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Bigbonn Psycho-cop


Inscrit le: 13 Déc 2004 Messages: 4107
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Posté le: Mar Oct 30, 2012 4:49 pm Sujet du message: [M] [Critique] Helldriver |
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Helldriver
Japon – 2010
Genre : Gore, Zombies, Comédie
Réalisation : Yoshihiro Nishimura
Interprétation : Yumiko Hara, Eihi Shiina, Kazuki Namioka, Yûrei Yanagi, Yukihide Benny, Minoru Torihada, Cay Isumi, Asami...

Une mère sadique, Rikka, et un oncle psychopathe, voilà toute la famille qu’il reste à Kika lorsque les deux premiers dévorent les jambes de son père handicapé avant de l’immoler par le feu. C’est le moment que choisit un météore pour tomber sur l’île d’Hokkaido en provoquant un nuage de cendres zombifiantes, mais aussi sur Rikka, lui trouant littéralement la poitrine. Ne se laissant pas démonter par cette béance toute neuve en plein thorax, elle arrache le cœur de sa fille pour le mettre à la place du sien et c’est alors qu’un petit alien chef d’orchestre se joint à elle pour régner sur une horde de zombies cannibales au son des valses de Strauss...

Récupérée par les autorités, Kika, pas morte malgré l’enlèvement de son cœur, se voit affublée d’un muscle cardiaque artificiel et anti-infection et d’une poitrine-carapace en métal motorisée pour rendre l’utilisation de son tout nouveau sabre tronçonneuse plus efficace. Elle fait ensuite la connaissance d’un trafiquant de cornes de zombies (eh oui, ceux-ci portent tous, au milieu du front, une sorte de corne à deux branches dont l’arrachage provoque l’explosion de la tête, il fallait y penser) et de son aide muet surnommé No-Name. Et tandis que les zombies sont confinés derrière un mur séparant le Japon en deux, gardé par des soldats aux casques en forme de croissant de lune, dans l’ombre, le tout nouveau premier ministre complote pour amener Kika et quelques autres délinquants de première catégorie à affronter les hordes de morts-vivants, éliminer leur reine et mettre fin à son emprise...

Difficile de résumer un tel film tant il fourmille de détails parfois saugrenus et tant il est riche en rebondissements en tous genres et bien souvent imprévisibles. Dans sa construction même, il peut dérouter le néophyte du cinéma gore labellisé Sushi Typhoon, comme lorsqu’il propose tout à coup, alors que le film est entamé depuis 45 minutes... le générique ! Déjà auteur des brillants Tokyo Gore Police et Vampire Girl vs Frankenstein Girl, Yoshihiro Nishimura récidive ici avec un film toujours aussi dingo et bourré d’idées démentielles dont il aime à faire son miel : ça coupe, ça charcle, ça sanguinole de tous ses membres, ça explose, ça mord, ça dévore, ça cavalcade, ça s’envole en voiture sans qu’on nous dise comment, ou sur un avion composé de corps humains propulsé par deux missiles. C’est souvent n’importe quoi mais tout aussi souvent très jouissif dans l’excessif. Nishimura est à l’écriture et, comme il est d’abord un créateur d’effets spéciaux, ceux-ci sont de tous les plans, qu’ils soient visuels, de maquillage, ou de synthèse (souvent les moins réussis).

Il y a dans ce cinéma une énergie presque épuisante que les rares plages de répit ne permettent pas d’absorber totalement. Deux ans de pré-production pour arriver à tourner en une quinzaine de jours 2 500 plans, dans un rythme d’enfer pour toute l’équipe du film, c’est probablement trop et Nishimura aurait gagné à couper un peu ici où là pour réduire la durée totale du métrage (presque deux heures), sans pour autant y perdre en qualité, bien au contraire. Mais, comme à son habitude, l’excès est la norme et le paroxysme son objectif. C’est ainsi que l’on n’a pas droit à un moment de bravoure en guise de final en apothéose mais à trois ! Lorsque Kika et ses partenaires affrontent chacun un zombie mutant avec moult difficultés, puis lorsqu’ils se retrouvent poursuivis par l’oncle dégueulasse au volant de sa voiture faite en membres humains ; enfin, lors du duel final entre Kika et sa mère en plein ciel...

Si tout n’est pas réussi, tout est complètement fou, et on rit parfois des audaces du cinéaste plaçant ses monstres dans un Zombie-Bar animé par un zombie accordéoniste, de cette tronche de fêlé fou furieux de l’oncle qui nous rappelle furieusement le Wez de Mad Max 2, ou de ce bébé mordeur et agressif qui nous remémore un lointain Braindead. Plus étonnant, l’une des zombies bleutées se retrouvera gratifiée de plusieurs membres supplémentaires, offrant à Kika un combat rappelant un peu celui de Sinbad contre la déesse animée par Harryhausen dans son Voyage fantastique et la croix gammée marquant le front du vilain tonton fait qu’on se demande s’il n’a pas un lointain neveu britannique (Made in Britain). Bref, beaucoup de folie pour un film où l’outrance le dispute à l’excessif (l’un des personnages principaux est par exemple une sorte de cowboy qui conduit un énorme pick-up, ce qui n’étonne personne !), sur un scénario assez ténu mais volontiers critique vis-à-vis de politiques férocement parodiés, tout comme l’infantilisation médiatique à leur service.

