Marqué par le diable
Titre original: The Orphan
Genre: Horreur , Drame
Année: 1968
Pays d'origine: Etats-Unis
Réalisateur: John Ballard
Casting:
Mark Owens, Peggy Feury, Joanna Miles, Stanley Church, Afolabi Ajayi, David Foreman, Eleanor Stewart...
 

Amérique du Nord, début des années 30. Le jeune David De Ropp (Mark Owens), nouvellement orphelin, est un garçon déjà fort tourmenté pour son jeune âge, traumatisé par le brusque décès de son père, tué des mains de sa propre mère qui lui ayant accidentellement tiré dessus à bout portant retourne l'arme contre elle et se donne la mort. Confié à sa détestable tante Martha (Peggy Feury) qui, pour l'occasion s'installe dans l'imposante propriété victorienne des De Ropp, David vit dans le souvenir de son père, explorateur de renom qu'il admirait par-dessus tout. Au fond du parc de l'immense demeure, il se façonne une planque secrète, à l'intérieur d'une grange désaffectée. Là, il érige un autel où il vient se prosterner chaque jour, surmonté d'une drôle d'idole : un chimpanzé empaillé baptisé Charlie, que son père lui avait ramené de retour de l'un de ses voyages sur le continent africain. Outre Charlie, David entretient une forte amitié avec le Dr. Thompson (Stanley Church), Akin, le jardinier noir (Afolabi Ajayi), tous deux amis de son défunt géniteur et Mary (Eleanor Stewart), la servante de la maison. En revanche, la co-habitation avec la tante Martha n'est guère idyllique, la vieille femme autoritaire ne se gênant pas pour critiquer ouvertement et en sa présence feu son père, chose que David ne peut tolérer. Replié sur lui-même, l'enfant, de surcroît, est assailli de plus en plus fréquemment par de violentes migraines, entraînant des visions cauchemardesques. Les évènements basculent de manière définitive dans l'horreur lorsqu'un jour, le corps de Mary est retrouvé atrocement mutilé dans la buanderie du manoir.

 


Marqué par le diable ou Friday the 13th : the orphan pour reprendre le titre original (rien à voir avec la licence rentable de la Paramount introduisant le gros Jason cela étant) n'est pas un film facile à apprivoiser. Dans un premier temps, il faut savoir passer outre la version française calamiteuse, salopée par l'éditeur vidéo Carrere, qui a cru bon d'intégrer sans autorisation à certains moments clés du film une musique d'ambiance technoïde à la "Jarre Jr.", terriblement inappropriée et tapant rapidos sur le système. Quant au doublage, il est juste désastreux, sonne faux, et pire, donne envie d'étriper en particulier le pauvre David, semble-t-il doublé par une femme, ne rechignant jamais par ailleurs à en livrer des méga-caisses. Quand David rit par exemple, ce sont des gloussements d'attardés qui s'échappent. Bêtement, lors d'un premier visionnage, l'agacement l'avait emporté, entraînant la victoire du son sur l'image, ce qui m'avait copieusement fait détester cette malheureuse bande. Un effort important de concentration est donc ici requis.

 

 

Une fois abstraction effectuée de cette bouillie sonore, il est concevable de lui déceler pas mal de qualité à ce petit film, en fonction du seuil de tolérance de chacun bien sur. S'agissant d'horreur psychologique, quelque part entre le conte ténébreux pour enfant perverti de Lemora de Richard Blackburn et le fantasmagrotesque dépressif de "Les 13 marches de l'angoisse" / "The attic" (où il est déjà question d'une histoire de chimpanzé) de George Edwards, il me parait important de prendre également en compte le rythme de l'ensemble, que certains qualifieront péjorativement de "lent". Mais c'est pour mieux te surprendre, mon enfant. Ainsi, comme dans la plupart de ses oeuvres à fort relent psychanalitique, c'est l'ambiance qui prime avant tout, entre rêve éveillé et triste réalité, caractérisés par les délires auxquels David est assujetti. Notamment un cauchemar dans lequel il s'imagine pensionnaire d'un orphelinat délabré où l'on tranche la langue des enfants trop bavards. Une vision infernale qui n'est pas sans évoquer l'univers parallèle en perpétuelle décomposition de la série vidéo-ludique des Silent Hill.

 

 

Mais la séquence qui se détache très nettement du lot reste le meurtre étonnamment graphique de Mary la servante, poignardée sauvagement à terre par une main gantée. Le sang coule abondamment dans une scène giallesque en diable. Car assassin il y a. S'agit-il de David, atteint de schizophrénie engendrée par ses troubles psychiques ? La fin ouverte, difficilement interprétable, le laisse pourtant supposer. L'énigmatique John Ballard, avec cette unique réalisation essentiellement tournée en...1968 (!!?) s'est rendu responsable d'une oeuvre inhabituelle, dense, hélas parfois confuse, vraisemblablement inspirée en partie de sa propre enfance. La mise en scène est appliquée, aux quelques envolées quasi-expérimentales lorsqu'il s'agit de dépeindre la psyché enfiévrée de David.


Dans la peau du jeune garçon, il faut d'ailleurs souligner l'interprétation remarquable de Mark Owens, quoiqu'excessivement chargée de temps à autre, impression renforcée dans la VF. A ses côtés, peu de visages familiers à dénombrer, exception faite de Peggy Feury et la présence de Joanna Miles (New-York ne répond plus, "Les insectes de feu") dans le rôle de sa mère. Tourné à 80 pourcent en 1968, le film ne dépassera pas le stade de la post-production de nombreuses années durant. Au fil du temps, Ballard, sous la pression de producteurs aux mains grasses, intègre de nouvelles séquences à son bébé, notamment les plans parmi les plus sanglants lors du meurtre de Mary conçus quant à eux début 70. Mais il faudra attendre 1977 pour découvrir le montage définitif. Le film parait en vidéo courant 80 outre-Atlantique, allégé pour l'occasion d'une vingtaine de minutes. Par chez nous, le résultat est encore plus catastrophique : 74 minutes au compteur contre 80 aux USA, sans compter les crasses relevées plus haut. Prière donc de s'armer de courage au cas où vous dénicheriez la vhs, Marqué par le diable peut en valoir la chandelle, d'autant plus qu'il ne faut pas trop escompter une sortie dvd. Enfin pour une analyse archi-complète du film, se tourner vers l'ouvrage indispensable de Stephen Thrower : "Nightmare USA".

 

 

Throma
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