She Gods of Shark Reef
Genre: Aventures
Année: 1958
Pays d'origine: Etats-Unis
Réalisateur: Roger Corman
Casting:
Bill Cord, Don Durant, Lisa Montell, Jeanne Gerson...
 

Encore une roublardise signée Corman, qui en cette année 1957 signa deux films tournés coup sur coup dans un même lieu, Hawaii, avec un casting et une équipe technique reprise partiellement d'un film à l'autre. She Gods of Shark Reef (sorti en 1958) est donc à mettre en parallèle avec "Naked Paradise", tout comme Beast from Haunted Cave sera par la suite comparable à "Ski Troop Attack", tout deux tournés à la montagne. De là à penser que Corman aime travailler pendant ses vacances, il n'y a qu'un pas qu'on hésite à franchir en songeant qu'après tout, l'ami Roger aime peut-être davantage prendre des vacances en travaillant.
Quoi qu'il en soit, le résultat est ici médiocre, et c'est un euphémisme que de le qualifier ainsi. She Gods of Shark Reef se situe quelque part dans l'océan Pacifique et nous présente deux frères recherchés par la police, qui s'enfuient vers une île, au sud. Mais une tempête les fera dévier de trajectoire et échouer sur une île peuplée uniquement de femmes, vénératrices d'un culte dédié à un pseudo Dieu-Requin et dirigées par une vieille prêtresse guère contente de voir deux mâles errer sur l'île.

 

 

Que ceux qui imaginaient un film un peu dans la vague du Viking Women and the Sea Serpent du même Corman passent leur chemin : ici, pas ou peu de filles courtement vêtues qui combattent avec élégance. Juste une poignée de figurantes hawaïennes en costume local qui servent de prétexte à Corman pour s'attarder à outrance sur l'exotisme des lieux. Dès l'arrivée des deux frères sur la plage, Corman donne dans le plan large, histoire que toute la beauté des décors soit exploitée. Il fera de même plusieurs fois, s'attardant sur la mer, sur les montagnes etc... Il poussera le bouchon de l'exotisme primaire jusqu'à nous montrer une scène où des jeunes hawaïennes se trémoussent avec un collier à fleur autour du cou sur une musique traditionnelle bien relaxante...
C'est dire si il n'a pas grand chose à raconter, malgré une durée à peine supérieure à 60 minutes. Ne serait-ce pour la matronne un peu stricte, She Gods of Shark Reef pourrait très bien passer pour une publicité du Club Med. Promenade sur les plages de sable blanc, excursion dans les montagnes boisées vivifiantes, danses locales, tout y est. L'un des deux frères amorcera même un semblant d'amourette avec une autochtone, anglophone débutante (comprendre qu'elle ne parle qu'avec des phrases sans pronoms et sans auxiliaires). C'est d'ailleurs cette amourette qui pimentera vaguement le film, puisque le bellâtre concerné sera un peu gêné par le fait que sa douce soit promise à être sacrifiée au Dieu-Requin sous 24h. Il empêchera le sacrifice et du coup, la matrone ne sera pas contente, elle qui voyait déjà d'un mauvaise oeil la bluette naissante.

 

 

Ce sera donc l'heure pour nos deux héros de préparer leur évasion, après avoir décidé si oui ou non il faut emmener la brave fille avec eux. Et c'est là que Corman introduit l'une des seules bonnes idées du film : faire de l'un des deux frères un salaud, ajoutant ainsi un second personnage négatif à l'histoire, en plus de la vieille prêtresse, qui domine sa troupe de filles d'une main de fer en entretenant avec soin leur obscurantisme. Les amoureux, si ils souhaitent fuire l'île et la venue imminente de la police (appelée en hissant un drapeau au sommet d'un mât... oui, c'est très con), ne souhaitent pas de mal aux autres "She Gods", contrairement au méchant frangin, qui lui est prêt à tout. Il vole des perles (fond de commerce des habitantes), il réprimande vigoureusement l'amourette, fait part d'un brin de racisme, passe même à tabac une des filles et, bref, c'est un vilain qui est promis à un avenir délicat. Le rythme se décantera malheureusement trop chichement, jusqu'au climax, où tout le monde tombe à l'eau, au milieu de la fameuse divinité-Requin, qui se révèle être un tout petit squale assez ridicule.
Assez invraisemblable dans son aspect "aventure", manquant cruellement de scénario, oubliant autant d'exploiter le rite païen du Dieu-Requin que l'attractivité (toute relative d'ailleurs) de ses figurantes, She Gods of Shark Reef est assurément l'un des plus mauvais film de Roger Corman. Il faut également dire que je l'ai vu dans une version noir et blanc, alors que le film fut tourné en Pathécolor, et que j'ai donc dû perdre en route tout le travail de photographie fourni par le talentueux Floyd Crosby, qui quelques années plus tard contribuera grandement à la réussite de bien des films du cycle Poe de Corman. Mais ne cherchons pas d'excuse à ce qui demeure malgré tout un ratage total.

 

 

Note : 3/10

 

Walter Paisley
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