Un long-métrage musicalement très varié, même si le métal domine un peu trop, la valse viennoise et les chœurs maléfiques arrivant fort à propos en contrepoints parfois surprenants. Quelques gimmicks, aussi, du réalisateur : une fleur aux pétales grands ouverts augurant mal des geysers de sang à suivre ; un caméo de Shimizu portant un t-shirt à l’enseigne de Ju-On ; des membres qui volent ; des mutations étonnantes... Probablement beaucoup trop speed et brouillon pour certains, cet univers grouillant et parfois mal foutu me plait décidément beaucoup et, à côté de ses congénères tels que Noboru Iguchi (le moyen mais sympathique Machine Girl, le médiocre Robogeisha) ou Yudai Yamaguchi (le réussi Meatball Machine, le peu convaincant Yakuza Weapon), à la régularité moins évidente et aux défauts plus visibles, Nishimura se démène pour offrir à ses spectateurs des friandises au goût d’hémoglobine fort prononcé mais extrêmement goûteuses. J’attends donc avec impatience la sortie de ses prochains opus, tout aussi jubilatoires, espérons-le. |
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Bigbonn Psycho-cop


Inscrit le: 13 Déc 2004 Messages: 4107
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Posté le: Mar Oct 30, 2012 5:31 pm Sujet du message: [C] Fiche dvd |
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Fiche dvd -
Helldriver – Elephant Films
Région : Zone 2 PAL
Editeur : Elephant Films
Pays : France
Sortie dvd : 21 août 2012
Durée du film : 1h57
Image : 16/9 – 1.85
Audio : VF ou VO en 5.1 et Dolby Digital ; VF en stéréo 2.0
Sous-titres : français
Bonus :
- Making Of : 42 minutes (en version originale sous-titrée)
- Bandes-annonces
Commentaire : Une fois de plus, Elephant Films nous sort un film labellisé Sushi Typhoon, c’est-à-dire un long-métrage à haute teneur en folie furieuse et en séquences frappadingues. Comme c’est Yoshihiro Nishimura qui est aux commandes, le contrat est rempli et bien rempli : des zombies cornus, un pilote vêtu comme un cowboy, une mère tarée devenue reine des morts-vivants, son frère au front marqué d’une croix gammée devenu son adjoint, une fille et nièce au cœur arraché mais bien décidée à le récupérer, des zombies mutants devenus intelligents (enfin... tout est relatif, évidemment), une voiture et même un avion faits de membres humains, il y a tout ça et même un peu plus dans cet Helldriver nippon et outrageusement gore. Autant dire que ceux que la vue du sang fait défaillir feront mieux de passer leur chemin.

Côté bonus, on a droit à un suivi du tournage remettant celui-ci dans son contexte : court et trépidant. Petit budget pour un nombre de plans gigantesque, des cascades et des effets spéciaux quasiment constamment à l’écran, le réalisateur Yoshihiro Nishimura entraine son équipe dans une aventure filmique épique et épuisante. Des actrices couvertes de sang (mais apparemment, on s’y fait vite), aux maquilleurs épuisés par la tâche, tout le monde participe visiblement dans une ambiance sereine mais sans répit. Peu de prises, un story-board millimétré, des effets qui ne doivent pas foirer et c’est parti.

Ce genre de making of, s’il n’apporte pas grand-chose de très précis ni de très fouillé, permet de ressentir un peu l’atmosphère du tournage et d’en voir les coulisses. Voir un technicien entouré de morceaux de cadavres ou des acteurs faire des cascades sur fond vert donne l’occasion de comprendre comment sont construites certaines scènes et comment se réalisent certaines séquences, réussies ou pas, d’ailleurs.

Quelques bandes-annonces viennent compléter le programme : celle de Helldriver lui-même, mais aussi celles de Death Trance, Robogeisha, Tokyo Gore Police et Vampire Girl vs Frankenstein Girl. |
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sigtuna Super héros Toxic


Inscrit le: 08 Jan 2010 Messages: 3818
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Posté le: Mar Oct 30, 2012 10:09 pm Sujet du message: Re: [Critique + DVD] Helldriver |
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Bigbonn a écrit: |  |
Pinochet  _________________
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mallox Super héros Toxic


Inscrit le: 10 Sep 2006 Messages: 13982 Localisation: Vendée franco-française
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Posté le: Mer Oct 31, 2012 5:57 am Sujet du message: |
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Taxi Driver !
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Dernière édition par mallox le Sam Mai 26, 2018 5:06 am; édité 1 fois |
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Bigbonn Psycho-cop


