Descente aux Enfers
Titre original: Vice Squad
Genre: Polar
Année: 1982
Pays d'origine: Etats-Unis
Réalisateur: Gary A Sherman
Casting:
Gary Swanson, Wings Hauser, Season Hubley, Pepe Serna, Nina Blackwood...
 

Suite au décès d'une de ces amies battue à mort par un dénommé Ramrod, Princesse décide de collaborer avec l'inspecteur Walsh afin qu'il puisse appréhender le meurtrier. L'arrestation est réussie et Princesse retourne au tapin, mais Ramrod réussit à s'évader et est bien décidé à se venger. L'inspecteur n'a plus que le reste de la soirée pour retrouver Princesse et arrêter Ramrod.
En général on a peu de chance de croiser une "Princesse" au coin d'une rue, pourtant celle que nous présente le film, vous aurez beaucoup de chance de la trouver au bord d'un trottoir et si vous avez cinquante cinq dollars en poche vous pourrez même passer un agréable moment en sa compagnie ou plus. En effet "Vice Squad" nous offre un voyage dans un quartier chaud d'une ville américaine. La fameuse "Princesse" y exerce le plus vieux métier du monde, chaque nuit elle arpente sous les néons criards le même bout de trottoir, entourée d'une faune hétéroclite comprenant ces amies tapineuses, souteneurs, drogués, pd cuir (tendance grosse moustache), mendiants et quidam à la recherche de plaisirs interdits. Dans ce monde perdu ou se mêle plaisir, souffrance et dépravation, certains sont plus dans leur élément que d'autre.
C'est le cas de Ramrod, maquereau psychopathe et sadique, qui ramène les brebis égarées a coups de cintre (croyez-moi après avoir vu ce film vous ne regarderez plus ce petit ustensile de la même manière). Enfin pour maintenir un semblant d'ordre et limiter les dégâts dans ce "no man’s land", il y a le cynique inspecteur Tom Walsh et son équipe la "Vice Squad". Leur job éviter que tous cela ne déborde et aille importuner les braves et honnêtes citoyens (les mêmes qui viennent incognito se faire faire de petites gâteries). Pendant une (longue) nuit nous allons suivre ces trois personnages dont les destinées vont continuellement se croiser, pour finir par l'inéluctable.

 

 

Le film nous montre la prostitution comme un métier dangereux, sordide et routinier ou se côtoie douleur, soumission, vexation et mauvais traitements. Les filles qui l'exercent sont souvent considérées comme de vulgaire morceau de viande, comme le montre le sort peu enviable des pauvres qui tombent entre les mains de Ramrod. Pourtant comme on peut le constater en suivant "Princesse" et ces divers clients, la prostituée peut aussi devenir suivant les passes, une confidente (le vieux), une thérapeute (le paraplégique), un fantasme (la scène de la mariée) ou un simple amusement (une golden shower). Toujours surveillées du coin de l'oeil par les forces de l'ordre dont la tolérance n'a rien de gratuite, en effets si les filles attirent autour d'elles toute une faune dont pas mal de tordus et de tarés, au moins on sait ou les trouver !
En partie inspirée de faits réels (le réalisateur a passé plusieurs nuits avec la vraie vice squad) le film ne porte jamais de jugement, il offre seulement une vision sans concession ni complaisance. Contrairement à certaines productions plus moralisatrices, la gentille pute ne sera pas sauvée du vice par le gentil flic, pas de mea culpa. Le film se clôture d'ailleurs par une fin d'un cynisme incroyable. "Princesse" allongée sur une civière suite au traitement "spéciale" de Ramrod, demande au flic pourquoi il a fait tout cela, alors que la prochaine nuit tout recommencera inlassablement. Elle reprendra le tapin alors que son sauveur retournera à ces arrestations minables, une seule différence un taré de moins dans les rues. Mais pour l'inspecteur rongé par la frustration, il aura au moins une fois la satisfaction d'avoir fait quelque chose d'utile. Résumé comme ça on a l'impression d'être dans un mauvais mélo, rassurez-vous "Vice Squad" reste un vrai film d'exploitation sauvage et violent.
Une petite merveille qui ne serait pas ce qu'elle est sans le personnage du souteneur cinglé (Ramrod) interprété avec talent par Wings Hauser (un spécialiste du genre). Les scènes d'actions ou il apparaît sont comme des éclairs de violence ou sa folie et son agressivité animale éclatent. Son arrestation, son évasion et surtout l'affrontement final avec l'inspecteur, sont des moments particulièrement jubilatoires. Il faut voir le policier pointer son arme à travers le pare-brise de sa voiture, attendant que le tueur littéralement pris en étau entre le pare-chocs et un mur, ne fasse un geste. C'est tout simplement une de meilleures scènes qu'on ait pu voir dans un polar, de plus c'est une référence directe à "Dirty Harry" puisque c'était une de pose de Clint sur l'affiche "The Enforcer".

 

 

Gary Sherman avait débuté sa carrière par deux films fort réussis "Death Line" et surtout "Réincarnation", "Vice Squad" était sont 3ème long métrage et tout les espoirs étaient permis pour l'avenir, malheureusement la suite de sa carrière ne fut guerre brillante enchaînant films de commande ("Poltergeist 3") et déception ("Mort ou Vif"), pour finir à la télévision ("Poltergeist, la série" décidément !).
Le film a révélé l'acteur Wings Hauser alors cantonner dans les soap, son interprétation complètement ahurissant et hallucinée de Ramrod fait froid dans le dos et son personnage est l'un des plus beau salopard que le polar nous a donné (a égalité avec le mémorable "Scorpio" de "Dirty Harry"), il n'a d'ailleurs jamais fait mieux depuis. Face à lui l'ex femme de Kurt Russel, Susan Hubley (aperçue dans "New York 1997" et surtout "Hardcore"), est parfaite en prostituée au grand coeur et mère de famille dont la seule joie est sa petite fille. Son interprétation juste apporte beaucoup d'humanité à son personnage. Une femme forte et fragile à la fois, qui garde un code d'honneur et sa dignité malgré son métier ingrat et dangereux (on pense par moment au "Gloria" de Cassavetes), c'est pour cette raison qu'elle accepte à contre coeur d'aider la police a coincer Ramrod.
Gary Sherman nous livre un polar noir, violent, sordide et sans concession, un voyage palpable au coeur du vice, sublimé par la superbe photographie de John Alcott (Barry Lindon) qui restitue comme personne les néons multicolore se reflétant sur les trottoirs mouillés, les tenues bariolées (style Sheila année disco) et les maquillages colorés des filles. "Descente aux enfers" le titre français ne saurait mieux résumer ce polar urbain dur, incisif et violent, un film d'exploitation de grande qualité, qui inspira d'autres productions dont le fameux "New York 2h du Matin" de Ferrara ou la série des "Angel" ! A voir.

 

 

The Omega Man
 
A propos du film :
 
# Sortit en VHS à l'époque chez la regrettée Embassy, le film est aussi disponible en DVD zone 1dans une édition de très bonne qualité (Anchor Bay).
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