[M] [Critique] La Guerre des Gangs
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mallox
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MessagePosté le: Jeu Fév 15, 2007 3:25 pm    Sujet du message: [M] [Critique] La Guerre des Gangs Répondre en citant




Titre: La Guerre des Gangs ( Contraband / Luca il Contrabbandiere )
Réalisateur: Lucio Fulci
Pays: Italie
Année: 1980
Genre: Polar
Musique: Fabio Frizzi
Image: Sergio Salvati
Effets spéciaux: Franco Di Girolamo
Acteurs: Fabio Testi, Marcel Bozzuffi, Ivana Monti, Guido Alberti, Daniele Dublino, Venantino Venantini, Saverio Marconi, Tommaso Palladino, Ofelia Meyer, Ferdinando Murolo,...


Luca Di Angelo (Fabio Testi / 4 de l'apocalypse) a un drôle de métier. C'est un sympathique contrebandier à la tête d'une flottille donc l'activité consiste, de façon illégale, à importer des cargaisons de cigarettes au coeur de la ville de Naples.
L'homme est plutôt pépère d'autant que la police est assez inefficace à stopper le trafic ; sans avoir une ambition excessive ni vouloir faire partie des grands pontes maffieux, son hobby a le mérite de le faire vivre, lui et sa famille, de façon plus que décente. Manque de bol, un gang mystérieux s'intéresse de près à ses activités ; le but est de s'approprier l'organisation maritime pour y exercer puis assoir son trafic de drogue. Dès lors, ne cédant pas aux multiples propositions et autres chantages du gang, sa vie va se transformer en enfer ; tandis que ses proches paieront tour à tour, parfois de leur vie, Luca, poussé alors dans ses derniers retranchements va devoir pour protéger les siens, se transformer en démon vengeur et exterminateur...



Ce qui est marrant avec Monsieur Fulci, c'est qu'il défie toutes les lois d'une critique académique. On dirait même que celui-ci filme contre et se plaît à emmener ses oeuvres aux abords d'un mauvais goût aux saveurs très amères, attendant sereinement de se faire lapider ensuite par intelligentsia dont il fit pourtant partie durant les années soixante, se baladant alors au sein d'une "Dolce Vita" si chère à Federico Fellini...

La rupture étant consommée depuis belle lurette (Fulci ne semble s'être jamais remis de l'accueil de Beatrice Cenci), le voici en 1980 à la tête de ce polar sauvage et furieux, et ce pour le meilleur ! Si le giallo lui a si bien réussi, le pur polar à tendance thriller lui donne aussi matière à installer son univers ainsi qu'une attirance pour une violence graphique exacerbée, laquelle, après son Fabuleux Enfer des Zombies, servirait quasiment de répétition générale pour les deux gros morceaux qui suivront : les incontournables Frayeurs et L'Au-delà.



Il est étonnant de retrouver ici Fabio Testi dans un personnage finalement assez proche de celui qu'il campait au sein des 4 de l'apocalypse cinq ans plus tôt. On se souvient de l'anti-héros au sein du western mélancolique de Fulci. Dans ce dernier, un peu gauche, il tenait son pistolet à deux mains, de façon hésitante. Si l'on déplace ce personnage du cadre westernien dans celui de polar, on retrouverait quasiment le personnage de Luca, celui de cette Guerre des Gangs : être assez insouciant à la base, il sera très vite dépassé par les évènements, meurtri ensuite moralement autant que physiquement, pour finalement entamer une chasse à l'homme sans retour possible...

Une thématique récurrente chez le réalisateur qui met à mal l'éventuel machisme auquel on pourrait s'attendre de la part de son (anti)-héros (Le chat Noir - Young Dracula - Le Temps du massacre - Beatrice Cenci...). Cette façon d'aborder le sujet de la manière la plus amorale qui soit, la vengeance y étant salvatrice, s'allie par ailleurs aux multiples autres qualités d'une bobine sèche, teigneuse, saignante et parfois même ambigüe.



