Karzan Maître de la Jungle
Titre original: Karzan, il favoloso uomo della jungla
Genre: Aventures , Exotisme
Année: 1971
Pays d'origine: Italie
Réalisateur: Demofilo Fidani (sous le pseudo Miles Deem)
Casting:
Johnny Kissmuller Jr, Simonetta Vitelli (Simone Blondell), Ettore Manni, Roger Browne, Attilio Dottesio, Edward Grant, Melu Valente, Carla Mancini...
 

En visionnant un film tourné dans une contrée sauvage de l'Afrique, le Docteur Fox remarque en arrière plan une étrange créature (en fait, un type en pagne se balançant sur une liane). Intrigué, il épluche les archives et fait le lien avec un crash d'avion s'étant déroulé une quinzaine d'années plus tôt et dans lequel un couple avait péri, et une enfant avait disparu. Ni une, ni deux, son sang ne fait qu'un tour et il décide de monter une expédition en Afrique afin de retrouver le "monstre" aperçu dans le film (c'est-à-dire le blond bodybuildé). Mais pour cela, il lui faut trouver des fonds. Qu'à cela ne tienne, lors d'une réception très "Ambassadeurs" où il ne manque que les Ferrero Roche d'Or, Fox trouve en l'un de ses invités, Lord Carter, un précieux donateur.
Les deux hommes feront partie de l'expédition, accompagnés d'une jolie brune, d'un blond au brushing impeccable et cameraman de fortune, sans oublier le domestique noir obligatoire dans tout bon film de jungle qui se respecte, ici baptisé "L'Homme sans Nom", parce qu'il ne parle pas, mais par contre passe son temps à jouer (mal) de l'harmonica, toujours le même air, si bien qu'on attend avec impatience le moment où il va se faire buter. Ce qui arrivera, d'ailleurs, et on se rendra compte que si "L'Homme sans Nom" ne dit mot, par contre il crie. Voilà donc tout ce beau monde parti en Afrique, où les attend quelques porteurs noirs, évidemment, chargés des bagages, et de se faire dessouder à la première occasion, Fidani jouant la carte raciste à outrance, enfin pas tant que ça finalement, car les blancs sont largement plus bêtes dans le film (sauf Lord Carter, qui a un côté "Brett Sinclair" pas désagréable, mais encore plus ringard).

 

 

Huit personnes, plus trois Zodiacs, des tentes à profusion, du matos comme s'il en pleuvait... et tout cela arrive à tenir dans deux jeeps ! Remercions Gérard Majax pour ce véritable tour de force. Deux jeeps qui s'enfoncent donc dans la jungle (calabraise). Et là, c'est parti pour un festival de stock-shots dans lequel Fidani parvient à battre Bruno Mattei sur son terrain de prédilection : bel exploit.


Au menu : une fausse mygale, un serpent sous valium, et des tribus indigènes sponsorisées par le Club Méditerranée. Une petite promenade en Zodiacs au milieu d'un fleuve afin de voir un jeune crocodile ayant du mal à paraître féroce, et nous arrivons au clou du spectacle.
Et ce n'est pas Karzan ! Le groupe ayant eu la mauvaise idée de se retrouver prisonnier après une énième escarmouche avec des indigènes, il ne devra la vie qu'à l'intervention de... Shiran, une jeune et jolie blonde en bikini "peau de bête". Très sexy, mais la belle ne parle pas, elle grogne. Plus exactement, elle parle un dialecte inconnu de tous (et même de Fidani, c'est certain). Mais le principal, c'est qu'elle parvienne à communiquer avec son compagnon : Karzan (le voilà enfin) et la guenon Cika (toute ressemblance serait fortuite et involontaire).
Physiquement, Karzan (Johnny Kissmuller, donc) a tout du culturiste : regard bovin, cheveux blonds assez longs, il est parfait dans le rôle. Comme son illustre prédécesseur, il hurle (de manière presque insoutenable), et saute de liane en liane (pas très agile, Karzan, en fait). Il aura aussi l'occasion de se battre contre un crocodile mou et inanimé dans le fleuve, et accessoirement de kidnapper la brune pour l'emmener dans son repaire avec Shiran. Pas si con, finalement, Karzan... Si, quand même.

 

 

Ce film est un chef d'oeuvre de nullité, et ce n'est pas étonnant quand on sait que Demofilo Fidani, l'un des pires cinéastes du cinéma bis, en est l'auteur. La bonne surprise est que ce Karzan est drôle, voire hilarant (encore plus si on a le privilège de le voir en groupe, après un repas arrosé). Tant de poncifs, de clichés, de maladresses et d'incohérences sont rares, en un peu moins d'une heure et demie. Des dialogues croustillants, des acteurs au diapason de la bêtise, des raccords pourris, un scénario bidon et une réalisation fantôme sont au programme, pour notre plus grand plaisir.


Pour ceux qui ne le connaissent pas, Demofilo Fidani était surnommé le "Ed Wood" du western spaghetti. Il a tourné moult films sous des pseudonymes aussi grotesques que Slim Alone, Dick Spitfire, Lucky Dickinson et donc Miles Deem, son plus connu. Il a essentiellement "commis" des westerns, aux titres particulièrement évocateurs : "El Sartana, l'Ombre de ta Mort", "Macho Callaghan se déchaîne", et mon préféré : "Sartana, si ton bras gauche te gêne, coupe-le".
Au casting de Karzan Maître de la Jungle, outre l'énigmatique Johnny Kissmuller Jr (qui était-il en réalité, on ne le saura jamais), on retrouve une habituée des films de Fidani dans le rôle de Shiran : Simone Blondell, que les bisseux ont pu également voir dans le non moins redoutable Château de Frankenstein de Robert Oliver. A ses côtés, Ettore Manni, aperçu dans de nombreux polars ainsi que dans "Les Libertines", curiosité de Pierre Chenal ; et Roger Browne, autre second couteau, vu dans pas mal de péplums, mais aussi héros de "Super 7 appelle le Sphinx", "Opération Poker", "Du rififi à Amsterdam", "L'Agent Gordon se déchaîne" et "Superman contre les Robots".

 

 

On peut regretter que ce monument du 7ème Art n'ait pas encore été édité en dvd, et il faut donc se rabattre sur une vhs pour voir cette oeuvre d'anthologie, avec un visuel sur la jaquette laissant penser qu'il s'agit d'un succédané de "Tarzan" datant des années 50. J'imagine la tête du type qui a acheté le film à l'époque, pensant voir un bon vieux serial comme on en faisait à l'époque. Il n'a pas dû être déçu du voyage !

 

Flint
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