Une Corde, un Colt
Genre: Western spaghetti
Année: 1969
Pays d'origine: France / Italie
Réalisateur: Robert Hossein
Casting:
Robert Hossein, Michèle Mercier, Guido Lollobrigida, Daniele Vargas...
 

Pour se venger du clan des Rogers qui exécuta son voleur de mari et brûla sa ferme devant ses yeux, une jeune femme fait appel à l'une de ses connaissances pour kidnapper la fille Rogers et la garder captive jusqu'à se que sa famille accepte de se plier à certaines exigences...

 


Ce western français ayant pour vedettes Michèle Mercier et Robert Hossein, soit les deux protagonistes principaux d'Angélique Marquise des Anges, se veut assez différent des westerns italiens de l'époque. Si une référence devait tout de même être citée, alors ça serait "Le Grand Silence", de Sergio Corbucci, auquel Hossein (qui occupe également ici le poste de réalisateur) emprunte le penchant pour une sobriété assez loin des canons fixés par les films de Leone... "Une Corde, un Colt" n'est en effet pas du genre bavard, et les dialogues, déjà plutôt rares, se résument ici à des phrases prononcées d'une façon solennelle et plutôt monotone. Les regards en disent ici bien plus long que les paroles, ce qui plombe le film au moins à une occasion, lorsque les regards connivents de toute une troupe dissimulent la préparation une mauvaise blague de potaches ne justifiant aucunement une telle application dans la mise en scène. Mais hormis cette scène, il n'y aucune trace d'humour ici : le rythme du film est lent, très lent, à tel point qu'on se croirait parfois dans une tragédie théâtrale aux relents shakespeariens.

 


L'intrigue est maigre, et Hossein mise avant tout sur son atmosphère pesante collant au deuil porté durant toute la durée du film par le personnage de Maria, veuve revancharde assez ambiguë. Car si ce film se distingue de toutes les productions western de l'époque, c'est également par un traitement des personnages radicalement différent : ici, il n'y à guère de bons et de gentils. La veuve et son messager cherchent certes la revanche, mais une revanche qui est elle-même basée sur une autre revanche, celle d'un vol qui a été commis contre les Rogers, des Rogers qui en d'autres occasions seraient passés pour la horde sauvage de service. Ici ce n'est pas le cas, et ils ne sont pas particulièrement pourris. D'autant plus que le film se déroulant pour une bonne partie dans un village fantôme (ce qui renforce encore davantage le côté monotone du film), il n'y a guère de crimes à perpétrer. Peu de violence et de fusillades à se mettre sous les yeux, donc. Y compris de la part du personnage incarné par Robert Hossein, cet espèce de mercenaire sorti de nul part et qui effectue sa tâche presque à reculons. La musique, lorsqu'elle est employée, ne tape pas dans le même credo que les atypiques musique d'Ennio Morricone composées pour Leone, et se contente de souligner, parfois un peu trop fortement, la désolation ambiante.

 


L'initiative de Robert Hossein est irréprochable. Son western est franchement beau, son point de vue innove, ses décors et sa photographie sont impeccables, que ce soit dans la gestion de la ville fantôme, dans les intérieurs ou dans les larges panoramas sur le désert... Oui mais voilà : l'intrigue est décidément trop mince et ne rend pas justice au style du film, qui dès lors pourra sembler pompeux et même parfois plutôt barbant. C'est dommage, car les westerns français comme celui-ci (les italiens sont en minorité, que ça soit dans le casting ou l'équipe technique - notons tout de même Dario Argento au scénario -) ne sont pas légions, et celui-ci aurait très bien pu créer une petite émulation nationale pour le genre.

Note : 5/10

 

Walter Paisley
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