Créature du diable
Titre original: Dead Men Walk
Genre: Horreur , Vampirisme
Année: 1943
Pays d'origine: Etats-Unis
Réalisateur: Sam Newfield
Casting:
George Zucco, Mary Carlisle, Dwight Frye, Nedrick Young, Sam Flint...
Aka: Il vampiro (Italie) / Mördaren kom om natten (Suède)
 

Le docteur Elwyn Clayton vient de mourir. Pas de n'importe quelle manière, il aurait été poussé du haut d'une falaise par Lloyd, son propre frère, qui lui aussi pratique la médecine ! Mais pas pour n'importe quelle raison non plus : c'est après une lutte entre les deux hommes que celui-ci fit une chute mortelle. En effet, tandis que Lloyd pratique la médecine traditionnelle, Elwyn quant à lui s'adonnait à une médecine plus diabolique, après avoir étudié les sciences occultes et la sorcellerie, faisant de la résurrection son but ultime.
Une nuit, Zolarr, l'ex-futur serviteur d'Elwyn, sort le cercueil contenant son maître... Un cercueil qui ne tarde pas à s'ouvrir et duquel sort le frère profane, revenu semble-t-il d'entre les morts. C'est alors que Lloyd voit Elwyn apparaître, après que celui-ci ait traversé, à demi-invisible, la fenêtre donnant sur la chambre de Gayle, sa nièce, lui annonçant alors de façon télépathique qu'il va se venger et que, pour ce faire, il prendra petit à petit la vie de la jeune femme jusqu'à son dernier souffle...

 

 

Créature du diable alias Dead Men Walk n'est pas à proprement parler un incunable puisqu'il fait partie depuis belle lurette du domaine public. Cela en fait-il pour autant un mauvais film comme sa moyenne de cancre sur imdb le laisse supposer ? Que nenni ! Il s'agit d'une toute petite production à bas-coût, avec tout ce que cela laisse supposer de contraintes et d'empêchements mais qui n'est pas, loin s'en faut, dépourvue d'un certain charme, voire d'un charme certain, pour rester dans le domaine de l'envoûtement, ici présent dans la bobine.

On le doit aux frères Samuel et Sigmund Neufeld, tous deux fondateurs d'une des firmes les moins prestigieuses de l'époque : la PRC (Producers Releasing Corporation) qui sévit alors, souvent pour le pire hélas mais parfois aussi pour du bon, durant quelques années seulement, soit entre 1939 et 1946. A leur actif, toute une série de petites bandes aujourd'hui régulièrement oubliées dont on n'en citera que quelques titres (le net n'étant pas fait uniquement pour les zombies) : "The Devil Bat", "The Mad Monster", "The Monster Maker" et d'autres encore dans le genre exploitation des succès de la prestigieuse Universal et autres grosses firmes. Ailleurs, tous les genres furent exploités. Ainsi, les aventures de jungle telles que "Jungle Man", "Nabonga", les mélodrames, les films de guerre ou d'efforts de guerre... On ne va pas tous les citer non plus, notons simplement en supplément que cette petite maison de production fit également travailler des réalisateurs talentueux et qui seront reconnus plus tard. C'est le cas, pour les plus probants, de Douglas Sirk ("Hitler's Madman" avec John Carradine) ou de Edgar G. Ulmer avec Barbe Bleue, Strange Illusion et Détour.

 

 

Ici, c'est bien entendu - encore qu'à lire l'histoire, l'on pourrait se tromper - à une pure mosaïque digne de pilleurs à la petite semaine à laquelle on assiste : soyez prévenus, pas de zombies à l'écran ! On ne se demande même pas, à lire le titre original et l'allusion à la promenade d'un mort vivant, puis à voir le film, à quel duo de pickpockets on a affaire. Pas d'état d'âme particulier non plus... On prend tout, à la volée, on le malaxe dans un petit studio fait de trois décors tout au plus, et l'on l'on rend sa copie (au sens propre comme au sens... malpropre) qui mixe, en 64 minutes au compteur Geiger, une bonne grosse poignée de mythes et de bobines ayant fait les succès que l'on sait quelques années avant.
Ainsi, outre Bram Stocker et le "Dracula" de Tod Browning (déjà volés dans "The Devil Bat"), on se retrouve en sus ici avec une pincée de "Dr. Jekyll and Mr. Hyde" (l'acteur George Zucco y interprète le double rôle des frères "ennemis" jumeaux), un peu de poudre de "Frankenstein" (les villageois se réunissent pour lyncher le pseudo-meurtrier jugé comme monstrueux, ce dans une ambiance très théâtrale au sein de laquelle on entendrait presque craquer les planches), ainsi que dans l'ambiance du film de zombie (on pense énormément à White Zombie et surtout à "The Walking Dead" de Michael Curtiz) et enfin aux films de malédiction, que ce soit par l'intermédiaire de momies ou non (la version de Karl Freund et ses déclinaisons plus contemporaines alors : "La tombe de la momie" ou "Le fantôme de la momie"...)

 

 

Alors, me direz-vous, qu'y-a-t-il dans ce cas d'original dans ce best of Universal & MGM réunis ? La réponse coule de source (de feu) : que dalle ! Mais c'est justement parce que l'on est en terroir connu que Créature du diable fonctionne puis déambule devant vos yeux telle une créature recousue à partir de morceaux épars. Les dialogues, assez crétins mais allant à l'essentiel, y sont réduits à une portion congrue, tandis que certains acteurs s'y montrent exécrables, comme sortis du pire mélodrame (genre récupéré lui aussi par la PRC - pour son malheur sera-t-on tenté de dire au vu des échecs commerciaux successifs). Mention spéciale à Nedrick Young, jeune beau-fils des deux docteurs et aspirant niais à la médecine lui aussi ; un acteur dont l'une des principales particularités est, a contrario des autres, d'avoir débuté sa carrière sous son vrai nom pour la finir sous pseudonyme (Ned Young - rien à voir avec l'excellent musicien) quand il fut crédité, ce avec le très bon Seconds - L'opération diabolique de John Frankenheimer. Young est talonné (pieds nus) de très près par l'abominable Mary Carlisle (qui ne quitte pas son lit, ou si peu, qu'on finit par la confondre avec un édredon), dont ce fut le dernier rôle au cinéma après treize années d'une carrière faite de cuillerées à soupe sirupeuses. Reste que George Zucco (qui campa donc les docteurs dans un film sur deux d'une pourtant riche filmographie - pas loin de cent films !) ne s'en sort pas trop mal, mais il se fait voler la vedette par Dwight Frye (un habitué du genre : "Dracula", "Frankenstein" et ses moult suites, "The Vampire Bat" ...) en Zolarr, qui n'a ici qu'à se promener dans la brume entre deux tombes pour faire belle et forte impression. Rien que pour cet immense acteur, qui travailla même pour Fritz Lang, Dead Men Walk mérite à l'occasion son petit coup d'oeil.

 

 

Mallox

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