Pas de doute, nous sommes une fois encore en pleine exploitation de genre, et le film paye son tribut au "Parrain" (notamment lors d'une scène où l'un des acolytes de Luca se fait mitrailler à l'issue d'un barrage mis en place par de faux policiers ; scène qui n'est pas sans rappeler la mort de Sonny Corleone) ; on peut également parler de jolis détours chez William Friedkin et son "French Conection", de par son postulat à base de trafic de drogue, mais aussi dans la sombre violence qui semble habiter les rue de Naples, plus désolées que jamais, ainsi encore dans quelques scènes d'action rugueuses comme Friedkin sait le faire.

A cet égard, l'une des scènes finales qui succède au règlement de comptes général des plus sauvages, en pleine rue, est très belle : après une effusion de balles meurtrissant les chairs à tout va, dans une ambiance électrique, Fulci nous balance un zoom arrière cadrant une rue n'étant plus habitée que par les cadavres qui la jonche. (en passant, on mentionnera qu'on trouvait déjà en 1964 le pendant parodique de cette scène dans le sympathique Les deux évadés de Sing Sing).

Il faut souligner également que la partition bien balancée de Fabio Frizzi donne d'emblée, non pas un cachet (Fulci a assez de tempérament et de caractère pour qu'on sache qu'on est chez lui), mais une unité, voire un style. L'une des premières scènes de Contraband est une poursuite navale acharnée que le musicien finit de transformer en une espèce de ballet maritime.
Fabio Frizzi est encore là lorsque, par moments, le metteur en scène se laisse aller à son pêché mignon, à savoir une légère emphase, voir apathie ; il est vrai qu'à la demi-heure, le film peine à retrouver du rythme, et l'on est bien content de voir la partition relever la sauce, en même temps que de faire garder au film unité. On a droit alors à une dizaine de minutes légèrement fastidieuses, et il est peu dire que Fulci semble mal à l'aise avec les jeunes enfants. Ce dernier les filme souvent avec hésitation si ce n'est parfois même de façon mièvre (Croc-Blanc / La Maison près du cimetière et même Frayeurs). Simple erreur de parcours dirons-nous car le tout se pimente méchamment peu après. Difficile de lui tenir rigueur de cette lacune finalement assez négligeable au regard de l'ensemble qui pour le coup, ressemblerait presque à un carton plein. Au sens propre comme au figuré...



On ne peut pas dire pour autant que le spectateur soit lésé durant une exténuante seconde partie. S'enchainent une panoplie de meurtres en batterie plus brutaux les uns que les autres : l'extermination du clan de Luca par l'équipe de François Jacois dit "le marseillais" (Marcel Bozzuffi). Ceux-ci sont précédés du lieu, de la date et de l'heure de l'évènement ; impuissants, tout comme le héros, on assiste à l'élimination pure et simple des gêneurs. On a déjà eu le droit à un ennemi brûlé vif dans une carrière volcanique avant d'être balancé comme de la merde par la fenêtre du méchant Boss (à voir la tête tant ravagée du cadavre on a le sentiment qu'il va se relever, tant il ferait presque partie de la famille des morts vivant exploités peu avant puis dans ses deux films suivant). Pareil, afin d'avoir des renseignements sur celui qui le traque, le bon Luca se découvrira quelques talents sadiques, notamment en enfonçant lentement son couteau à-même le coeur d'un bandit à qui il tente de faire cracher le morceau, finissant d'achever son oeuvre quand bien même il aura été renseigné. Luca verra de suite le revers de la médaille : si sa violence semble légitime, elle ne pourra pour se régler, qu'être égale au sadisme de son ennemi.

Planquant sa drogue dans la culotte d'une de ses compagnes, cette dernière sera battue comme plâtre avant de se faire, pour l'exemple, allumer la gueule au chalumeau... ce qui nous vaut une scène assez insoutenable mais assez dantesque également, achevant d'emmener le film vers un maelström de tableaux cruels de morts avec des relents de comics trash. Une autre marque récurrente de l'oeuvre Fulcienne qui fait parfois penser ici à un autre grand polar ultra-violent, japonais pour celui-ci : Les menottes rouges de Yukio Noda.



