Porno réalisé en 1975, pendant "l'âge d'or" du genre (avant que la censure intervienne à la fin de cette même année), Le Sexe qui Parle est l'un des X français les plus connus.
Joëlle est mariée à Eric, un architecte sympathique, mais qui a tendance à délaisser sa femme depuis quelque temps (l'usure du couple : éternel problème auquel nul n'échappe). Joëlle, pourtant, dirige une entreprise de publicité et n'est donc pas inactive. Mais voilà que sa libido, plutôt en berne depuis quelques mois, se met à se réveiller soudainement, brutalement, même, puisqu'elle en vient jusqu'à prodiguer une fellation à l'un de ses employés de manière impromptue, dans son bureau. Après quoi, elle se demande ce qui lui est passé par la tête. Serait-elle possédée ? Elle ne tarde pas à avoir l'explication de ce comportement. Après avoir fait l'amour avec Eric, sans avoir pris son pied, Joëlle s'aperçoit avec horreur que son sexe se met à parler ! Et à parler fort, avec une voix nasillarde, en proférant toutes sortes d'insanités.

Lors d'une soirée entre amis, Joëlle, tranquillement assise sur un sofa à côté d'une copine, paraît complètement détachée de la conversation, absente. Et elle commence alors à se masturber, tranquillement, devant tout le monde, ce qui n'est pas sans provoquer quelques réactions. Eric et Joëlle s'engueulent, cela va de soi. Le lendemain, l'état de la jeune femme ne s'améliore pas. Sous l'emprise de son sexe, ce dernier lui ordonne de se rendre dans un cinéma porno. Là, elle va se donner à deux hommes qui n'en demandaient pas tant. Eric tente le tout pour le tout en amenant à la maison une amie à lui qui est psychiatre. La soirée va finir en jeux sexuels, sans que Joëlle ne guérisse pour autant. Le sexe commande, et a le dernier mot.
Le couple décide alors de quitter Paris pour prendre l'air (et un peu de recul) à la campagne. Mais c'est sans compter sur la psy qui a décidé de se faire un peu de publicité en vendant la mèche en public. Désormais, tout le monde est au courant du "sexe qui parle". Un journaliste particulièrement zélé va tout mettre en branle (l'expression s'imposait) pour retrouver Joëlle afin d'obtenir le scoop de l'année. Et il va y parvenir, la faute à Tante Barbara (Sylvia Bourdon égale à elle-même), une artiste peintre qui présente la particularité de coucher avec tous ses modèles, et qui n'est pas insensible à l'appât du gain...

La question que l'on peut se poser est de savoir si Le Sexe qui Parle compte parmi les chefs d'oeuvre du genre ? Couronné au Festival du film porno à Paris, en août 1975 (ce sera la première et dernière édition), c'est un film qui possède de toute évidence bien des qualités, mais dont le statut de film cul(te) est peut-être usurpé. Il présente l'avantage d'éviter deux écueils que l'on retrouve régulièrement dans le porno (surtout à partir du milieu des années 80) : la vulgarité et la banalité. "Le Sexe qui parle" possède en effets des aspects positifs : l'humour, l'imagination, un scénario. Des acteurs qui "tiennent la route", et l'un des meilleurs réalisateurs de X français, Claude Mulot, qui fut aussi scénariste et co-réalisateur de "Mes Nuits avec... Alice, Pénélope, Arnold, Maud et Richard", (à mon sens bien supérieur au Sexe qui Parle et qui est une variante de "La Grande Bouffe"), puis réalisateur de "Shocking ! ", autre curiosité dans l'univers du porno et "La Femme Objet".
Le film se veut aussi une critique de la psychanalyse et la presse à sensation est également épinglée. Joëlle est interprétée par la très jolie Pénélope Lamour, dont ce sera la seule contribution au genre. Eric est incarné par l'un des fidèles de Jean Rollin : Jean-Loup Philippe, acteur au jeu très théâtral qui était la vedette de "Lèvres de Sang". Bien que cela ne soit pas mentionné, l'acteur fut doublé par Richard Allan pour les scènes "hardcore".

Pour les scènes nombreuses de flashbacks, c'est Béatrice Harnois qui joue le rôle de Joëlle "adolescente". Elle figure, à ce propos, dans deux des meilleures scènes du film : celle où elle se déflore avec une marionnette de Pinocchio et une autre au confessionnal, dans laquelle elle parvient à convaincre le curé de rompre ses vœux d'abstinence, un passage particulièrement iconoclaste, ponctué de "hallelujah" laissant entendre que le serviteur de Dieu est avant tout un homme. Et puis, dans le rôle de la tante Barbara, on retrouve une autre icône du cinéma porno des années 70 : Sylvia Bourdon, une actrice pas forcément sympathique (elle a bien craché sur le milieu du X et pas toujours fort à propos) mais possédant une forte personnalité, et qui a marqué l'histoire du cinéma porno.
Au final, Le Sexe qui Parle, sans être génial, demeure un X de bonne facture. Il lui manque peut-être une étincelle de folie, cette étincelle que Claude Mulot parviendra à trouver dans certains de ses autres films.
Note : 6,5/10
Flint
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