Nuit d'été
Titre original: Summer of night
Genre: Fantastique , Horreur
Année: 1993
Pays d'origine: Etats-Unis
Editeur: Albin Michel
Auteur: Dan Simmons
Traducteur:
Evelyn Gauthier
 

Au début, j'étais plutôt réticent avec ce roman, principalement à cause de sa longueur (600 pages). Habituellement, je rechigne toujours à devoir me farcir plus de quatre cent pages dès qu'il s'agit d'un "simple" roman d'épouvante (sauf exception), tout de même assez limité dans ses ambitions. Car qu'elle que soit la qualité de ce type de roman, le propos pourrait se résumer par un "bouh !", toujours plaisant d'accord si on aime ça mais la question est pour moi toujours la même : cela vaut-il la peine d'accaparer ainsi mon temps ? Je m'étais donc promis que si l'ennui commençait à me gagner, je l'abandonnerais sans remords.

Au final, "Nuit d'été" est le genre de livre qui se lit facilement, assez rapidement et qui est suffisamment prenant pour aller jusqu'au bout même s'il n'a rien d'inoubliable non plus et que la fin est aussi explosive que conventionnelle. En fait, je crois qu'il m'a surtout permis de renouer un peu avec une maladie (bénigne !) que j'avais contractée il y a longtemps : la Kingonite. Car...


Une constatation assez prévisible mais tellement incontournable qu'il serait vain de ne pas la mentionner : avec ce roman, Dan Simmons marche pleinement sur les traces de Stephen King. On y retrouve en effet beaucoup d'ingrédients propre à la cuisine du "maître" : une bande de copains vivant dans un patelin d'Amérique profonde des années 60 (on pense évidemment à "Stand by me" ou encore "à‡a") aux prises avec une monstruosité surnaturelle, un parfum de nostalgie pour cette époque qui se dégage du livre, les peurs enfantines, des personnages au caractère approfondi, le sentiment que l'on a de vraiment vivre l'aventure avec eux grâce à une foule de détails, bref on ressent une empathie immédiate pour ces jeunes héros. Ajoutons une mise en place assez (trop ?) longue (mais elle est proportionnelle à sa longueur totale) qui permet de bien s'imprégner des lieux et faire connaissance avec ses habitants avant de plonger dans l'histoire proprement dite. Et côté frissons, Dan Simmons prouve qu'il peut se hisser au même niveau que les meilleures oeuvres du King.

L'auteur a beau reprendre certaines ficelles classiques du genre (le personnage qui se retrouve dans une cave évidemment sans électricité et de la flotte à mi-taille, l'ambiance gothique,..), celles-ci sont suffisamment solides pour supporter cet édifice érigé à la gloire de la Peur. L'auteur sait faire monter patiemment la tension, commençant par semer en début de route quelques indices inquiétants mais assez ténus pour que la plupart des gens du patelin n'y voient pas la trame qui se tisse sous leur yeux (des cris, une disparition d'enfant qui sera prise pour une simple fugue, la présence régulière d'un camion d'équarrissage, d'étranges apparitions, des meurtres...) sauf évidemment le groupe des six enfants plus réceptifs aux événements. Simmons a aussi la bonne idée de donner une petite assise historique à son histoire, lui conférant ainsi un surplus de réalisme qui, comme chacun sait, renforce idéalement toute histoire fantastique.

Quant à l'ambiance, elle est glauque à souhait et contraste curieusement avec ce parfum ensoleillé de grandes vacances qui passent toujours trop vite. Une sorte de clair-obscur, en somme (avec une prédominance de l'obscur tout de même).


Même si ce n'est pas le roman le plus original du genre, qu'il reste assez mineur comparé à certains chef-d'oeuvres de l'auteur ("Hypérion" ou "L'échiquier du mal") mais se situe dans la bonne moyenne du roman d'épouvante, sa lecture reste recommandable et a eu au moins une autre conséquence sur mes lectures : l'envie de réitérer l'expérience dans un avenir proche.


Note: 7/10

Ragle Gumm

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7.60/10 ( 5 Votes )
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1 commentaire(s) pour cette critique

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