Quand ailleurs, la femme de Luca est prise en otage, se faisant molester, puis violer, tandis que celui-ci est au bout du fil, totalement impuissant, réduit à l'état de poussière devant ces atrocités qu'il ne peut qu'imaginer, tout se passant par téléphone interposé, on assiste alors un à grand moment de sadisme, de cinéma dégénéré et perverti en plus d'une époustouflante violence graphique.

La trame n'est quant à elle pas pas si éloignée de celle d'un Temps du massacre dans lequel le personnage subissait tant, alors qu'il aurait simplement aimer simplement causer raisonnablement ; cependant, Fulci orchestre les temps d'attente afin que la vengeance soit la plus extrême possible, obsessionnelle, éclatant comme une cocotte-minute ; c'est du reste le cas de Fabio Testi et de son personnage.

Quant aux Gunfights et tout ce qui touche à l'action pure, quand ce n'est pas à la tension qui la précède, Fulci dirige en maître sa caméra. La Guerre des Gangs regorge de sursauts de violence les plus rageusement orchestrées qui soient en même temps d'être magnifiquement épaulés, une fois de plus, par l'admirable photographie de l'inséparable Sergio Salvati.

Après ce périple de tortures et de vengeances, la fin, sans la dévoiler, est des plus laconiques... quoi qu'il en soit, il demeure sans aucun doute un polar singulier et teigneux à découvrir. Un mélange étonnant et détonnant, atteignant l'outrance paroxystique propre à déranger le spectateur qui se serait égaré là. Bref, un fort bon Fulci.






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Pour Marcel Bozzuffi :

Je m'attarde hors-jeu un peu sur un acteur (metteur en scène également : "l'Américain" en 1969) et homme formidable, l'épatant Marcel Bozzuffi qui s'est malheureusement vu tout du long de sa carrière, réduit aux rôles de méchant de service ("Z" / "French Connection" / "Marseille contrat" / "Le juge Fayard" /... la liste est longue, en gros, la moitié de sa filmographie...), qui ma foi lui sied parfaitement, mais que de regrets pour ma part de voir cet extraordinaire acteur être confiné de la sorte en tête de liste du méchant de service.
J'ai même de manière (assez subjective) tendance à penser qu'un film avec le grand Marcel ne peut pas être entièrement mauvais, et quand celui-ci campe un personnage aussi mémorable en chef de Gang tellement barré qu'il prend son pied en mitraillant des cadavres, se fait une joie de cramer au chalumeau les jolies femmes, juste après les avoir fait violer par son homme de main ; avec Bozzufi pour le moins carnassier et peu ragoûtant, arborant la plupart du temps le sourire le plus avenant qui soit, on a droit non seulement à un méchant d'anthologie, mais qui plus est, à un excellent polar réaliste, morbide, nihiliste.



et un p'chite dédidace à l'omega man (qui j'espère ne sera pas déçu par ma chronique) ainsi qu'à Bigbonn...
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MessagePosté le: Ven Fév 16, 2007 4:03 pm    Sujet du message: Répondre en citant

enaccord8 Trés bonne critique, pour un excellent polar dont la légende prétend qu'il fut entiérement financé par de vrais contrebandiers !




icon_rambo C'est du brutal !
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mallox
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MessagePosté le: Ven Fév 16, 2007 4:06 pm    Sujet du message: Répondre en citant

The Omega Man a écrit:
la légende prétend qu'il fut entiérement financé par de vrais contrebandiers !


ça serai sympa de le rajouter en anecdote... t'as d'autres éléments là-dessus?
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xawa
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MessagePosté le: Ven Fév 16, 2007 4:28 pm    Sujet du message: Répondre en citant

C'est meme un poil plus qu'une legende , les contrebandiers l'auraient financé pour parfaire leur image de "bons voyous" face aux dealers de came ...


