Masque, Le
Titre original: The Bat
Genre: Thriller , Policier , Murder party
Année: 1959
Pays d'origine: Etats-Unis
Réalisateur: Crane Wilbur
Casting:
Vincent Price, Agnes Moorehead, Gavin Gordon, John Sutton, Lenita Lane, Elaine Edwards, Darla Hood...
Aka: Das Biest / Il mostro che uccide
 

Un écrivain renommé, Cornelia van Gorder, décide de passer l'été dans un coin tranquille près de petite ville de Zenith. Elle loue une vaste propriété, "Les Chênes", qui appartient à John Fleming, le PDG de la banque de Zenith. Actuellement absent (il est parti chasser dans le nord du pays avec son ami, le docteur Malcolm Wells), c'est son neveu, Mark Fleming, qui a conclu la transaction.
Cornelia van Gorder, qui pensait trouver le calme et la sérénité en venant ici, va vite déchanter, pour deux raisons. Tout d'abord, la région a été, durant le dernier hiver, le théâtre des opérations d'un dangereux criminel surnommé The Bat (Le Masque dans la VF). Le visage masqué, il tue violemment ses victimes par lacérations et utilise des chauves-souris lors de ses forfaits. On ne sait qui il est, ni ce qu'il est devenu, mais pour tous les habitants de la région, nul doute qu'il va bientôt revenir. Ensuite, il se trouve que John Fleming a détourné un million de dollars dans sa propre banque, des titres au porteur qu'il a remplacé par de l'argent liquide. Il a dissimulé le magot dans sa propriété des Chênes, ignorant que la bâtisse a depuis été louée. Fier de son forfait, il dévoile tout à son ami et confident, le Dr Wells. Fleming veut que son ami le fasse passer pour mort, puis le rapatrie dans son caveau familial où, en toute quiétude, il pourra remettre la main sur son butin avant de filer à l'anglaise. Wells se retrouve face à un ultimatum : soit il coopère, et Fleming lui versera la moitié de l'argent détourné, soit il refuse et Fleming se verra dans l'obligation de le faire taire à jamais. Le médecin fait mine d'accepter mais il profite d'une diversion pour abattre Fleming avec un fusil. Et si le docteur Wells était le Masque ? Dans ce cas, Cornelia et son entourage courent un grave danger...

 

 

The Bat est à l'origine une pièce de théâtre écrite en duo par la romancière américaine Mary Roberts Rinehart et son compatriote dramaturge Avery Hopwood, en 1920. La pièce fut un tel succès à Broadway qu'elle va être ensuite adaptée au cinéma en 1926 et en 1930, les deux fois par Roland West (la deuxième version s'appelant "The Bat Whispers"). Pour l'anecdote, le costume que portait le criminel dans cette deuxième version inspira Bob Kane lorsqu'il créa son personnage de Batman.
Le Masque, version Crane Wilbur, est donc la troisième et dernière adaptation, à ce jour, du mystérieux criminel. Il ne porte plus la cape mais son aspect, visage dissimulé sous un collant noir, chapeau et gants (dont l'un serti de griffes métalliques), sera peut-être à son tour une source d'inspiration pour Mario Bava lorsqu'il tournera Six femmes pour l'assassin quelques années plus tard.
Le scénario est relativement simple, puisqu'il s'agit d'un huis-clos se passant dans un vaste manoir dans lequel un trésor a été caché, et qui est convoité par un dangereux criminel. Aussi bien ce dernier que les occupants de la maison vont se mettre en quête de trouver ce magot. Recherches d'indices, passages secrets, personnages au comportement suspect sont donc au rendez-vous pour un film qui possède tous les ingrédients de la murder-party. Les murder parties sont des jeux de rôle grandeur nature se déroulant à huis-clos, des soirées enquêtes où les protagonistes endossent un rôle et essaient de résoudre un crime en trouvant des indices qui permettront de démasquer le coupable. Les murder parties existent officiellement depuis le début du XXème siècle (même si l'on dit que la marquise de Sévigné organisait à son époque des soirées-mystère), et elles sont entre autres à l'origine du jeu du Cluedo, inventé en 1943 par Anthony Pratt.

