Mort ou vif... de préférence mort
Titre original: Vivi o preferibilmente morti
Genre: Western spaghetti , Comédie
Année: 1969
Pays d'origine: Italie / Espagne
Réalisateur: Duccio Tessari
Casting:
Giuliano Gemma, Nino Benvenuti, Antonio Casas, Sydne Rome, Chris Huerta, George Rigaud, Julio Peña...
Aka: La chevauchée vers l'ouest / Morts ou vifs mais de préférence morts / Gentleman Cow Boy / Sundance and the Kid (USA)
 

Afin de toucher l’héritage de son oncle, Monty (Giuliano Gemma), joueur et flambeur, doit vivre pendant six mois avec son frère Ted, un fermier bougon et solitaire. Peu enclin à vivre l’aventure de l’ouest, mais poussé par l’impatience de ses créanciers, Monty part rejoindre la ferme de Ted. Alors que tout sépare les deux frères, ils vont devoir apprendre à se connaître, et faire équipe pour affronter une bande de pillards...

 

 

On connaît bien Duccio Tessari : artisan qui, à l'instar de ses confrères, se fondit dans les genres en vogue avec plus ou moins de bonheur. Il n'en demeure pas moins, avec 37 films au compteur en tant que réalisateur et ses travaux d'écritures pour d'autres metteurs en scène, une particule non négligeable du cinéma d'exploitation. Son premier, "Les Titans", était une réussite, un péplum dynamique et bondissant ayant la particularité de mixer aventures et humour dans un tout très homogène, voire même revigorant. La suite de sa carrière sera plus inégale, même s'il assoira peu après sa réputation avec deux petits classiques du western spaghetti : "Un pistolet pour Ringo" et sa suite, encore plus réussie, "Le retour de Ringo". C'est durant les années 60 que celui-ci livre son meilleur travail, ce dernier ne semblant plus toujours trouver ensuite les ingrédients pour concocter des spectacles alertes, distrayants. Ainsi ses œuvres plus sérieuses des années 70 et 80 ne retrouveront jamais la rigueur et la nervosité de "Le bâtard" dans lequel, en 1968, Giuliano Gemma côtoyait Klaus Kinski et Rita Hayworth. On peut citer en vrac La Mort remonte à hier soir, Un papillon aux ailes ensanglantées, L'homme sans mémoire ou même encore le mollasson "Les Durs" comme exemples typiques d'un cinéma toujours inégal, un brin anémique. Ses films ne retrouveront pas non plus la verve des "Titans", ni même le timing serré de ses "Ringo" ; ainsi son "¡Viva la muerte... tua!" décevra également. Restent un "Big Guns" de plutôt bon aloi ainsi qu'un "Zorro" assez correct, bien que mal reçu lui aussi par les critiques de l'époque. Tessari retrouvera ensuite un registre plus familial aux côtés de Giuliano Gemma avec "Safari Express" puis, dans les années 80, un assez piètre "Tex et le seigneur des abysses"...

 

 

Quant à celui qui nous préoccupe, s'il sort ces jours-ci chez l'éditeur Artus Films sous le titre de Mort ou vif... de préférence mort, traduction littérale du titre original, il connut une sortie sur le territoire français sous le titre La chevauchée vers l'ouest. Réalisé à la fin des années 60, on peut donc le classer dans sa période considérée comme étant la plus faste par l'auteur de ses modestes lignes.

Inégal, se ratant par moments, La chevauchée vers l'ouest demeure pourtant un spectacle sympathique en plus d'être, à sa manière, une œuvre précurseur, distillant une bonne dose d'humour, de burlesque et même de slapstick, dans un genre jusque là davantage porté sur le sadisme et l'ironie. A la même période et avant "Trinita", n'en déplaise à ceux qui voudraient voir ici une pure capitalisation du succès d'Enzo Barboni, sortait également "Ciel de plomb" de Giulio Petroni avec toujours Giuliano Gemma, deux films qui, au sein du western spaghetti, devançaient bien des mélanges à venir. Finalement, à bien y regarder, Vivi o preferibilmente morti tente de reprendre la recette, faite d'humour de bande-dessinée, des "Titans", et de l'appliquer à un autre genre.

