Les romans de Masterton se suivent et se ressemblent, ils s'enchaînent sans grande originalité et si le monsieur écrit bien, soignant ces ambiances horrifiques, il me semble parfois qu'il peine à se renouveler. C'est bien mais c'est quand même toujours la même chose ! Alors quand les Editions Bragelonne publient un cinquième tome de Manitou, on sait d'avance ce que l'on va retrouver dedans, la formule est toujours la même pour le meilleur et pour le pire.

Misquamacus est un vieux chaman indien, mort comme de bien entendu mais qui revient, tome après tome, pour se venger de ce que l'homme blanc a fait subir à son peuple. Et alors livre après livre le châtiment est de plus en plus terrible, violent et donc sanglant. A chaque fois on retrouve le même héros, Harry Eskine, faux voyant qui s'en va donc combattre les forces de l'au-delà. Depuis le premier Manitou publié en.. le thème reste inchangé et l'on sait dès les premières pages ce qui va se passer et comment ça va finir. Alors me direz-vous l'intérêt n'est pas là. C'est vrai mais bon, quand au fil des pages nous avons l'impression de lire et relire la même chose c'est quand même un brin ennuyeux ! Bon alors que reste-t-il à l'œuvre quant on connaît déjà la moitié des personnages (et quand ces derniers sont morts Masterton les fait revenir quand même!) et que la fin est couru d'avance ? Et bien le style, l'écriture toujours aussi efficace chez Masterton, sans censure, et là il se fait plaisir à ravager la moitié des États-Unis et à nous dépeindre des scènes à la limite du post apocalyptique le plus "grandiose". Bref, il y a de belles images, de belles situations mais pas de suspens, pas de surprises et c'est dommage.

Le vieux chaman Misquamacus a donc décidé de se venger cette fois-ci en rendant aveugle la moitié de l'Amérique, le président américain y compris. Cette dernière situation créée d'ailleurs des tensions internationales. Imaginez donc les Etats-Unis et leur chef, le patron du monde, complètement aveugles. Ca m'a fait penser à Independance Day le film, et ça vous donne le ridicule de la scène. Personnellement je n'y ai pas cru une seconde.

Par contre, plus intéressantes sont les scènes de chaos urbain, d'avions qui s'écrasent, de voitures qui s'emboutissent, de gens qui crient et de femmes en pleurs! Bref Masterton nous ressort le bon vieux traumatisme post 11 septembre version série B horrifique. Ca peut plaire mais ça manque de sentiments et au final on n'y croit pas du tout.

Reste bien sûr qu'en matière de situations horribles (ce qui est le propre de l'horreur) Masterton sait y faire et que franchement là c'est une réussite. Que feriez-vous si vous étiez en pleine montagne complètement aveugle et entouré de fantôme ? Il est encore l'un des seuls arteurs à ne pas avoir froid aux yeux et à nous décrire des situations atroces sans peur et sans "auto censure". Bref c'est de l'horreur sans grande finesse mais ça marche et bien sûr ça peut plaire!

Alors il fut un temps où je ne jurais que par Masterton et encore aujourd'hui certaines de ces œuvres sont pour moi de véritables chefs-d'œuvre. Mais peu à peu, je trouve que la plume du monsieur s'est essoufflée, qu'il manque cruellement d'imagination, de finesse, que ces personnages deviennent de plus en plus stéréotypés, calqués sur les pires films américains, sur les pires séries B. Alors après, il faut reconnaître qu'il est l'un des seuls à écrire encore dans ce style (Barker aussi mais avec bien plus de classe et de brio quand même !) de l'horreur pure, même si ici c'est sacrifié au profit d'une œuvre bien trop américanisée pour me plaire. Dommage car les trois premiers tomes de Manitou restent pour moi la référence en matière d'horreur littéraire.

En conclusion ce n'est pas mauvais c'est juste déjà lu et une sortie en poche aurait bien suffit…

Note : 5/10

 

Le Cimmerien

 

A propos de ce livre :

- Site de l'auteur: http://www.grahammasterton.co.uk/

- Site de l'éditeur: http://www.bragelonne.fr/