Schlock
Titre original: Banana Monster
Genre: Parodie , Comédie
Année: 1973
Pays d'origine: Etats-Unis
Réalisateur: John Landis
Casting:
Saul Kahan, Eliza Roberts, Charles Villiers, John Landis, Harriet Medin...
 

"Si un jour je découvre la chose ou l'être responsable de çà, ça va chier de la merde dans les chaumières !" C'est par cette tirade, lancée par le détective-sergent Wino (petit, coupe de cheveux à la Bozo et imperméable Columbo) que démarre le film.


À ses côtés, un grand dadais de flic aux oreilles décollées observe le carnage qui vient de se produire : les meurtres sauvages de 239 personnes dans un parc de loisirs. Dans cette petite bourgade tranquille des États-Unis, près de 800 victimes ont ainsi été recensées en l'espace de trois semaines. Pourtant, on n'a pas affaire, en l'occurrence, à un tueur en séries, ni à un groupuscule terroriste. Non, en fait, le responsable de ce massacre n'est autre que le Schlockthropus (Schlock pour les intimes), c'est-à-dire le chaînon manquant, un singe anthropoïde issu de la préhistoire, pris dans les glaces durant l'ère quaternaire, et qui se réveille donc, un peu perdu il faut l'avouer, en cette fin de XXème siècle.

Pourtant, il n'est pas méchant notre ami Schlock, au fond. Il lui faut juste le temps de s'adapter à son nouvel environnement, et à ses êtres étranges que sont les humains. En attendant, le "tueur à la banane", surnommé ainsi par la presse à sensations, poursuit tranquillement son chemin, semant le trouble et la panique partout où il passe. Jusqu'à ce qu'il tombe sur Mindy, une jeune américaine grassouillette aveugle, qui doit bientôt recouvrer la vue. Schlock tombe amoureux !

 


Lorsque l'on se penche sur la filmographie des réalisateurs renommés, on se rend compte que certains ont débuté avec de petites œuvres fort sympathiques. On pourrait citer par exemple "Seizure la Reine du Mal", d'Oliver Stone, ou encore Dark Star, de John Carpenter. Ce n'est pas un hasard si les deux cinéastes cités, ainsi que John Landis, sont issus de la même génération, et si les trois films sont sortis dans un laps de temps rapproché. Cette période du début des années 70 fut particulièrement faste en jeunes réalisateurs surdoués et qui, avec peu de moyens, compensèrent largement ce déficit financier par une imagination débridée et sans limites.

Schlock est avant tout une parodie, doublé d'un hommage évident à "King-Kong", mais où les clins d'oeil affluent : "La Belle et la Bête" de Cocteau, "2001 L'Odyssée de l'Espace" de Kubrick, de même que l'âge d'or du cinéma muet, et notamment les films de Laurel et Hardy. Landis (qui joue le rôle de Schlock, dont le masque fut conçu par le talentueux Rick Baker) se permet également une incartade dans un cinéma dans lequel passent deux classiques du cinéma fantastique : Blob, Danger planétaire, et Dinosaurus, les monstres de l'île en Feu, où l'on retrouve parmi les spectateurs un certain Forrest J. Ackerman pour un sympathique cameo.

 


Si Schlock n'est pas un film sans défauts, il ne faut pas oublier que John Landis n'avait que vingt trois ans à l'époque, ce qui ne l'a pas empêché de bien maîtriser son sujet, et de jongler habilement entre la parodie (humour potache) et l'hommage aux films de genre (ambiance "drive-in movies"). Qu'importe les stéréotypes (flics stupides, teen-agers insouciants), Schlock accumule les scènes drôles : Mindy qui, aveugle, croit que Schlock est un chien et lui lance inlassablement un bâton ; Schlock qui débarque dans une station-service, voit l'enseigne représentant une banane, annonçant le lien avec le monolithe de "2001..." et un gag savoureux dont sera victime un pauvre hippie qui ne demandait rien. Et puis, il y a le duo au piano avec un (autre) aveugle pour un boogie endiablé ; sans oublier le final (dramatique, cette fois) au bal des étudiants.

Comme ce fut parfois le cas dans ce genre de films ("Doc Savage arrive" par exemple), le métrage s'achève en annonçant une fausse suite qui ne se tournera jamais, en l'occurrence "Son of Schlock".

 


En dehors de John Landis, impossible à reconnaître dans son costume de singe, mais très bon dans sa gestuelle et ses expressions, on notera la présence de Harriet Medin au sein d'un casting composé d'une majorité d'inconnus. Miss Medin incarna l'archétype de la gouvernante inquiétante dans un grand nombre d'œuvres gothiques durant les années 60, comme L'Effroyable secret du Docteur Hichcock, Le Spectre du professeur Hichcock, "Le corps et le fouet", Six femmes pour l'assassin et Les nuits de l'épouvante, excusez du peu.

Ici, elle joue la mère de Mindy, un rôle bien différent où elle montre également un talent pour la comédie, et qui se confirmera notamment un peu plus tard dans La Course à la Mort de l'An 2000.

 

Si vous avez l'occasion de voir Schlock, vous ne manquerez pas de remarquer le "délire" de John Landis à propos d'un film inventé : "See you next Wednesday" ("On se voit mercredi"). Ce gag deviendra récurrent dans les œuvres futures du metteur en scène, puisque l'on verra furtivement des affiches de "See you next Wednesday"au détour d'une scène du "Loup garou de Londres", par exemple, ou de "Série Noire pour une Nuit Blanche".

 

 

Flint
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