 

 

Crane Wilbur, qui fut tour à tour acteur, scénariste et réalisateur, était le neveu de Tyrone Power Sr. En tant qu'acteur, il connut son heure de gloire dans le serial "The Perils of Pauline", dans lequel il partageait la vedette avec Pearl White. Il a mis en scène une quarantaine de films, sur une longue période allant de 1916 à 1962. Si la plupart de ses oeuvres demeurent méconnues en Europe, notons toutefois que son premier film parlant, "Tomorrow's Children" (1934), mériterait de sortir de l'oubli dans la mesure où il traite d'un sujet toujours bien d'actualité : l'eugénisme. A l'époque de sa sortie, le film fit d'ailleurs scandale et fut victime de la censure.
The Bat n'est pas à proprement parler un chef d'oeuvre, tout juste pourra-t-on dire qu'il s'agit d'une oeuvre estimable portée par quelques acteurs au talent indiscutable, dont Vincent Price et Agnes Moorehead. Avant d'être immortalisée (à ses dépends) pour son rôle inoubliable d'Endora dans la série TV "Ma sorcière bien aimée", qu'elle interpréta 152 fois entre 1964 et 1972, on aurait tendance à oublier qu'Agnes Moorehead obtînt la consécration dès son premier rôle au cinéma, à savoir en 1941 dans le "Citizen Kane" d'Orson Welles. L'actrice confirmera d'ailleurs toute l'étendue de son talent l'année suivante, dans "La splendeur des Amberson". Avant The Bat, elle aura déjà eu l'occasion de croiser Vincent Price en 1957, sur le tournage de "The Story of Mankind". On la verra une dernière fois au cinéma dans un film d'horreur, "Dear Dead Delilah", en 1972.
Dans The Bat, elle compose une femme écrivain pleine de sang froid et de bon sens ; l'archétype de la femme moderne, qui n'est plus réduite au simple rôle de la victime ou de la compagne du héros, mais une femme forte, pertinente et drôle.

 

 

A ses côtés, Vincent Price est comme toujours impeccable. Elégant, inquiétant, il crève lui aussi l'écran. A l'époque, il sortait du tournage de "La mouche noire" (1958). L'année 1959 allait lui être prolifique, avec The Bat, La nuit de tous les mystères, Le désosseur de cadavres et "Le retour de la mouche". Et l'année suivante, il commençait une formidable collaboration avec Roger Corman dans un cycle consacré à Edgar Allan Poe. Une association remarquable aboutissant à sept chefs-d'oeuvre, depuis La chute de la maison Usher jusqu'à La tombe de Ligeia. Dans le film de Wilbur, Price interprète un personnage ambigu, suscitant autant la crainte que la sympathie, et le spectateur se demande longtemps s'il est ou non le fameux "Masque".
Concernant les seconds rôles, on retiendra les prestations convaincantes de Gavin Gordon, jouant le flic de service, et qui incarnait Lord Byron dans "La fiancée de Frankenstein" (1935). John Sutton, le chauffeur/majordome/homme à tout faire de Cornelia possède la particularité d'avoir joué auparavant avec le duo vedette de ce film, puisqu'il était avec Agnes Moorehead dans "Jane Eyre" (1943), et avec Vincent Price dans "Le retour de l'homme invisible" (1940 – et en 1959, il le retrouvera aussi dans "Le retour de la mouche"). Enfin, Elaine Edwards fut l'héroïne du film "Curse of the Faceless Man" en 1957.
En définitive, et malgré un sujet archi-classique, Le Masque demeure un spectacle divertissant avec quelques rebondissements, et un aspect whodunit réussi, puisque l'identité du criminel n'est révélée qu'à la toute fin, dans l'esprit des romans policiers se déroulant à huis-clos. Le film n'est d'ailleurs pas très éloigné, au niveau de l'ambiance, des krimis d'Edgar Wallace que la Rialto allait commencer à exploiter en cette même année 1959, avec "La grenouille attaque Scotland Yard". Alors, qui se cache derrière "Le Masque" ? Tachez de le découvrir, mais prenez garde car, comme le dit le slogan : "When it flies... someone dies" !

 

 

Flint


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