Avec Django, la mort est là - Seven Sept
Écrit par Francis Moury   

 

 

Région : DVD 9 Zone 2 PAL

 

Éditeur : Seven Sept - Collection "Westerns italiens "

Pays : France

 

Sortie au cinéma : 21 mai 1969

Sortie dvd : 08 avril 2004

 

Durée : 95 minutes

Image : 2.35 - (16/9ème compatible 4/3)

Audio : Mono

 

Langues : français

Sous-titres : aucun

 

Bonus :

- Présentation du film

- Antonio Margheriti, portrait d’un artisan

- Présentation de la collection

 

 

 

Commentaire :

IMAGE : Format original respecté 2.35 compatible 16/9. Beau report à partir d’une copie anglo-saxonne titrée Vengeance au générique d'ouverture : titre bien peu original même si pertinent. Je préfère tout de même l’aspect baroque et sec, mystérieux et violent tout à la fois, du titre italien ou même celui - presque fantastique par sa sécheresse dépouillée - du titre français d’exploitation d’époque. Attention : le générique présenté est, comme c'était l'usage dans le genre à l'époque en Italie, largement américanisé et les noms des collaborateurs italiens techniques et artistiques sont, de ce fait, presque tous modifiés. Copie argentique en bon état, mis à part quelques défauts sans gravité et fugitifs : l’étalonnage des plans retrouvés est, par exemple, un peu différent du restant de la continuité mais quel plaisir de les découvrir enfin ! Beau report numérique global, compte tenu des normes DVD s'entend : aujourd'hui, un Blu-ray serait plus intéressant. Belle photo de Riccardo Pallotini aussi à l’aise sous un soleil implacable que dans les ténèbres, même maîtrise du cadre et de la prise de vue à angles multiples.

Note : 9/10.

 

 

SON : VF d'époque mono Dolby Digital mono 2.0 sans version italienne ni version internationale anglaise : je ne regrette pas du tout la version anglaise mais en revanche, la version italienne aurait été intéressante car les acteurs italiens se post-synchronisaient systématiquement eux-mêmes en auditorium, lorsqu'ils le pouvaient et on entendait donc leur véritable voix. La VF est remastérisée D.D. 2.0 mono sans modification de la répartition initiale des effets, du dialogue, de la musique. Donc la meilleure manière d’appréhender ce qu’entendirent les spectateurs de 1967 en salles avec un matériel aux normes numériques de 2004, année de sortie de ce DVD. Qualité technique un peu meilleure que celles des autres westerns italiens de cette collection, m'a-t-il semblé... peut-être parce que c'est mon titre préféré ? Mon jugement critique et esthétique ayant subrepticement influencé mon jugement technique ? Qui sait ? Belle musique de Carlo Savina.

Note : 5/10.

 

 

INTERACTIVITÉ : Le menu principal en format 16/9 est élégant avec ses teintes sables et ocres, sonorisé sur un montage composite fixe.

 

 

Présentation du film (6’ environ - v.o.s.t.f. – 16/9) réalisé par Daniel Gouyette, dans lequel l'écrivain et scénariste italien Antonio Tentori parle aussi beaucoup du grand Et le vent apporta la violence (E Dio disse a Caino…,1969) du même réalisateur. Et il a bien raison, car Avec Django, la mort est là forme avec lui un diptyque naturel dans l’œuvre de Margheriti. On a pu dire que ce sont deux films fantastiques travestis en western, ce qui n'est pas faux.

 

 

Antonio Margheriti, portrait d’un artisan de Daniel Gouyette (23’ environ - v.o.s.t.f. – 16/9) : entretien avec le réalisateur italien Ruggero Deodato qui fut son assistant ainsi que celui de Sergio Corbucci, de Riccardo Freda, et de bien d’autres. Surdécoupé et entrecoupé de fragments d’affiches (mais pourquoi pas d’affiches complètes ? Pour « faire joli » ? ) et de bruitages d’armes à feu, ce qui, répété près d’une quinzaine ou d’une vingtaine de fois, est finalement lassant. Le jugement de Deodato sur Danse macabre est navrant mais la comparaison entre les méthodes de travail de Corbucci et Margheriti est, en revanche, passionnante car de première main. Deodato confesse n’avoir pas vu les westerns de Margheriti et s’avère donc incapable d’en dire quoi que ce soit. Quelques remarques cependant intéressantes sur le cinéma-bis italien de l’époque, ses conditions de production, d’exportation, de tournage. Une autre très savoureuse : les maîtres avoués de Deodato lui-même sont… Roberto Rossellini, Mauro Bolognini, Riccardo Freda, Sergio Corbucci, Antonio Margheriti. La caractérisation des talents respectifs des maîtres est juste. Émotion très sympathique lors de l'évocation de la dernière rencontre avec Margheriti un mois avant sa mort : les deux hommes se sont bien connus et le portrait psychologique de Margheriti par Deodato est lui aussi intéressant. Document inégal mais à voir absolument.

 

 

Présentation de la collection (6’ environ - v.f. – 16/9) : des bandes-annonces - montées à l’occasion de ces éditions DVD et non pas, hélas, celles originales d’époque projetées dans les salles de cinéma - des 5 westerns européens de la première vague de cette collection : Un pistolet pour Ringo (1965) / Le Retour de Ringo (1965) / Le Dernier jour de la colère (1968) / Avec Django, la mort est là (1968) /  / Pas de pitié pour les salopards (1968).

Note : 8/10

 

 

LE FILM : Offerte ici en version intégrale restaurée pour la première fois en France, on verra une œuvre que n’ont pas vue en salles les critiques spécialisés du genre et qui est enfin restituée à son maximum de puissance plastique. « Un western violent aux confins du fantastique » clame le verso de la jaquette : c’est absolument vrai. Son producteur Alfred Leone sera d'ailleurs aussi celui de Mario Bava dans les années 1970. L'acteur Claudio Camaso (1934-1977), alias Claudio Volonté car il était le frère de l'acteur Gian Maria Volonté, est ici remarquable. Qu'on se souvienne de lui dans deux grands films fantastiques italiens : Schreie in der Nacht / Contronatura (Italie-RFA 1969) de Antonio Margheriti et La Baie sanglante (1971) de Mario Bava. La séquence finale dans la mine est frappée au coin du délire et de l’inquiétude ainsi que bien d’autres.

 

 

Aussi virtuose techniquement que Tessari mais avec une tendance ici parfois assez nettement expérimentale, aussi violent que ses confrères du même genre à l’époque voire même davantage, Antonio Margheriti apporte un soin extrême au moindre détail, matériel comme psychologique. Personnages, décors et action sont brossés d’une manière très impressionnante. Le meilleur film de la première vague de cette collection : même si on ignore tout de Margheriti, on aura envie d’en savoir plus, après l’avoir visionné, sur ce cinéaste dont la filmographie constitue un continent argentique englouti progressivement (mais encore trop lentement) sauvegardé par la vidéo.

 

 

Francis Moury