Eugène est un petit escroc qui vit de squatte luxueux et de petits larcins, menant ainsi la belle vie à Paris. Eugène a une particularité, c'est un vampire, âgé d'un peu moins d'un siècle et ses dons lui donnent beaucoup de facilité pour rester discret. Lorsqu'il recroise Grace, un ancien amour et également vampire, il y voit un très mauvais présage et se dit que les ennuis vont recommencer. Il n'a pas tout à fait tort.
Démasqué par l'un de ses amants, Grace a promis celui-ci d'en faire un des leurs. Seul soucis, on naît vampire et on ne peut pas le devenir. La seule personne capable de les aider, un vieux vampire à moitié alcoolique et SDF, n'y tient pas vraiment. Mais quand une secte spécialisée dans le meurtre et le kidnapping de vampire arrive à Paris. Ils vont devoir s'associer bien malgré eux s'ils ne veulent pas que cette histoire se termine mal...
Premier roman d'Eric Holstein qui a depuis récidivé avec "D'or et d'émeraude", "petits arrangements avec l'éternité" s'intéresse à un mythe actuellement sous les projecteurs de librairies : les vampires. Seulement, les siens n'ont pas de crocs et ne se nourrissent pas de sang, mais de souvenirs. Ça évite de laisser trop de cadavres dans les rues de la capitale et permet de se faire oublier par ses victimes. L'idéal pour des êtres immortels qui veulent vivre dans la discrétion.
On a donc en narrateur et en guise de héros, Eugène, prototype parfait du titi parisien, s'exprimant dans l'argot qui va avec. Malin et débrouillard, il utilise ses capacités particulières pour s'offrir une vie de rêve, vivant au grès de déménagement dans des appartements inoccupés et de multiples larcins. Son principal défaut, une nostalgie de l'ancien Paris, celui d'antan où tout était plus reluisant et qui avait un minimum de standing.
Ses retrouvailles avec Grâce, une fausse ingénue utilisant ses charmes pour plumer quelques pigeons et vivre à ses frais. Seulement, le dernier, un indien aussi riche que prétentieux a démasqué sa nature et est bien décidé à la faire chanter pour obtenir l'immortalité, les menaçant de leur envoyer une secte de tueurs de vampire aux fesses. La seule solution semble être de faire confiance au plus vieux vampire de Paris, un clodo illuminés qui prétend avoir connu Copernic.
Si l'histoire peut sembler classique au premier abords, il n'en est rien. Eric Hosltein écrit ce roman dans un style haut en couleurs avec une brochette de personnage qui l'est tout autant. Certes, c'est parfois vulgaire, mais souvent délicieux dans son mélange d'amertume et de désinvolture. Si Eugène n'est pas le personnage le plus intéressant du roman, son langage en fait le narrateur idéal, sa verve participant beaucoup à l'ambiance du roman.
Et puis les autres personnages sont également de sacré phénomène avec une mention pour Slawomir, clodo et vieux vampire au langage châtié. On en croisera bien d'autres dont un vampire obèse et un bourgeois à la sexualité particulière au cours des multiples péripéties que va leur faire vivre l'auteur, surtout que ce dernier va les amener sur des chemins sur lesquels les vampires ne sont jamais allés.
Ceci dit, le machisme du personnage principal qui semble considérer que la personnalité des femmes tournent autour de leur vagin ainsi que son ton souvent pédant donnent un ton parfois désagréable au roman. Ce vampire semblent souffrir d'un défaut propre aux vieilles personnes : une amertume mal placé, rendant gratuite la méchanceté du narrateur envers le monde contemporain et ne faisant finalement pas avancer l'histoire.
Cette dernière est ceci-dit, rondement mené et plutôt agréable. "petits arrangements avec l'éternité" est un sympathique divertissement qui revisite habilement le mythe du vampire et la ville de Paris, n'hésitant pas à aller au bout de son délire. Malgré ses défauts, ce premier ouvrage tient toutes ses promesses et contient de nombreuses qualités que ce soit son rythme trépidant, son humour et une certaine fraîcheur, pas du tout déplaisante.
Note : 7/10
Stegg
A propos de ce roman :
- Site de l'éditeur : http://www.jailu.com/
