Creation of the Humanoids, The
Genre: Science fiction , Anticipation , Post-apocalypse
Année: 1962
Pays d'origine: Etats-Unis
Réalisateur: Wesley Barry (Wesley E. Barry)
Casting:
Don Megowan, Don Doolittle, Erica Elliott, Frances McCann, George Milan...
 

Dans une société post-guerre atomique, 92% de l'espèce humaine a disparu à ce jour, victime des bombardements et des radiations Les rescapés, au taux de natalité inférieur à 1.4, se sont lancés dans l'automatisation robotique pour reconstruire les villes puis garder un niveau de vie relativement élevé.

 

 

Une des premières étapes fut le duplicateur de neurones magnétique intégré. Cent fois plus petit qu'une balle de golf, il reproduisait des parties du système nerveux humain et lançait les processus d'apprentissage. L'automatisation progressait aussi. Mais les robots étaient lourds et demandaient un développement avant de pouvoir assembler ces deux éléments dans la série...
Les améliorations furent toutefois rapides, et bientôt le prototype R-20 fut doté de tous les processus de pensée et de toutes les fonctions humaines. Mais les humains supportaient mal de travailler à côté de machines avec lesquelles ils devaient dialoguer et qui, dans la plupart des cas, auraient pu les dépasser. Hollister Evans perfectionna donc le R-21, le premier robot humanoïde. Après en avoir fabriqué en quantité industrielle, certains humains, avec mépris, les appelaient "Les Cliqueurs".

 

 

The Creation of the Humanoids a été réalisé par Wesley Barry, à la base ancien acteur ayant débuté sa carrière avant les années 20 pour la clôturer juste pendant la seconde guerre mondiale. Après quoi, l'homme s'est essayé comme assistant réalisateur avant de tourner une poignée de westerns qui n'ont pas fait dates. A l'écran, force est de constater qu'il s'agit d'une drôle de science-fiction d'anticipation. Celui-ci illustre le scénario original signé Jay Simms ("The Giant Gila Monster", "The Killer Shrews", "Panique année zéro", ...) dans lequel l'espèce humaine, ayant créé des robots pour se reconstruire, se retrouve devant une question insoluble : que se passerait-il si l'être humain parvenait à fabriquer des répliques de lui même, des automates très perfectionnés qu'on aurait doté d'un passé et de sentiments humains, pour se faire ensuite dépasser par ceux-ci qui, en retour, après avoir assimilé toute cette science, se mettraient à fabriquer des robots pour les substituer à l'être humain. Le but ultime étant ainsi de les aider à reconstruire cette civilisation perdue en une civilisation meilleure : en effet, nos humanoïdes pourraient bien se révéler de meilleurs représentants terrestres que l'humain lui-même.

 

 

En témoigne, du reste, une remarquable première scène, celle des présentations où notre héros, appartenant à une milice protectionniste ("l'ordre de la chair et le sang"), est bien décidé à ce que ces sous êtres restent à leur place prédestinée : de la pure main-d'oeuvre à leur service, et non pas des êtres évoluant librement dans cette société nouvelle. Ainsi, deux miliciens humains croisent deux "cliqueurs", les sommant de montrer leurs cartes leur permettant de circuler librement en ces lieux. L'un des cliqueurs leur montre des papiers douteux ; tandis que l'un d'eux est prêt à arrêter le cliqueur dont les papiers sont manifestement faux, le second, Craigus (Don Megowan) choisit l'option de les laisser partir. Supputant un complot d'une plus vaste ampleur, autant, selon lui, remonter la source et démanteler une organisation qu'il juge expansionniste et surtout néfaste pour l'avenir de l'homme.
En une scène et une poignée de minutes, tous les enjeux sont posés et le jeu de dupes ne fait que commencer. La suite ne sera que paranoïa croissante où, sans trop vouloir en dévoiler, l'androïde se révélera pacifiste dans l'âme, ayant intégré les défauts humains, tandis que l'un des humains, pourtant le premier à traquer ces humanoïdes qu'il considère de seconde zone (une sous-race ? une sous-classe sociale ? Les questions restent posées), aura la stupeur d'apprendre plus tard qu'il est lui-même un humanoïde de la dernière génération, celle la plus développée, celle à qui un passé et des sentiments ont été légués, effaçant sa véritable conscience.
A prendre l'oeuvre comme une allégorie, le film se fait alors le miroir social misanthrope de sociétés dans lesquelles l'homme mène finalement un incessant combat contre lui-même.

 

 

The Creation of the Humanoids emprunte avant l'heure, et à l'instar des romans S.F. de Philipp K. Dick, une voie proche du Cyberpunk à venir. Le faux y régit le monde tandis que ce que nous percevons comme étant le vrai doit être démasqué, le tout dans des récits schizophrènes dont la paranoïa se fait de plus en plus croissante jusqu'à la perte d'identité.
Difficile, à regarder le film de Wesley E. Barry, de ne pas penser à d'autres films à venir, les thèmes se banalisant quelque peu et forcément le temps passant. On peut donc citer en vrac et pour exemples Les femmes de Stepford, "Blade Runner", "Screamers" ou même encore la série suédoise "Äkta människor" (Real Humans) commencée en 2012.
Il n'en demeure pas moins que si The Creation of the Humanoids est probablement redevable aux récits de K. Dick, il semble surtout reprendre avec intelligence une ancestrale pièce de théâtre tchèque, "RUR" (Rosumovi Univerzální Roboti) signée Karel Capek en 1921. Pour rappel, dans celle-ci non seulement le mot robot fut pionnier mais il revêtait un sens relativement différent de celui qu'on lui donne à ce jour : loin d'être des boîtes de conserves remplies de données, nos robots étaient alors plus proches de clones, pouvant à la fois être confondus avec les humains tout en étant dotés d'une autonomie de pensée. Un thème que Karel Capek déclinera lui-même en 1936 dans son roman "Guerre des salamandres" au sein duquel les robots faisaient partie de la classe des serviteurs dans une société humaine, ce, jusqu'à ce qu'une guerre pour la suprématie éclate.
Au-delà de ses influences et emprunts, The Creation of the Humanoids est un film précurseur, en avance sur son temps, sans compter l'audace de sa forme pour charrier des thèmes en apparence abyssaux.

Une forme pour le moins surprenante puisque The Creation of the Humanoids adopte, sans doute à cause de son budget très restreint, la structure d'une pièce de théâtre proche de la fable philosophique.
Le récit malicieux s'y prêtant, le spectacle consiste à planter une petite dizaine de décors (somptueux, soit dit en passant) et de faire évoluer l'action uniquement grâce aux dialogues.

 

 

Loin d'être rédhibitoire, le résultat est fascinant. Les dialogues sont d'une subtilité rare, chaque phrase répond à une autre avec une logique implacable, contrant chaque fois la précédente, et parvenant même à instiller un véritable suspense surgissant de derrière les mots.
Les effets spéciaux sont simples mais efficaces tout comme les maquillages (les humanoïdes première génération sont dotés des mêmes lentilles de contact que l'alien expansionniste du film de Nathan Juran, "The Brain from Planet Arous"). Quant à la musique, réduite à une portion congrue, elle reprend le principe des sons dissonants de "Planète interdite", achevant de conférer au film un aspect minéral en totale adéquation avec son sujet.

Bien servi par ses acteurs, The Creation of the Humanoids n'est ni plus ni moins la preuve en images qu'il est possible, avec peu de moyens, de réaliser une oeuvre de science-fiction passionnante.


Mallox

 

 

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