 

 

Pour ce faire et porter à l'écran ce projet de plusieurs années, Tessari avait porté son choix depuis longtemps sur le tandem Gemma/Benvenuti, deux hommes se connaissant depuis belle lurette et amis à la ville. Tessari trouvait que les deux amis se ressemblaient tant qu'il lui fallait trouver une histoire dans laquelle ils seraient frères. C'est donc chose faite avec ce western burlesque qui connut un assez bon succès public tandis qu'il fut boudé par la critique, notamment à cause du jeu très controversé de Nino Benvenuti. L'homme était alors champion du monde de boxe des poids moyens, sa renommée n'était plus à faire ; clair qu'associer les deux noms au générique aurait pu s'avérer une idée fructueuse, tant au niveau pécuniaire que de l'imagination. Le résultat s'avéra plus mitigé...

 

 

Pourtant, il n'y aucun procès à faire à Nino Benvenuti qui forme un tandem très homogène avec son comparse Giuliano Gemma. Certes, celui-ci est pourvu d'un faciès assez peu expressif et tenant a priori de la brute épaisse, mais c'est ce qui fait qu'ici, l'association fonctionne. A fortiori aussi parce que les deux personnages qui nous sont présentés n'ont rien de héros et revêtent le plus souvent des allures de "Deux nigauds dans l'Ouest". Le ton est léger, proche de la bande-dessinée, les péripéties et les gags s'enchaînent à vive allure sur une musique de Gianni Ferrio soulignant ces tonalités avec à-propos et entrain. Il en va de même pour les seconds plans, aussi bien l'incontournable George Rigaud que les très à l'aise Antonio Casas (le troisième larron du film) et Chris Huerta (excellent en méchant de carnaval). On rajoutera, pour "les formes", la jeune Sydne Rome dont c'est quasiment le premier rôle au cinéma ; on venait juste de l'apercevoir la même année dans Some Girls Do (Dieu pardonne, elles jamais !) ici chroniqué.

Non, ce qui tout compte fait nivelle parfois vers le bas cette Chevauchée vers l'ouest, c'est son côté mécanique : la volonté de reprendre des ingrédients des "Titans" (en gros, dévier le western vers le comique comme il l'avait fait avec le péplum) confère à la bobine une certaine lourdeur. Du coup, certaines situations sont drôles : Gemma tirant sur la lampe à pétrole alors qu'ils sont tous deux embusqués et mettant ainsi le feu à la petite maison qui les protégeait, Benvenuti se tirant au grand galop pour se prendre deux secondes plus tard une coriace branche d'arbre en pleine poire ... D'autres, en revanche, pourront paraître plus lourdes. S'il y a une scène que l'on retient après-coup, c'est celle de la salle de bain "savonneuse", se voulant clou du spectacle, en faisant de trop, mais finissant par fonctionner grâce à une ultime couche finale où nos deux zéros, déjà las de devoir payer les dégâts, passent alors à travers le plancher. Entre-temps, le comique à tendance slapstick s'étire parfois lourdement et inutilement, ne trouvant pas toujours la grâce nécessaire pour que le rire tienne de l'évidence. On dira pour résumer que "les plus courtes sont les meilleures", et l'on citera encore avant de conclure une scène également un peu pataude : une interminable baston dans un train dont l'un des wagons finit par être intégralement mis à nu...

 

 

Bref, dans Mort ou vif... de préférence mort, un coup ça passe, un coup ce n'est pas loin de casser. Ceci étant, l'ensemble, tout inégal qu'il soit, est tout de même globalement assez plaisant et à rebours, la mauvaise réputation du film semble excessive.

 

Mallox



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