Maître des Illusions, Le
Titre original: Lord of Illusions
Genre: Horreur , Fantastique
Année: 1995
Pays d'origine: Etats-Unis
Réalisateur: Clive Barker
Casting:
Famke Janssen, Scott Bakula, Kevin J. O'Connor, Daniel Von Bargen, Susan Traylor, Ashley Cafagna-Tesoro, Michael Angelo Stuno...
 

Clive Barker fait tout. Ecrivain, producteur, scénariste, acteur... Malheureusement, en temps que réalisateur, il est quelqu'un de rare. Deux courts-métrages assez peu diffusés (Salomé en 1973 et The Forbidden en 1978), Hellraiser en 1987, Cabal en 1990, ce Maître des Illusions en 1995 et un très attendu Tortured Souls : Animae Damnatae repoussé sans cesse... Barker est rare mais quand il frappe, il ne fait pas dans la demi-mesure.
Son Hellraiser s'imposait directement comme une oeuvre maîtresse du gore adulte, sans concession à l'humour. Sado-masochiste. Cabal, moins agressif, est pourtant tout aussi original, avec son intrigue complexe et sa galerie de monstres typiquement barkerienne. Bref, Barker est un réalisateur rare mais talentueux. C'est pour cela que chacun de ses films est particulièrement attendu.

 

 

Le Maître des Illusions tape dans la même catégorie que les deux films précédents : adulte, mais tout en se démarquant au niveau du genre abordé. Certains prétendent même que des trois long-métrages, c'est son plus abouti. Un petit chef d'oeuvre.
Le film, tiré d'une histoire d'un des Livres de Sang de Barker, nous raconte l'histoire d'Harry D'Amour (Bakula), un détective privé spécialisé dans l'occulte qui est amené à enquêter sur une mystérieuse secte aux objectifs un peu louches (dévastation, chaos, tout ça), qui fut autrefois vaincue par un certain Swan, aujourd'hui magicien de renom. La secte semble sur le point de ressusciter, à l'image de son leader, Nix, qui fut jadis enterré et enfermé dans un carcan par Swan.

Bon, première chose notable : le film s'inspire de l'époque du film noir hollywoodien. Un privé solitaire, forcé de trouver d'une part ce pour quoi la femme de Swan l'a chargé (qui équivaut à une enquête sur la secte) et d'autre part de se méfier de ses propres clients, qui prennent eux-mêmes des allures de suspects. On a donc une base de polar pour ce film fantastique. Car c'est bien un film fantastique, à tendance horrifique. Passons vite fait sur les quelques débordements gores (les mutilations chères à Barker principalement, même si on atteint pas le niveau de Hellraiser) et intéressons-nous au mélange de cette horreur et du style polar.

 

 

Barker situe son action dans le sud des Etats-Unis, dans un endroit désertique. Alors que le privé est à la base originaire de New York. En quittant sa grande ville pourrie (et pas pourrie par le meurtre mais par les forces démoniaques... n'oublions pas que c'est un privé spécialisé dans l'occulte), d'Amour croit prendre des vacances à la campagne. Pourtant, il sera dépassé par ce qu'il va devoir affronter. Le chaos grandissant, surgissant d'une maison paumée au milieu du désert, et provoquée par une horde de fanatiques totalement manipulés par Nix, dont l'esprit et les mots continuent à assurer la présence.
La base polar classique est respectée, mais très vite dépassée par un surgissement du surnaturel qui fait que la menace est encore bien pire qu'une menace de type criminelle simple. L'enquête menée par le privé tourne rapidement au cauchemar. Surtout que ceux qui emploient d'Amour semblent également cacher leur jeu. Bref le détective est paumé au milieu de quelque chose dont l'ampleur le dépasse. Il est étouffé. Le climat général du film, lourd, et même suffocant vers la fin, contribue également à cet état de fait. La magie, qu'elle soit blanche (par Swan), ou noire (par Nix et ses adeptes) contribue aussi à modifier la réalité. A tel point que d'Amour ne peut plus trop savoir où il en est. Il est manipulé, et le spectateur progresse également au même rythme, ce qui a pour conséquence de susciter un intérêt et une implication permanents.

 

 

Bref le Maître des Illusions est un film très réussi, au-delà même de la présence de Famke Janssen (car évidemment un film avec elle est toujours digne d'intérêt). Un subtil mélange des genres, permanent, sans compartimenter le film par des scènes balançant trop d'un côté ou de l'autre. Un modèle de réalisation, un film d'horreur encore une fois adulte, sans humour. Un peu comparable au Angel Heart d'Alan Parker, finalement.

 

Note : 7/10

 

Walter Paisley
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