Un des meilleurs polars du monde .
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MessagePosté le: Ven Fév 16, 2007 4:32 pm    Sujet du message: Répondre en citant

J'avais lu l'information dans plusieurs articles, je vais voir si je les retrouve ! mais je vois que xawa la lu aussi !
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flint
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MessagePosté le: Dim Juin 23, 2013 5:43 pm    Sujet du message: Répondre en citant

Fiche dvd -



La guerre des gangs – The Ecstasy of Films

Région : Zone 2 PAL

Editeur : The Ecstasy of Films
Pays : France

Sortie film : 1980 - inédit en France (en salles)
Sortie dvd : 12 juin 2013

Durée : 93'
Image : 1.85:1 – 16/9e compatible 4/3
Audio : Dolby 2.0

Langues : français, anglais
Sous-titres : français



Bonus :

- Présentation du film par Faustò Fasulò (1'27, sur le dvd 1 en complément du film)

- Document INA, journal télévisé Antenne 2 du 4 août 1978, sur la contrebande de cigarettes à Naples (5'33)

- Lucio Fulci, un cinéaste en guerre (12'08, sous-titres anglais optionnels). Interviews de Faustò Fasulò, François Gaillard et Rurik Sallé

- « La guerre des gangs » + Interview du compositeur Fabio Frizzi (textes en anglais traduits du livret rédigé par Lionel Grenier)



- « Die Die My Darling », court métrage de François Gaillard (18'50, VF et VFSTA) suivi de trois entretiens : avec François Gaillard et Pascal Garcin, compositeur du groupe Double Dragon (29'30) ; l'équipe du film, soit les actrices Aurélie Godefroy et Jeanne Dessart, le chef opérateur Nima Rafighi, le producteur Stéphane Bouyer et le responsable des effets spéciaux et maquillages David Scherer (25'27) ; Rurik Sallé, acteur, musicien et journaliste (16'10)



- « A tout prix », court métrage de Yann Danh (15'16, VF et VFSTA) suivi de trois entretiens : « Démasqué », avec Yann Danh et le co-scénariste Mahi Bena, les acteurs Pascal Henault et Franck Sarrabas, le compositeur Anthony D'Amario (22'30) ; « The Fulci Connection », avec Yann Danh (2'46) ; « Rencontre avec David Scherer » (2'36) + supplément audio de l'émission de radio Culture Prohibée à l'occasion du Festival « Genre III » en 2012, interview de Yann Danh (21'03)



- Bande-annonce anglaise de « La guerre des gangs » (4'20)

- Bandes-annonces de l'éditeur : « La lame infernale » (paru) et « Torso » (à paraître)

- Galerie de photos

- Livret 16 pages couleurs rédigé par Lionel Grenier



Commentaire : Difficile de croire que « La guerre des gangs » n'avait pas connu de distribution dans les salles françaises à sa sortie (pour le voir, il avait fallu attendre sa commercialisation en support VHS par le biais de l'éditeur Scherzo). Dur également de penser qu'après quasiment quinze ans d'existence du dvd, le polar de Lucio Fulci n'était toujours pas disponible chez nous et qu'il fallait se contenter d'éditions étrangères chez les Américains de Blue Underground, les Néerlandais d'Italian Shock et les Danois d'Another World Entertainment, les trois éditions proposant uniquement une piste anglaise (inutile de chercher une version italienne de « La guerre des gangs » en dvd, il n'y en a pas, mais il en existe une en VHS chez Centauro Video Film).
Cet oubli a été effacé grâce à la ténacité et un sacré parcours du combattant de la part de l'éditeur indépendant The Ecstasy of Films, à qui l'on devait déjà la très belle édition de « La lame infernale ». Petits moyens et gros ennuis, pourrait-on résumer en parlant de cette jeune entreprise qui s'est lancée l'année dernière dans un marché en crise. Bref, la dernière d'une longue série de tuiles fut causée par le laboratoire responsable d'apposer les sous-titres français sur la piste anglaise. Ces sous-titres sont décalés sur les deux derniers chapitres. A la limite, cela pourrait sembler anecdotique, dans la mesure où la version anglaise n'est pas la version originale et que , en toute logique, la majorité des gens vont privilégier la piste française.



Mais l'éditeur a tenu à rectifier le tir, et par conséquent il a mis en place un service d'échange du dvd « défectueux » contre un nouveau dès que celui-ci sera prêt. Les personnes concernées peuvent se renseigner auprès de la page facebook de l'éditeur, des blogs, sites et magasins spécialisés. Les acquéreurs du coffret collector peuvent également choisir de conserver le dvd en question s'ils n'ont que faire de la version anglaise et éviter ainsi des frais postaux à tout le monde.

