Meurtre en 24 images/seconde
Genre: Drame
Année: 1972
Pays d'origine: France
Réalisateur: Tadeus Matucheswky
Casting:
Michel Peyrelon, Geneviève Thenier, Georges Berthomieu, Ludia Lorenz, Monique Lejeune, Denise Perron, Jerry Brouer, Jean François Jacottin, Periana Verin...
Aka: La Vierge / Les dernières heures d'une Vierge
 

Après quatre ans d'absence, le célèbre cinéaste Ivan Revol revient sur le devant de la scène, promettant à la presse un film au genre nouveau et recherchant la future interprète de ce dernier. Valérie, jeune femme timide mais ô combien charmante, réussira les essais avec succès. Quelques semaines plus tard, elle sera donc convoquée dans la campagnarde demeure d'Ivan Revol, située aux environs de Paris. Celui-ci, grand chef manipulateur de ce projet, aura aussi invité ses amis qui constituent, à eux seuls, une véritable petite troupe de techniciens et autres acteurs pratiquant alors les formes les plus pures de l'érotisme. Recréant chez lui un véritable studio, chacun, par la suite, jouera un rôle auprès de Valérie, laissant libre cours à des idées peu communes et donnant lieux à des scènes intrigantes pour une soirée des plus machiavéliques. En maître de cérémonie vers lequel tout converge et rien n'échappe, Ivan fera mine de filmer certaines scènes pour en fait mieux immortaliser, par le biais d'une seconde caméra tournant en permanence, les moments les plus glauques de cette soirée.

 


"Meurtre en 24 images/seconde" est un film dont on parle peu. En effet, si les informations à son propos se font rares sous le titre précédemment cité, la pénurie reste tout autant aux aguets avec ses "AKA" : "La Vierge", ou encore "Les dernières heures d'une vierge". Réalisé en 1972 par un énigmatique Tadeus Matucheswky, tout reste encore à découvrir à son sujet. Un énigmatique réalisateur ? Oui, car ce nom a tout l'air d'être un pseudonyme. L'hypothèse venant alors à se présenter est celle supposant que le producteur du film, ici Lucien Hustaix, aurait pu en être son auteur. Ce dernier, on le connait pour quelques pornos plus que moyens tels que "Les Jouisseuses", "Il était une fois… la chatte mouillée", ou encore "Les Tripoteuses" ; et bien qu'il ait pu être le dit réalisateur de "La Vierge", on pourrait aussi reléguer cet agréable rôle à l'un de ses proches, tenté par la grande aventure du cinéma.

 


Côté casting, on y trouve un Michel Peyrelon en réalisateur barré, et un certain Georges Berthomieu en assistant aux convictions non négociables. Si le premier est plutôt connu dans le cinéma français pour avoir joué dans des films tel que "Les Valseuses" de Bertrand Blier, ou encore "Les Vierges" de Jean-Pierre Mocky, le second semble avoir réalisé une carrière des plus discrètes. On le retrouve par exemple en doubleur de Séraphin Lampion dans la série animée Tintin des années 90 ou encore dans un film d'Alex Joffé ("Du rififi chez les femmes"). Quoiqu'il en soit, Michel Peyrelon nous offre pour le coup une performance originale, inspirée et à laquelle on ne s'attendait pas forcément. Il incarne ici un homme au penchant diabolique certain, oscillant entre une folie plus que confirmée et un talent qu'il ne doit plus démontrer. Il faudra aussi noter la présence de Ludia Lorenz, seconde tête d'affiche, aux nombreux charmes, ayant certes peu tournée mais que l'on retrouve dans "Le Désirable et le Sublime" de José Bénazéraf. Pour l'anecdote, ce serait à priori le seul film de son scénariste Serge Agopian, tout comme l'unique production de la maison "Les Productions Vyrginen" (comme par hasard).

 


"Meurtre en 24 images/seconde", en plus d'être une oeuvre quasi invisible, est un film distillant une atmosphère très froide. Aspirant à des allures aussi érotiques qu'expérimentales, il embarque/dirige le spectateur dans un monde inconnu de la même manière qu'Ivan Revol le fera avec Valérie au cours du film. En réalisateur inconnu, on peut aussi dire que Tadeus Matucheswky se permet tout, réduisant alors le spectateur à son état originel : humble et innocente victime manipulée par l'image. En effet, si les codes du film se montrent par la suite très resserrés, insufflant au métrage une allure des plus hypnotiques, ce sera pour mieux étouffer le spectateur. Doté d'une mise en scène et d'une photographie "sous-pression" impeccable de Jean Kerby (photographe aussi sur "Une journée bien remplie" et "Les Voraces"), jouant ici avec ses lumières, nous voilà face à un film peu commun qui a su réunir et utiliser à bon escient le savoir-faire de réels artisans (à noter une scène de dégustation mammaire à la confiture ainsi qu'une "séquence de salle de bain" avec deux demoiselles particulièrement savoureuses). "La Vierge" est donc, du point de vue esthétique, une réussite totale : à la fois voyage visuel oppressant et objet aux formes fascinantes et nouvelles, nombreux sont les éléments contribuant à faire oublier à l'ensemble sa simplicité apparente.

 


On peut effectivement parler de "simplicité apparente" avec "La Vierge", car le pesant non apparent de son intrigue fait du film une oeuvre "à réflexion", propre à faire cogiter. Du point de vue narratif, Tadeus Matucheswky propose donc un rythme constitué d'ellipses, un rythme que l'on pourrait qualifier de "libre" et qui, au même titre que les images, dessert l'histoire en la suivant au plus près. De même, il donne l'impression de vouloir plus ou moins "bousculer" le spectateur dans sa propre réflexion. Si la trame s'éloigne en effet de toute linéarité, c'est aussi et parce que le réalisateur a eu la bonne idée de laisser libre cours aux images et à leur sens, ces dernières s'enchaînant alors de manière logique (voir ces gros plans sur les visages de l'équipe) mais sans pour autant être agrémentées d'un infâme lot d'explications redondantes qui aurait pu alourdir l'ensemble, si ce n'est le rendre incompréhensible (on pourrait à ce titre regarder le film sans le son, sans que le sens s'y perde en route). Enfin, il est possible que le spectateur soit quelque peu déçu vis à vis du faible quota de scènes palpitantes ; le film, pouvant dès lors devenir assez lent, se verra tout de même rehaussée par sa qualité technique incontestable. Qu'importe, tout cela ne reste avant tout qu'une simple et bonne affaire d'humeur.

 


Bref, que doit-on penser d'un tel film ? Je ne peux pas vous le dire et il sera donc dans la mesure de chacun de proposer une étude plus fouillée, des hypothèses plus concrètes, afin que l'on puisse, un jour, révéler le mystère de ce film et de son réalisateur.



The Hard
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