Inscrit le: 13 Déc 2004 Messages: 4107
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Posté le: Mer Oct 31, 2012 10:04 am Sujet du message: |
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Yvette Horner!  |
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sigtuna Super héros Toxic


Inscrit le: 08 Jan 2010 Messages: 3818
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Posté le: Mer Oct 31, 2012 12:09 pm Sujet du message: |
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Bigbonn a écrit: |
| Une citrouille Halloween
:timide: _________________
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Bigbonn Psycho-cop


Inscrit le: 13 Déc 2004 Messages: 4107
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Posté le: Mer Oct 31, 2012 12:27 pm Sujet du message: |
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quelques captures en plus:







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flint Super héros Toxic


Inscrit le: 13 Mar 2007 Messages: 7606 Localisation: cusset-plage
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Posté le: Mer Oct 31, 2012 3:37 pm Sujet du message: Re: [C] [Critique + DVD] Helldriver |
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Encore un film japonais frappadingue dans l'escarcelle de Bigbonn, et à lire le résumé on imagine sans mal le délire (après, faut aimer...).
Que va nous préparer Bigbonn la prochaine fois, un truc du genre "Gothic & Lolita Psycho" ?
En tout cas, la chronique était fort agréable à lire... N'empêche qu'ils sont fous ces Japonais.
Bigbonn a écrit: |
... ça s’envole en voiture sans qu’on nous dise comment... |
Ben, c'est Fantomas !  |
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sigtuna Super héros Toxic


Inscrit le: 08 Jan 2010 Messages: 3818
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Posté le: Mer Oct 31, 2012 5:47 pm Sujet du message: |
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Bigbonn a écrit: |
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Tiens je me demandais à quoi pouvait bien ressembler un avion en corps humain, je suis un brin déçu.
Bigbonn a écrit: | d’effets spéciaux, [...], ou de synthèse (souvent les moins réussis) |
flint a écrit: |
Que va nous préparer Bigbonn la prochaine fois, un truc du genre "Gothic & Lolita Psycho" ? | ça existe
J’espère que Bigbonn n'y coupera pas, surtout que ce genre de films déjantés l'inspire particulièrement. _________________
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mars1379 20 % irradié

Inscrit le: 08 Oct 2012 Messages: 236
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Posté le: Mar Nov 13, 2012 6:40 pm Sujet du message: |
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Hé bien ça m'a l'air très intellectuel tout ça....
Du cinéma d'art et d'essai japonais ! |
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princesse.rosebonbon Stade de décomposition


Inscrit le: 22 Aoû 2005 Messages: 2027 Localisation: variable
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Posté le: Lun Sep 14, 2015 12:47 pm Sujet du message: |
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bigbonn sait qu'il n'est pas seul à porter le fardeau des productions sushi taille-foune, il peut toujours compter sur mon soutien!
je ne peux qu'adhérer, telle la déjection canine à la semelle du passant, à cette fort belle critique qui met en valeur toute la folie qui ressort de ce film monstrueux.
nishimura semble vouloir se surpasser à chaque nouvel opus en termes d'exagérations visuelle et d'idées timbrées ...sans pour autant pouvoir prétendre à davantage de budget.
il signe donc ici, avec l'énergie démente des plus fieffés zédards, un "cartoon live" qui tate du chambara-post-apo en territoire zombie. il y a un décalage saisissant entre l'indigence palpable de l'entreprise et l'ambition démesurée du réalisateur-scénariste qui donne lieu à enchaînement frénétique de scènes bancales, hideuses, mais admirablement à côté de la plaque.
à défaut de proposer un spectacle abouti en termes de technique ou de narration, Helldriver dégage une sorte de poésie étrange, mélange de liberté totale, de régression puérile et de furieux désir de créer l'étonnement.
bigbonn a écrit: | Elle fait ensuite la connaissance d’un trafiquant de cornes de zombies (eh oui, ceux-ci portent tous, au milieu du front, une sorte de corne à deux branches dont l’arrachage provoque l’explosion de la tête, il fallait y penser) |
à ce sujet je n'ai pas bien compris l'allégorie avec le melon (vendu au japon avec sa tige en T, à des tarifs exorbitants pouvant facilement dépasser les 80 euros pièce, soit dit en passant)
la tumeur en forme de clef de Tokyo Gore Police m'avait aussi interpellé et elle n'était pas expliquée, dans mon souvenir. |
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Bigbonn Psycho-cop


Inscrit le: 13 Déc 2004 Messages: 4107
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Posté le: Lun Sep 21, 2015 7:44 pm Sujet du message: |
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l'histoire de la tige de melon comme celle de la clé dans TGP, me souviens pas non plus d'une explication particulière.
pour le reste, tu as fort joliment décrit les intentions de Nishimura et les qualités du film, malgré son budgets riquiqui :
la princesse a écrit: | à défaut de proposer un spectacle abouti en termes de technique ou de narration, Helldriver dégage une sorte de poésie étrange, mélange de liberté totale, de régression puérile et de furieux désir de créer l'étonnement. |
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