Esthétiquement parlant, cette édition de « La guerre des gangs » est, il faut bien l'avouer, superbe. Elle porte l'empreinte d'un éditeur soucieux de proposer un produit parfait dans les moindres détails : un fourreau avec une illustration originale style BD qui a un très beau rendu, une jaquette réversible avec deux visuels différents, comme les Anglais de Shameless et Arrow, ou le regretté Neo Publishing, un livret de 16 pages couleurs évoquant le film et son réalisateur sans oublier une interview du compositeur Fabio Frizzi, et donc deux dvd, le second contenant un arsenal de bonus.



Parlons-en, de ces bonus, d'ailleurs. En rapport direct avec le polar de Lucio Fulci, on trouve un document d'archive très instructif datant de 1978 (présenté par un certain Gérard Holtz) dans lequel un journaliste enquête sur la contrebande de cigarettes à Naples, ainsi qu'un entretien avec le trio Gaillard/Fasulò/Sallé évoquant « La guerre des gangs ».
Ensuite, The Ecstasy of Films a décidé de faire la promotion de deux courts-métrages : « Die Die My Darling » de François Gaillard (« Blackaria », « Last Caress ») et « A tout prix » de Yann Danh. Ces deux courts sont très différents l'un de l'autre mais pas pour autant dénués d'intérêt. Le premier est un délire en forme d'hommage à un certain cinéma japonais et à l'actrice Meiko Kaji (« La femme scorpion », « Lady Snowblood »), dans lequel une tueuse à gages se rend dans une boîte de nuit pour dessouder un malfrat protégé par une escouade d'amazones garde-du-corps aussi belles que dangereuses, le tout dans un esprit grindhouse assumé. Le second, beaucoup plus sérieux, évoque sous fond de crise sociale le kidnapping d'un PDG venant de liquider son entreprise, s'étant octroyé un confortable parachute doré sans se soucier du sort de ses ouvriers mis au chômage. Trois d'entre eux ont donc décidé de l'enlever et de demander une rançon. Parallèlement à cette affaire, un sénateur tente de faire appliquer une loi réprimant sévèrement les salariés qui menacent leurs patrons.



La question que peut soulever l'apport de ces deux courts-métrages au sein des bonus est de savoir s'ils s'avèrent utiles, dans la mesure où ils ne présentent pas un rapport direct avec « La guerre des gangs ». Qu'ils soient indispensables ou non, on peut effectivement se le demander, mais l'idée n'en est pas moins louable car elle permet de mettre un coup de projecteur sur les réalisateurs de courts à qui l'on ne donne pas souvent l'occasion d'exister (et de s'exprimer), en dehors de certains festivals. Et puis, l'idée existait déjà, puisqu'il y a quelques années l'éditeur One Plus One avait usé de ce concept avec la commercialisation de trois titres de Mario Bava (« Une hache pour la lune de miel », « Lisa et le Diable » et « Baron Vampire »). On peut être dérouté de prime abord par une telle démarche, mais au final ces courts valent largement le détour et les divers entretiens avec les protagonistes de « Die Die My Darling » et « A tout prix » permettent d'apprendre beaucoup de chose sur les difficultés à mettre en place de tels projets.

Bon, avec plus de 2h30 de bonus vidéo (et une vingtaine en audio avec l'émission de radio Culture Prohibée), on aurait tendance à oublier quand même le principal : on peut enfin voir « La guerre des gangs » en français, avec une image et un son satisfaisants. Cette édition est limitée à 1 000 exemplaires, et si je peux vous donner un conseil : achetez-là, d'une part parce qu'elle le mérite (elle a de la « gueule », pourrait-on dire) ; d'autre part parce que l'avenir de The Ecstasy of Films dépend des ventes de ses deux premiers titres. Alors, faites un petit effort, surtout que le superbe giallo de Sergio Martino, « Torso », est désormais en point de mire.

