Trinity of Darkness, The - The Ecstasy of Films |
Écrit par Mallox |
DVD 5 - Inédit dvd
Courts-métrages, Suppléments & Commentaires :
Déjà, techniquement, on ne peut que louer l'éditeur qui annonce d'entrée que le master original a subi des dommages irréparables, impossibles à restaurer. Cette honnêteté se devrait parfois de faire des petits chez d'autres éditeurs (Artus, par exemple, le fait également). Comprenne qui pourra...
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En une année et avec Caruncula, le réalisateur a largement franchi une étape. On sent le budget un peu plus conséquent mais surtout une malicieuse maîtrise naissante à ce niveau pour en contourner les limites. On assiste d'entrée à un ballet somptueusement macabre de poupées torturées, se balançant ensuite funestement dans une grange pour le coup inquiétante( et probablement l'antre d'un psycho-killer sérieusement atteint). Le générique s'ensuit, après presque trois minutes, et l'on passe de l'autre côté du miroir, à savoir dans la psyché du tueur. Mais pas seulement : Mariano Baino parvient dans ce court, franchement magnifique, aux contours à la fois Fulciens et Bavesques, à joindre l'horreur à la candeur (et vice-versa). Finalement, on peut le dire sans en rajouter, que dès 1990 Baino avait une véritable vision de son art, à la fois abstrait, symbolique, métaphorique. Mais, ce qui le sauve du bel objet, c'est que son art semble déjà à cette époque relever du sensoriel avant tout.
Dans le commentaire audio, Mariano Baino ne cache pas son admiration pour "Hellraiser" et l'influence qu'a pu avoir ce dernier sur son film. L'entame de film (la scène des poupées au-dessus) est une première pour le réalisateur qui décida de recourir le moins possible au montage, ce qui donne, grâce à quelques travellings dans un endroit pourtant exigu (un garage à deux places), un sentiment direct d'immersion. Baino, franchement modeste, se moque de lui-même pour certains de ses choix d'époque comme par exemple un cri de femme au générique. Pour le reste, pas que l'auteur de ces petites lignes ne veuille pas faire son travail, il convient pour garder substance et surprises intactes, plus qu'une simple synthèse qui ne saurait rendre complètement hommage au court, comme à son commentaire audio.
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Never Ever After (se référer à la jaquette ou au site de l'éditeur pour le synopsis) est clairement l'exercice le plus stylisé du lot mais pas forcément le meilleur : en effet, la fable tourne court dès lors qu'on en comprend l'issue. Ceci dit, bien que plus froid, voire plus hermétique, que Caruncula, il n'en demeure pas moins un conte parabolique intéressant et virtuose dans lequel Le Chaperon rouge passerait difficilement le cap de la puberté, rejetant son corps.
Aucun souci technique, bien au contraire, donc on passera là-dessus en disant que c'est "just perfect !". Il est à regretter finalement que Mariano Baino n'ait passé autant de temps, sinon plus, à écrire des scripts pour les autres qu'à s'adonner à son propre travail, je veux dire enfanter des films tels que Dark Waters ou des métrages qui étonnent au-delà d'un incontestable talent, et de conteur, et de metteur en scène. Encore que tout ceci est une affaire de goûts et de sensibilité puisque Never Ever After semble être le travail dont son réalisateur est le plus fier. Vu la façon dont il est emballé, on peut le comprendre !
Enfin, dans le petit documentaire intitulé "Making of Never Ever After", Mariano Baino revient sur sa culture très "Cosmopolitan", tenant de sa mère. Ainsi, selon lui, et non sans humour, il dit qu'à l'époque, il commençait lui-même à raisonner comme une "Cosmo-girl". D'où l'idée de Never Ever After qui a la particularité de n'être joué que par des femmes. Un réalisateur extrêmement plaisant à écouter parler pour un entretien/making of des plus sympathiques dans lequel (quelle bonne idée !) viennent se superposer en haut à gauche, dans une petite lucarne, les propos des intervenants pendant que les images du tournage défilent.
Autres bonus :
Bref, c'est presque à regretter que l'éditeur n'ait pu acquérir les droits de "Based on a True Life", le dernier court-métrage, datant de 2010, du sieur Baino. Le bonheur eut été complet. En l'état, ce dvd hautement choyé semble un indispensable complément au dvd de Dark Waters vendu séparément (et probablement déjà assez riche en bonus pour ne pas pouvoir accueillir décemment les courts ici présents).
De l'excellent boulot dont certains éditeurs, avec pourtant plus de bouteille, devraient prendre exemple. On souhaite bonne chance à The Ecstasy of Films qui donne de manière qualitative le meilleur qu'on puisse offrir aux amateurs de cinéma dit de genre, tout comme aux autres. Quoi qu'il en soit, si jamais vous avez investi dans Dark Waters, n'hésitez pas à pousser le bouchon plus loin avec ces courts-métrages qui, non seulement valent bien des longs, mais qui offrent l'opportunité d'ouvrir une porte sur un vrai univers infernal. |