:
Terence Hill, Bud Spencer, Eli Wallach, Brock Peters...
 

Cat et Hutch (respectivement Hill et Spencer) sont deux vagabonds réussissant à mettre la main sur le magot d'un homme d'affaire crapuleux capable de les mettre à l'abri pour le restant de leurs jours. Mais l'homme ne compte pas rester les bras croisés : ne pouvant faire appel à la police, il s'arrange pour faire évader Cacopoulos (Wallach), son ami d'enfance qu'il avait trahi et presque fait envoyer à la potence. Il espérera le contrôler, mais évidemment, il n'en sera rien et Cacopolous assassinera son ex-ami. Il se mettra alors en route pour retrouver les deux autres traîtres qui l'avaient conduit en prison, mais avant, il se sera tout de même arrangé pour retrouver Cat et Hutch, leur dérober leur argent et l'utiliser n'importe comment. Les deux ne vont avoir de cesse de poursuivre Cacopoulos et de lui faire recracher tout l'argent qu'il leur a piqué.

 


Deuxième film de la trilogie Colizzi / Spencer / Hill, "Les 4 de l'Ave Maria" suit "Dieu pardonne, moi pas" et précède "La Colline aux bottes" (trouvable également sous le titre "Trinita va tout casser"). On y retrouve les personnages de Cat Stevens et Hutch Bessy, qui cette fois ci s'en vont littéralement marcher sur les pas d'Eli Wallach et de façon plus détournée sur ceux de Sergio Leone. Colizzi semble en effet avoir repris le schéma de base de "Le Bon, La Brute, Le Truand", en organisant un trio de personnage dont les traits de caractères ne laissent pas beaucoup de place au doute. Terence Hill s'apparente à Clint Eastwood dans son côté taciturne et radical, Bud Spencer incarne une brute très épaisse et Eli Wallach nous refait le même numéro de petit truand tour à tour grande gueule, sournois et pitoyable.
De ce point de départ, le réalisateur (qui fait également office de scénariste) va broder une histoire de chasse au trésor pourtant fort différente de la fresque de Leone, puisque son film se pose comme l'un des instigateurs de tous les westerns à tendance comique qui pulluleront avec plus ou moins de bonheur les années suivantes. Mais nous sommes encore loin de films tels que "La Brute, le Colt et le Karaté" ou même des futurs associations entre Hill et Spencer, et Colizzi ne cède que peu aux sirènes du rire gras, leur préférant en général une forme d'humour plus fine, moins axée sur les gags de situations que sur une ironie en forme de clin d'oeil aux spectateurs. Wallach est brillant dans son rôle, et, moins bridé par la présence de Hill et Spencer qu'il ne le fut par celle des sérieux Eastwood et Van Cleef, il peut se permettre de se moquer avec esprit de ses collègues, voire de tout le casting (il faut le voir en train d'endormir des gardiens de prisons en leur racontant l'histoire tragi-comique de son papy grec sur le mode "comptine"). C'est d'ailleurs ce qui fait la base même du film : la capacité du personnage à tromper intelligement son monde pour mieux faire une énorme boulette quelques minutes plus tard.

 

 

Dans l'affaire, on ne peut donc pas vraiment considérer que Hill et Spencer soient les vedettes : le premier reste donc dans la lignée d'Eastwood et de Franco Nero, et sans se départir de son charisme il n'intervient que très peu, préférant les actes et la ruse à la parole. Tout l'inverse de Bud Spencer, véritable chien fou aimant à foncer dans le tas au mépris de toutes les règles de sécurité et de bienséances. Ses prouesses l'entraîneront ainsi à entamer une bagarre avec une douzaine de personnes se foutant de sa gueule et à s'improviser combattant dans un match de boxe virant très vite à l'échange de baignes. Mais dans l'ensemble, notre sympathique Bud ne distribue que peu de baffes, se contentant de pester contre le personnage de Wallach sous l'oeil insondable de celui campé par Terence Hill. Pour peu, on pourrait le considérer au mieux comme un enfant casse cou et au pire comme un gros chien stupide. S'il passe indéniablement comme le subalterne de Terence Hill, il occupe en revanche un rôle bien moins discret que lui. Donc finalement, les deux se valent et se complètent très bien. Une bonne chose, puisque "Les 4 de l'Ave Maria" n'aurait pu compter sur son seul scénario pour faire passer les deux heures dix qu'il affiche au compteur.

Pour faire simple, disons que ce scénario se contente d'aligner les péripéties, avec des séquences de fuites, de retrouvailles et de projets bidons à un rythme très régulier. C'est l'occasion pour Colizzi de présenter et de détourner les figures imposés du genre : les duels, l'attaque d'une prison, le saloon (ou du moins l'ambiance festive) et le casino. Sa mise en scène est plutôt basique et plus les scènes de combats sont massives, plus le montage s'embrouille (l'assaut de la prison, difficilement compréhensible). Enfin après tout, tout cela ne servant que de support aux performances des acteurs principaux (comme le démontre également la musique, assez atypique), il serait injuste d'en tenir rigueur au cinéaste. D'autant plus que celui-ci se paye le luxe de conclure son film dans un casino dirigé par Kevin McCarthy, l'acteur fétiche de Joe Dante (après Dick Miller) et le héros du "Body Snatchers" de Don Siegel, que l'on est pas habitués à voir dans des westerns européens mais qui se révèle très convaincant dans la peau d'un pourri. Alors que le trio de héros sera devenu tardivement un quatuor (après l'arrivée d'un employé de cirque noir ne servant pas à grand chose si ce n'est à jouer les utilités et à prouver que nos hommes sont bien ouverts d'esprits que ne le sont les bons bourgeois), le film pourra donc entrer dans sa dernière ligne droite, meilleure séquence du film et réservant un duel à quatre contre quatre cette fois ci très soigné.

 

 

Il serait mentir que de dire que "Les 4 de l'Ave Maria" est un chef d'oeuvre. C'est juste un bon petit western, porté à la fois sur la comédie et sur l'action, employant des acteurs inspirés auxquels on s'attache facilement. Et puis c'est encore une fois l'occasion de suivre les vies mouvementées et libérées de quelques vagabonds du grand ouest.


Note : 6/10

 

Walter Paisley
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