Meurtres au crayon
Titre original: De Potloodmoorden
Genre: Thriller
Année: 1982
Pays d'origine: Belgique
Réalisateur: Guy Lee This
Casting:
Leslie De Gruyter, Christian Baggen, Rosemarie Bergmans, Bert André, Souleye Dramé, Francis Appariccio...
 

Un maniaque terrorise une ville belge en assassinant des femmes, sa technique est toujours la même : il leur plante un crayon dans le nez. Flanqué d'un photographe à la manque qui a perdu sa femme et son fils dans un terrible accident de voiture, l'inspecteur Rick va essayer de trouver le meurtrier.

 


Si je vous dis qu'à côté de Guy Lee This, Bruno Mattei est un authentique génie du 7ème art vous me croyez ? Non ? Attendez de lire ce qui suit. Sous le prétexte de réaliser un giallo belge, Guy Lee This a en fait réalisé le nanar ultime, la pièce maîtresse de la déraison cinématographique. Le film ayant été tourné en neerlandais, on peut alors penser que ce sont les doubleurs français qui ont salopé le travail. Mais tout compte fait non, on ne peut pas accorder le bénéfice du doute à Guy Lee This, son "oeuvre" est impardonnable. L'image est terne, les acteurs sont cons, une musique sirupeuse intervient à tout bout de champ pour créer un semblant d'émotion, mais le pompon revient au propos du film, et surtout à ses dialogues.
Dans "Meurtres au crayon", une femme à moitié à poil téléphone à son mec et lui dit des cochonneries alors que son gosse de huit ans est en face d'elle en train de se décrotter le nez... avec un crayon. Un suspect se ronge les ongles et traite l'inspecteur Rick de saloperie, ce qui pousse ce dernier à le virer de son bureau sans même l'interroger. Il en fait rentrer un autre, qui lui se cure le nez ostensiblement et prétexte qu'il a des droits, ce à quoi notre inspecteur lui répond qu'il se croit aux USA, que "les meurtriers n'ont qu'un droit : celui d'avouer" avant de le traiter d'enfoiré. Lorsque le photographe raconte la mort de sa femme et de son fils au flic, morts brûlés vifs dans un accident de voiture, la caméra nous montre une photo hilarante d'un chiard qui fait une tronche pas possible. Le chef de la police traite ses hommes de débiles mentaux et les noirs de "mal blanchis".

 

 

Car "Meurtres au crayon" est aussi d'un racisme insupportable contre les noirs, les blagues et propos racistes sont légion ; on n'a jamais vu ça nulle part ailleurs ! Même dans "Skinheads" de Greydon Clark . Quelques exemples ? Pas de problème : lorsque l'inspecteur Rick (qui ferait passer Rick Hunter pour l'inspecteur Harry) apprend que sa femme enceinte a un amant noir sa réaction est la suivante "mais c'est un nègre, tout le monde va savoir que le bébé n'est pas de moi, on va se fiche de moi". Effet garanti. Car c'est justement un noir le suspect principal, et lorsqu'il s'échappe (après s'être fait quand même flinguer à vue par notre inspecteur de pacotille) les radios de la police diffusent des messages incitant à arrêter, je cite "tout ce qui ressemble à un noir". On surprend même un képi sortir "j'ai deux cafés au lait, je les arrête quand même ?" Et je vous laisse le soin de découvrir d'autres morceaux de choix, du même acabit, notamment les relations entre le flic et le photographe, proprement ridicules.
Pour cela il vous faudra trouver une édition vidéo, car l'éditeur qui osera sortir en France un dvd de ça, il est pas né... Quant à la révélation finale, très giallesque, elle est du même ressort que le film : glauque. En gros une histoire obsessionnelle de haine des femmes, qui seraient toutes nymphos et irresponsables.

 

 

Quand ils ne sont pas hors caméra ou derrière des rideaux, les crimes auxquels on assiste ne sont pas sanglants pour un sou, à part peut-être un, qui a lieu dans une baignoire. "Meurtres au crayon" est un objet unique, seul exemple de giallo belge à notre connaissance ; il est aussi la preuve d'un racisme à l'écran impensable aujourd'hui. Mais surtout il permet de passer une heure et quart à pleurer de rire devant ce qui demeure une véritable aberration. Cette oeuvre de Guy Lee This - dont c'est quasiment le seul film - constitue un must, celui d'un certain cinéma bis, totalement dégénéré. Je précise que j'ai vu le film seul et sobre. Imaginez l'effet dans une salle de cinéma ou en prime time à la télé le dimanche soir, "Meurtres au crayon" est assurément le film à montrer à votre belle mère de gauche ou à vos amis antillais. On peut aussi s'amuser pendant le métrage à essayer de découvrir le tueur, mais je suis sûr que vous l'avez déjà trouvé !

 

Xawa
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