Jeunesse du Massacre, La
Titre original: I Ragazzi del Massacro
Genre: Polar , Drame
Année: 1969
Pays d'origine: Italie
Réalisateur: Fernando Di Leo
Casting:
Nieves Navarro, Pier Paolo Capponi, Marzio Margine, Renato Lupi, Enzo Liberti, Michel Bardinet, Danika La Loggia...
Aka: Naked Violence / L'Exécution / La Fiancée de la Mort
 

Avant sa fameuse trilogie consacrée à la mafia ("Milano Calibre 9", "La Mala Ordina", "Il Boss"), Fernando Di Leo a démontré son talent pour le polar avec un film tiré d'un roman de Giorgio Scerbanenco (un écrivain que le cinéaste affectionne particulièrement, puisque "Milan Calibre 9" s'inspire également d'un roman de l'écrivain). Mais "La Jeunesse du Massacre" est un film radicalement différent par rapport aux polars "nerveux" qui feront de Di Leo un maître du genre. L'histoire commence par le viol et le meurtre d'une enseignante dans une salle de classe par une douzaine d'adolescents à problèmes. Une scène d'un réalisme saisissant, qui ouvre le générique, et que l'on retrouve à la fin avec des éléments supplémentaires destinés à apporter des éclaircissements sur les conditions de la mort horrible de la jeune femme.
Le commissaire Lamberti est chargé de l'enquête. Premier élément, aucun des adolescents présents au moment du crime ne s'est échappé. Le fait qu'ils aient absorbé une forte dose d'absinthe avant le meurtre peut l'expliquer. La douzaine de coupables potentiels étant réunis, il n'y a donc pas de scènes d'actions du style : recherche des meurtriers, poursuites, interventions, etc... Le film peut donc se diviser en trois parties : l'interrogatoire des délinquants par Lamberti, une investigation auprès des familles, et dans les lieux fréquentés par les jeunes ; enfin, une troisième phase qui est l'application du plan de Lamberti pour piéger le véritable coupable.

 

 

Pas de fusillades, pas de poursuites en voitures, rien de bien spectaculaire, donc. Mais le propos de Di Leo dans ce film n'était pas d'en mettre plein les yeux. "La Jeunesse du Massacre" est un film plus "cérébral", une guerre d'usure entre une bande de mineurs délinquants et un flic désireux d'arrêter le ou les assassins de l'enseignante. On assiste en quelque sorte à une partie d'échecs, où les travers de la société ne manquent pas d'être subtilement analysés.
Déjà, Lamberti est mis en difficulté à cause de l'âge des suspects. Tous sont mineurs, entre 13 et 17 ans. Ces adolescents connaissent aussi bien la loi qu'ils l'enfreignent, ce qui en fait des adversaires redoutables, malgré leur jeune âge. Ils sont pour la plupart insolents, effrontés et provocateurs, ce qui ne facilite pas les interrogatoires devant respecter évidemment des codes bien établis. Comme on peut le supposer, les méthodes de Lamberti sont contestées par son supérieur hiérarchique. Alors qu'il est persuadé que le crime a été prémédité et organisé, Lamberti doit s'opposer au souhait du commissaire principal d'accélérer la procédure et expédier toute la bande en prison jusqu'au moment du procès.
Intervient alors, presque au milieu du film, l'assistante sociale : Livia Ussaro. Son rôle va être celui d'un support psychologique, complément idéal à la méthode du policier. En fait, le but est de trouver la cause pour expliquer les faits.

 

 

Après avoir interrogé les familles, qui permettent d'établir un parallèle inévitable entre la délinquance (conséquence) et le milieu social défavorisé des familles : pauvreté, alcoolisme, prostitution, etc... (cause), Lamberti obtient la garde provisoire de l'un des délinquants : Carolino Marassi. En séparant l'un des membres du groupe, pour s'en occuper personnellement, le but de Lamberti est donc de "reconditionner" le sujet. Ce changement de cadre doit agir comme un ressort psychologique. Nouvelles fringues, ballades en ville, restaurants, shopping : tout ces éléments doivent permettre une réinsertion dans la société du jeune délinquant... et endormir sa méfiance, afin qu'il vide enfin son sac. Après avoir goûté à une nouvelle vie, Carolino va être à même d'établir une comparaison entre son existence antérieure et ce que pourrait être sa vie future.
"La Jeunesse du Massacre" n'a donc rien à voir avec les futurs polars de Di Leo. Mais son traitement n'en est pas moins intéressant, et plonge le spectateur dans les racines des maux de notre société, et ce film, en s'intéressant à la jeunesse désoeuvrée, annonce en quelque sorte les futures oeuvres du cinéaste, qui vont nous plonger quant à elles de plein pied dans le monde des adultes.
Dans le rôle de Lamberti, Pier Paolo Capponi est simplement magistral, car il crève l'écran de sa présence sans en faire "des tonnes". Un jeu tout en sobriété, et en qualité, pour cet acteur qui fut l'année précédente le "Mister X" de Piero Vivarelli. On le verra ensuite dans de nombreux gialli : "Forbidden Photos of a Lady above Suspicion" (dans lequel il retrouve Susan Scott), "Le Chat à Neuf Queues" ou encore "Le Tueur à l'Orchidée" (où il joue également un rôle de flic dans ces deux derniers). Fernando Di Leo refera appel à ses services dans "Le Boss" et "Diamants de Sang". L'assistante sociale est campée par la charmante Susan Scott. Après avoir enchaîné de nombreux westerns spaghetti, l'actrice espagnole tourne la même année dans un autre film de Di Leo : "Amarsi Male", avant de poursuivre sa carrière dans moult gialli, notamment ceux de son futur mari : Luciano Ercoli.

 

 

Notons que la musique de "La Jeunesse du Massacre", composée par Silvano Spadaccino, relativement sobre dans l'ensemble, alterne avec des passages de musique contemporaine, presque cacophonique, au moment de la scène du viol, accentuant particulièrement le malaise du propos.

 

Note : 8/10

 

Flint
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