Note : 9/10

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Valor
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MessagePosté le: Mer Oct 23, 2013 9:49 am    Sujet du message: Répondre en citant

Un petit bilan de l'aventure The Ecstasy Of Films, pour ceux qui ne les suivent pas sur FB (extraits) :

Tuco De La Iglesia a écrit:
650 ventes de LA GUERRE DES GANGS, j'en reste encore sur le cul. Si le CNC ne vient pas à la rescousse, c'est juste un méga four. Je ne comprends pas ce qu'il y a avec le polar italien en France. Ca ne marche pas et et en plus un FULCI inédit et majeur...


Tuco De La Iglesia a écrit:
Mais bon, je vais relativiser car l'entreprise est jeune et à fait un sacré bout de chemin en un an. Certains des clients qui achètent une édition, prennent l'autre dans la foulé les yeux fermés car ils savent qu'il y a un gros boulot éditorial de passionné et surtout de la qualité. Je pense que le salut de la boite viendra également de là. J'ai voulu élargir les ventes à l'étranger avec la version anglaise sur LA GUERRE DES GANGS ainsi que mettre des sous titres anglais sur un docu et les deux courts. Verdict, il y a eu en gros une trentaine de vente. Le sous titrage est le plus gros cout dans le domaine de l'édition. Un sous titrage de film + un commentaire audio, tu n'es pas loin de 3000 euros quand même alors si le titre ne fonctionne pas, c'est une perte énorme !!! J'ai fait 1000 exemplaires sur LA LAME INFERNALE à 13 euros pensant aux personnes qui n'ont pas beaucoup d'argent à mettre dedans et de ne pas les exclure jugeant que de tel film doive être vu par tous pour les faire découvrir et redécouvrir. Verdict 300 ventes et même à 7.50 euros et 5 euros, c'est la galère. L'édition limitée est bientôt "sold out" à 15/20 euros que la simple non à 5 euros ?! Va comprendre ?! Ou plutôt si, ce marché de niche est pour les collectionneurs qui peuvent mettre 15 à 25 euros voir plus. Le problème de la SACEM si tu fais un tirage de 2000 unités et qu'il t'en reste 800 unités sur les bras. Tu payes la SACEM et cela te revient moins chero mais il te reste sur les bras ! De toute manière, il est clair que le CNC fait vivre le marché vidéo en France sinon ce n'est pas possible. Un indépendant ne peut sortir de tel titre sans une aide en cherchant à faire des éditions qui sortent de l'ordinaire pas possible surtout dans un marché de niche !


Tuco De La Iglesia a écrit:
Avec LA MARQUE DU DIABLE, je prends des risques encore une fois comme je le fais depuis le début en limitant à 666 ex avec un fourreau, jaquette réversible, livret de presque 30 pages réédition du MONSTER BIS n°24... et je vais tenter de le vendre à 15/16 euros mais encore une fois je le ferais pour le fun pas de marge d'erreur ni de bénéfice monstrueux pour réinvestir et cela seulement pour faire découvrir et redécouvrir le film à tous dans une version intégrale avec un superbe écrin. Bref, je vois la ligne éditoriale et mes DVD comme un objet avec une âme, une vie, d'artisan.... pas un produit commerciale. Il y a des personnes derrière moi que je remercie au plus haut point qui sont des passionnés ne rechignant pas à bosser gratuitement pour leur plaisir de cinéphile de voir ses films enfin édité dans de belle condition. Alors mon seul plaisir serait de voir les éditions fonctionnaient un minimum pour pouvoir réinvestir dans d'autres films et en faire découvrir le plus possible dans de belle condition. En France, nous avons le droit également d'avoir du cinéma de genre en DVD dans de belle édition mais il faut prendre conscience qu'il faut suivre des petits éditeurs pour qu'ils grandissent et qu'enfin il puisse nous offrir le film mineur de SF que l'on attend depuis des lustres. L’Angleterre y arrive et l'Allemagne également pourquoi on aurait pas le droit à cela en France ! Il faut juste une petite prise de conscience et un effort des éditeurs comme des clients.
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MessagePosté le: Mer Oct 23, 2013 10:05 am    Sujet du message: Répondre en citant

Je ne suis hélas pas surpris. Les ventes sont faibles, comme souvent chez les petits éditeurs. X-Rated Kult, Camera Obscura en Allemagne, Shameless en Angleterre ne doivent pas avoir non plus des résultats mirobolants, malgré la qualité de leurs produits.
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MessagePosté le: Mer Oct 23, 2013 10:11 am    Sujet du message: Répondre en citant

J'y crois pas qu'il me vole mon mur celui-là ! frank_PDT_16
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MessagePosté le: Mer Oct 23, 2013 10:38 am    Sujet du message: Répondre en citant

Pas plus surpris que cela des difficultés à vendre des dvd, que ce soit du polar italien ou autre.

