Le genre qui marche le mieux en imaginaire en ce moment semble être le polar ! Si ce mauvais genre n'appartient pas à ceux de l'imaginaire, il est pourtant celui dont on retrouve de plus en plus les codes actuellement dans la SF et la fantasy, même si ça n'empêche pas la qualité d'être au rendez-vous. Dans ce recueil publié pour la première fois aux moutons électriques en 2006, vous en aurez d'ailleurs quatre pour le prix d'un.

Pour sa première enquête, le lieutenant Cairn va devoir résoudre un assassinat qui semble des plus simples : un homme assassiné par sa maîtresse en plein coït. Dans la deuxième, il va devoir enquêter sur un meurtre bien réel au coeur d'une relation tendue entre deux sociétés virtuelles. Dans la troisième, il va enquêter sur un meurtre qui va le mener dans la version virtuelle de Disneyland et, enfin, il va enquêter sur un double meurtre en chambre close en plein hammam.
Rien de bien original de prime abord, mais la tournure que vont prendre les enquêtes vont bien entendu jouer avec des concepts futuristes tels que des consoles permettant d'adopter d'autres personnalités, une IA qui a échappé à ses créateurs et même de la télé-transportation. Polar et SF vont ainsi se mélanger pour donner naissance à un New-York futuriste crédible faisant se croiser les archétypes des deux genres.
Du polar, on a un enquêteur qui sert de narrateur avec un ton un brin désabusé, un bar qui lui sert de bureau et dont la barmaid ne le laisse pas indifférent ainsi que des collègues se fiant un peu trop aux apparences. De la SF, le récit propose des télés en 3D, des voitures volantes et un futur qui semble finalement assez utopiste, bien loin des descriptions pessimistes et violentes qui sont souvent présentes dans ce genre.
Puis, il y a le ton très humain du détective, moins noir qu'à l'accoutumé et ne voyant pas toujours les meurtriers comme des monstres, seulement des coupables aux motivations profondes. Ce personnage d'enquêteur ne semblant jamais en colère et toujours prêt à aider ses proches, tout juste peut-on constater un peu d'amertume quand il est question de son ex-femme. Une figure de détective à l'opposé de celle souvent proposée donc.
Jonas Lenn utilise donc les clichés de genres déjà beaucoup utilisés, mais le calme et la bienveillance présents dans ces quatre récits en font pourtant tout le charme. Même les passages les plus violents ne sombrent jamais dans la surenchère et ont souvent un réalisme qui les rend très cruels, refusant de les transformer en spectacle et contribuant au côté intimiste de ces quatre polars favorisant l'humain.

Plus proche de Roland C. Wagner que de Richard Morgan, Jonas Lenn propose donc une version soft du polar noir dans un univers SF à travers ses quatre récits et cet univers pourrait également donner naissance à d'autres enquêtes. Les codes des deux genres font donc une nouvelle fois un mariage heureux et réussie. Les amateurs de romans noirs et de SF pourront donc se régaler de ces récits optimistes.

 

Note : 8/10

 

Stegg

 

A propos de ce livre :

 

- Site de l'auteur : http://lelivredejonas.free.fr/

- Site de l'éditeur : http://www.editions-lokomodo.fr/