Enfer Mécanique
Titre original: The Car
Genre: Thriller , Fantastique
Année: 1977
Pays d'origine: Etats-Unis
Réalisateur: Elliot Silverstein
Casting:
James Brolin, Kathleen Lloyd, John Marley, Ronny Cox, John Rubinstein, R.G. Armstrong...
 

Dans une région du Sud-Ouest américain, une voiture mystérieuse fait des ravages, renversant tout d'abord deux cyclistes, puis un auto-stoppeur. Un témoin affirme n'avoir pas vu de chauffeur au volant et alors que les incidents du même type se multiplient, le shérif tente de tendre un piège à la voiture diabolique...
"Enfer Mécanique" a beau innover avec sa voiture hantée, ce n'est pas un grand film. Certes, ce n'est pas un mauvais film non plus, et c'est même plutôt pas mal. A la vision du film on pensera forcément aux deux grands axes "Spielbergiens" que sont "Duel" et "Les Dents de la mer". Le premier pour la voiture déchaînée qui fait des ravages, le second au niveau scénaristique. C'est simple, changez le requin par une limousine noire, mettez un sheriff au sein d'une ville menacée, qui plus est tiraillé par des enjeux politico-économiques et hop l'affaire est dans le sac (le coffre), si ça n'est pas du recyclage écologique 100 pour cent huile de Colza, qu'est-ce donc ?
Bah, également un film précurseur du roman de Stephen King, "Christine", dont il semble que le prolifique auteur se soit inspiré, pour que la chose soit recrachée assez moyennement en 1983 par John Carpenter qu'on aura connu plus inspiré, et ce n'est pas la première fois qu'une relecture éclipse totalement son modèle ignoré. Stephen King est en effet coutumier du fait, et nous a entre autres, déjà fait le coup avec "Trauma" adapté par Dan Curtis au cinéma, pillé par Le King donc, pour être recraché par Kubrick via son "Shining" emportant tout sur son passage, et éliminant d'un revers de main très injuste, tout prétendant possible à la comparaison, alors que l'oeuvre en elle-même était plus que redevable. Pas grave, l'industrie du livre et du cinéma est injuste, tant et si bien qu'il convient ici de réparer un tant soit peu l'injustice faite à Elliot Silverstein, dont le film n'est que trop souvent oublié pour ce qu'il vaut.

 

 

On rappellera que le metteur en scène n'est pas du tout manchot et qu'il nous a pondu les excellents "Un homme nommé cheval" et son retour. Peu prolifique ce dernier, entre "Cat Balou" en 1965, "Nightmare Honeymoon" en 1973 (petit film d'horreur pas ridicule), et ce film là, a assez peu travaillé pour le cinéma, et c'est surtout au sein de la télévision et des séries qu'il oeuvra ("La 4ème dimension", "Le Prisonnier" et plus tardivement "Les Contes de la crypte"). C'est un artisan solide auquel nous avons à faire, et il est difficile de ne pas s'apercevoir des qualités du film avec une mise en scène se servant des décors désertiques du nouveau Mexique de façon épatante. La manière dont cette voiture prend petit à petit le dessus sur l'immensité sableuse et rocailleuse est même assez remarquable, d'autant qu'il semblait plus simple de la faire évoluer dans un milieu urbain pour générer la peur. La photographie de Gerald Hirschfeld ("Psychic-Killer", "Frankenstein Junior") est un régal, et c'est par celle-ci et son atmosphère fait de grands espaces poussiéreux que le film gagne la partie.
Autre atout, la partition de Leonard Rosenman ("Prophecy", "La Course contre l'enfer") qui soutient le film comme une béquille. Si celui-ci manque d'intensité dramatique, autrement dit de suspens, heureusement que la partition est là pour au moins faire semblant de le maintenir entre des morceaux de bravoure qui sont ici malheureusement trop rares (La scène de la fête foraine dans laquelle la diabolique voiture accule tout le monde est réussie). Soit, l'on ne s'ennuie pas vraiment à la vision de "The Car", mais il est difficile d'être concerné plus que ça. Soit, les coups de Klaxons sont intrigants et une bonne partie du film fonctionne pas trop mal dans un postulat où l'on se demande bien si la Lincoln noire aux vitres teintées de rouge est conduite par un démon ou bien livrée à elle-même, mais une fois ceci éludé, ça se gâte un peu.

 

 

L'un des principaux handicaps de ce bon petit film (mais pas plus donc, c'est bien dommage...), c'est son acteur principal, James Brolin. Si les seconds plans s'en sortent bien, de Ronny Cox ("Délivrance", "Robocop") au bon R.G Armstrong, acteur fidèle de chez Peckinpah ("Evilspeak", "Les Démons du Maïs"...), tous peuvent prétendre ici voler la vedette à ce grand falot engoncé dans son trip moustachu jamais remis de la montée en puissance d'un Burt Reynolds et qui vient ici chasser sur ses terres de façon quasi-spectrale. Dire que "Enfer mécanique" manque de personnage principal semble même un pléonasme tant ce dernier qui sévira du reste deux ans après dans le très bof et populaire "Amityville", mais aussi et surtout dans le très correct "Capricorn One" de Peter Hyams (bien avant l'alzheimerien "Sound of Thunder") aux côtés du sympathique O.J. Simpson. Il faut bien admettre que son rôle est à la base assez peu développé, tant et si bien que ce qui finit par nuire le plus au film, c'est l'absence de héros. Pas de héros au sens "sauveur du monde, de la veuve et l'orphelin", mais d'un protagoniste principal développé et charismatique, voire minéral, un petit peu comme un Roy Sheider on va dire...

 

 

Bref, tout ceci reste néanmoins sympathique et possède toutefois suffisamment de qualités intrinsèques pour se regarder plaisamment et surtout ne pas se voir jeter aux oubliettes comme c'est un peu le cas. A noter que la musique qui ouvre le film, et pour boucler la boucle avec Stephen King / Kubrick (après avoir boucler celle avec Spielberg), est la même que celle qui ouvre "Shining". Le monde est décidément très petit, même au sein des immensités désertiques comme ici...

 

Note : 6/10

 

Mallox
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