Il faudra bien un jour ou l'autre se rendre à l'évidence : les habitudes de consommation (appelons les choses par leur nom) ont changé avec le développement du numérique et le support physique n'est probablement pas l'avenir pour les films ayant terminé depuis longtemps leur carrière au cinéma (et même pour les plus récents à faible audience).

D'ailleurs, suffit de faire un tour dans les commerces comme la Fnac pour se rendre compte que leurs orientations ont changé et que leurs rayons musique et cinéma se sont réduits considérablement (en tout cas pour les deux qu'ils m'arrivent de fréquenter). Le tout au profit de... mixers et autres ustensiles de cuisine, par exemple, d'outils liés à l'image et au son, également, ainsi qu'à l'informatique.

Et puis, même à prix modique, ou considéré tel par un éditeur (je parle des 10/15€), l'achat d'un dvd représente une somme, surtout lorsqu'on a tendance à en acheter pas mal.
Sans parler de la place qu'ils prennent ensuite. Ni même parler de la politique absurde des prix pratiqués : des prix verts, puis des prix qui remontent en flèche, avant la grande braderie et des prix dérisoires, qui rechangent peu de temps après. Ce grand yo-yo des prix fait qu'à présent je n'achète plus jamais un dvd à plus de 10€. Si c'est à plus, j'attends, tout simplement (si je veux vraiment l'acheter).

Même sur les brocantes, où j'en ai revendu pas mal, les quelques intéressés étaient le plus souvent du genre masculin et quinquagénaires, ce qui limite la diffusion, et en tout cas pas prêts à débourser plus d'un euro ou 2 pour des dvd en parfait état, et même plutôt moins si c'était possible.

Bref, la dématérialisation est en marche et faudra bien en tenir compte pour l'avenir, content ou pas.
A moins de vouloir foncer dans des murs...
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MessagePosté le: Mer Oct 23, 2013 4:37 pm    Sujet du message: Répondre en citant

C'est quoi d'ailleurs les ventes moyennes de DVD pour les petits éditeurs francophones? suspect
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MessagePosté le: Mer Oct 23, 2013 6:40 pm    Sujet du message: Répondre en citant

Je crois me souvenir que c'est un peu pareil pour Bach : 600 environ... C'est rentable pour les titres libres de droits mais pas assez pour les films plus chers comme certains titres de la collection Cinéma Mexicain... icon_confused
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sigtuna
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MessagePosté le: Mer Oct 23, 2013 7:48 pm    Sujet du message: Répondre en citant

Merci pour l'info. enaccord8
C'est hélas plus ou moins ce à quoi je m’attendais.
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MessagePosté le: Jeu Oct 24, 2013 1:32 pm    Sujet du message: Répondre en citant

En même temps Contraband arrive bcp trop tard, qui ne l'avait pas déja dans sa collec ? français comme étrangers d'ailleurs!

C'est un peu pareil pour Mark of the devil.. qui va racheter ce titre en dvd ? surtout que le film est dispo en HD depuis plusieurs mois.

Je pense qu'il y a un gros problème au niveau du choix des titres!

Après vendre 650 Fulci sur 1000 en une année je trouve que c'est pas mal.
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MessagePosté le: Jeu Oct 24, 2013 3:09 pm    Sujet du message: Répondre en citant

crevardo a écrit:
En même temps Contraband arrive bcp trop tard, qui ne l'avait pas déja dans sa collec ? français comme étrangers d'ailleurs!

C'est un peu pareil pour Mark of the devil.. qui va racheter ce titre en dvd ?

Ceux qui veulent la VF et les ST français ?
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