À la recherche du plaisir - Le Chat qui Fume |
Écrit par Flint |
Région : Zone 2 PAL (dvd) - Zone B (blu-ray) Image : 2.35:1 - 16/9e compatible 4/3
* Vous pouvez cliquer sur chacune des captures pour afficher leur taille réelle.
Commentaire : Il est des gens, dont je fais partie, qui caressaient le secret espoir de voir un jour Alla ricerca del piacere dans toute sa splendeur d'origine. Parce que, entre la VHS antique de Something Weird Video amputée de vingt bonnes minutes, le bootleg d'Eurovista (2001) au mauvais format et même la récente édition (2015, toujours aux États-Unis) due à Code Red (proposant uniquement le doublage anglais), il n'y avait vraiment rien de satisfaisant et il en ressortait un sentiment légitime de frustration, notamment en termes de qualité d'image.
Et puis, miracle, début 2016 l'excellent éditeur germanique Camera Obscura sort de son chapeau magique un master 2K que l'on n'espérait plus. Les premières captures d'écran dévoilées étaient époustouflantes, tant au niveau des détails, du grain, que des contrastes. Des images dénuées de défauts, d'une netteté incroyable. C'est donc ce master qui servira pour leur propre édition (commercialisée en avril de cette année), et qui va intéresser deux autres éditeurs : les Anglais de 88 Films et les Français de Le Chat qui Fume. Messieurs les Anglais, tirez les premiers, a-t-on coutume de dire, et du coup ils ne se font pas prier… pour griller tout le monde (Allemands y compris). Mais dans sa volonté de sortir Amuck avant les autres (soit à la fin du mois de février), 88 Films se loupe au niveau des bonus. Car si l'on excepte le module avec Rosalba Neri, commun aux autres éditions, les deux bonus avec Barbara Bouchet sont plus anciens, et surtout, l'entretien (essentiel) avec Stefano Amadio est absent, de même que le CD de la musique du film.
Et oui, rien ne sert de courir, il faut partir à point. Il y a aussi ce vieux proverbe arabe qui dit : Quand tu as entrepris quelque chose, prends patience. Une vertu que Le Chat qui Fume a fait sienne. Il fallait effectivement ne pas précipiter les choses, et avoir recours à la collaboration précieuse de Federico Caddeo, responsable de Freak-O-Rama, qui a préparé au début de cette année les trois entretiens avec Rosalba Neri, Barbara Bouchet et Stefano Amadio présents dans ce coffret digipack.
Rosalba Neri garde un très bon souvenir du tournage et de Venise. On la sent même nostalgique pour le coup. Sa mémoire est fort précise malgré le temps écoulé. Rosalba appréciait Barbara, trouvait Farley Granger un peu figé et Silvio Amadio plutôt intimidant. Elle appréciait beaucoup Umberto Raho, et connaissait Petar Martinovitch avec qui elle venait de tourner dans Lady Frankenstein. C'est d'ailleurs elle qui a suggéré au réalisateur de l'embaucher pour son rôle dans Amuck. Toujours humble, la divine Rosalba Neri parle avec beaucoup d'humour de sa scène saphique avec Barbara Bouchet et de la manière dont elle meurt à la fin du film. Avant de rajouter qu'elle a toujours préféré faire du cinéma par plaisir plutôt que dans un souci de carriérisme. Une grande dame, assurément.
On sera plus réservé pour Barbara Bouchet, s'exprimant dans un italien impeccable. Si elle n'a que du bien à dire de l'équipe de tournage et des acteurs en général, l'actrice précise toutefois qu'elle n'allait pas voir les films dans lesquels elle jouait. Elle enchaînait les tournages (huit pour la seule année 1972) et puis c'est tout. Barbara, sans renier son passé, ne paraît pas lui attacher une grande importance, au grand dam de ses fans.
Quant au témoignage de Stefano Amadio, il apporte d'importantes précisions sur son père, pour lequel nous manquions singulièrement d'éléments. Et avant toute chose le fait que Silvio Amadio bénéficia de l'aide inestimable de Luchino Visconti, qui le fit rentrer (grâce à ses relations) dans une école de cinéma renommée. Visconti connaissait en effet l'acteur Massimo Girotti, qui se trouvait être le beau-frère de Silvio Amadio.
Les bonus auraient pu s'arrêter là, c'eût été déjà parfait, mais Le Chat qui Fume a poursuivi sa thématique "3 Gialli" entamée voici quelques mois, et cette fois c'est au tour de Jean-François Rauger, directeur de la programmation à la Cinémathèque française et grand connaisseur en matière de cinéma, de se coller au petit jeu des gialli préférés. Difficile, et même impossible de n'en citer que trois, si bien que Jean-François Rauger évoque les grands faiseurs du genre, Mario Bava et Dario Argento, plusieurs fois, même s'il avoue avoir un faible pour L'emmurée vivante de Lucio Fulci, et un intérêt particulier pour Les rendez-vous de Satan de Giuliano Carnimeo, notamment pour le cadre atypique de la ville de Turin.
Enfin, cerise sur le gâteau, en plus du blu-ray et du dvd, le digipack contient aussi le CD de la superbe bande originale composée par Teo Usuelli. Nul doute que cette voix susurrant "Sexually" sur fond de basse groovy vous fera danser jusqu'au bout de la nuit. Le tout est emballé dans un coffret trois volets richement illustré, aux tons jaune, rouge et noir qui pètent le feu (bravo encore au maquettiste).
Note : 10/10
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