Portier de nuit
Titre original: Il portiere di notte
Genre: Drame
Année: 1974
Pays d'origine: Italie
Réalisateur: Liliana Cavani
Casting:
Dirk Bogarde, Charlotte Rampling, Philippe Leroy, Isa Miranda, Gabrielle Ferzetti...
Aka: The Night Porter
 

Vienne, années 50 - Max, un homme apparemment tranquille et réservé, vit une existence solitaire. Il travaille comme veilleur de nuit dans un grand hôtel, saluant les invités fortunés avec un sourire bienveillant. Son rôle est de tout faire pour assurer le moindre des désirs des hôtes, surtout des plus influents, dans une totale discrétion. Le modèle même de la bienséance en public se fissure lorsqu'il agit dans le cadre privé auprès de certains des habitués de l'hôtel.
Car Max a un secret. C'est un ancien officier SS ayant opéré dans un camp de concentration. Il entretient au travers de son emploi des relations avec d'autres anciens dignitaires du régime nazi, dont le but primordial est de camoufler les preuves de leurs anciens crimes.

Alors qu'il croyait le passé mort et enterré, l'impensable se produit. Une ancienne déportée du camp où il officiait entre dans le hall de l'hôtel. Très vite, on apprendra quelles ont été les relations entre les deux personnages. Au début, rapport de bourreau à prisonnière terrorisée, la relation se transforme vite en un lien sadomasochiste fort et consenti par les deux parties.

Poussé par les anciens nazis de son entourage à l'éliminer, Max va se rendre compte non seulement qu'il est toujours obsédé par elle, mais que ceci est réciproque.

 

 

Censuré ou carrément interdit dans de nombreux pays, Portier de nuit fut en son temps un film qui fit scandale. Les thèmes abordés et l'approche de ceux-ci peuvent encore aujourd'hui procurer une sorte de malaise à sa vision, bien que l'on se situe à des années-lumière du genre que ce long-métrage va inaugurer : le Nazisploitation, et son mauvais goût assumé pour l'érotisation SM et fétichiste des rapports entre tortionnaires et prisonniers.
Portier de nuit est une histoire d'amour tordue et erronée entre deux "cassés" de la vie, ne pouvant apparemment pas faire abstraction d'un passé particulièrement éprouvant. C'est probablement dans cette volonté de mettre sur le même plan les souffrances subies par les deux protagonistes que le film se montre si déstabilisent.
Si, sous l'histoire d'amour perverse, Portier de Nuit aborde également quelques thèmes inédits au cinéma à l'époque : séquelles psychologiques de la guerre, culpabilité des survivants, justice des vainqueurs ; c'est surtout l'idée même qu'une femme puisse être éperdument amoureuse d'un homme qui l'a abusée et même brutalisée qui provoqua la controverse.

 

 

Prenant partie de travailler l'aspect psychologique de ses deux personnages principaux, Liliana Cavani joue en permanence de la complexité des rapports humains. Rien ne devrait rapprocher ces deux personnages, et pourtant ils ne peuvent pas vivre l'un sans l'autre.
Max semble à la fois détester son passé pour les horreurs qu'il a commises, tout en regrettant le temps où il avait une certaine forme de pouvoir et d'influence qu'il n' a plus.
Lucia, quant à elle, reste traumatisée par ce qu'elle a vécu, mais elle reste dépendante de la personne qui lui a dévoilé une partie fangeuse de son identité. Répulsion et attraction s'entremêlent de plus en plus fortement entre les deux amants, pour s'achever de manière évidemment tragique et sordide.
Reste que, à l'exception de quelques séquences marquantes et notamment celle voyant la Rampling, coiffée d'une casquette nazie, chanter seins nus devant un parterre d'officiers SS ; Portier de nuit comporte très peu de scènes réellement licencieuses, et le film sombre pendant de longues minutes dans une forme d'ennui que l'on qualifiera de poli.
La volonté affichée de la réalisatrice de faire une oeuvre "auteurisante" casse souvent la portée du message. Et la mise en scène s'avère aussi plate que celle des seconds rôles relégués au rang de faire valoir.

 

 

Au niveau des acteurs, pas grand chose à dire d'autre que Dirk Borgarde et Charlotte Rampling sont impeccables dans leurs rôles. Quoiqu'il faille tout de même aimer le style bien particulier du sieur, dont on a l'impression qu'il ne change guère de film en film et ce, quel que soit le personnage qu'il joue (il n'arrête pas de mourir à Venise, c'est pénible).
On notera aussi, pour l'anecdote, la présence d'acteurs ayant fait une bonne partie de leur carrière dans le bis italien : Philippe Leroy dans le rôle de Klaus ("Un omicidio perfetto a termine di legge", Le château des morts-vivants, Seul contre Rome, Le duo de la mort, "La guerre des gangs" de Lenzi, "Mannaja" etc...), ou Gabriele Ferzetti dans celui de Hans (L'emmurée vivante, "Les Intouchables", "Il était une fois dans l'ouest" - dans le rôle du patron du chemin de fer - etc...)

Certes, c'est une oeuvre complexe, parfois fascinante et superposant plusieurs couches thématiques, mais son statut de film culte est plus justifié par le scandale qui l'entoure que par
un réel plaisir du spectateur à sa vision. Mais c'est probablement un avis que tout le monde ne partagera pas.

 

 

Camif


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