Cygne noir 1 - Fille de l'orage
Titre original: Storm Born
Genre: Romance , Fantastique , Urban Fantasy , Fantasy , Bit-Lit , Démons
Année: 2010
Pays d'origine: Etats-Unis
Editeur: Milady
Auteur: Richelle Mead
Traducteur:
Lionel Evrard
 

Voilà quelques temps que je repoussais le moment de m'atteler à une série de Bit-lit. Pas que le genre me rebute, j'en lisais avant même que cette étiquette traverse l'Atlantique (j'étais même un fan inconditionnel de "Buffy The Vampire Slayer"- je ne comprend d'ailleurs toujours pas pourquoi elle n'est pas resté avec Spike!- , mais ces séries, comme toutes celles du genre Fantasy, sont devenues un investissement important en terme de pages et de temps de lecture (en laissant de coté l'aspect monétaire) et c'est la raison pour laquelle j'ai repoussé le moment de succomber au raz de marée succédant au phénomène "Twilight" et orchestré majoritairement par la pool Bragelonne/Milady.
Aujourd'hui les autres éditeurs font tout ce qu'ils peuvent pour se rattraper; quoique quand on y regarde de près certains en éditaient même depuis un moment et il s'agit juste d'une remise au goût du jour. "La Communauté du Sud" de Charlaine Harris figurait déjà par exemple au catalogue de "J'ai lu" avant l'explosion télévisuelle de "True Blood" et la réédition plus onéreuse qui s'en est suivie. On trouvait également (comme je l'ai rappelé à une "jeune" vendeuse de chez France loisirs!) la série "Anita Blake" de Laurell K. Hamilton chez Press Pocket.
Mais revenons-en à la maison d'édition qui vient de fêter ses 10 ans d'existence et le titre qui nous préoccupe!
J'avais beaucoup entendu parler de Richelle Mead et de sa série "Succubus" (le quatrième volume vient de sortir), et j'étais curieux de découvrir cet auteur.
L'occasion s'est présentée avec le lancement en France de Cygne Noir (Dark Swan), nouvelle licence lancée après trois tomes des mésaventures de Georgina Kincaïd (Gageons que "Vampire Academy" finira par débarquer sur notre sol!). L'heure était venue pour moi de (re)plonger dans un récit estampillée de cette appellation de Bit-lit!

L'héroïne de ce tome introductif intitulé "fille de l'orage" (Storm Born en VO), Eugenie Markham, est "chaman", terme impropre à ma connaissance pour englober l'ensemble de la mission qu'elle exerce et qui consiste à renvoyer de là où ils viennent les créatures de l'Outremonde, voir plus loin, dans une troisième dimension, l'Inframonde, que garde farouchement Perséphone.
Un terme amérindien qui prend son sens dès lors que l'on sait qu'Eug', qui garde son anonymat en se faisant appeler Odile, habite à Tucson à la limite du désert d'Arizona: il faut bien choisir une désignation pour être dans les pages jaunes!
Spécialistes des affaires paranormales, elle a appris le métier de son beau père, et s'est faite au fil des années une réputation supérieure au sein de la population "démoniaque" à celle qu'avait en son temps Roland! Toujours sur la brèche, Eugénie a confié à sa secrétaire Lara, la gestion de sa "petite entreprise".
Cette dernière éprouve une forte animosité pour le responsable de l'intérieur de sa patronne, Tim, un gentil squatteur qui ne paie pas de loyer mais qui se révèle indispensable au quotidien pour notre héroïne. Elle est également secondée par trois "démons familiers": Volusian, Nandi et Finn.
Deux amis, des "collègues de boulot imposés", un beau-père et une mère aimante. Cet ensemble n'arrive pourtant pas à faire oublier à Eugénie le sentiment de solitude qui l'étreint les rares fois où elle revient à son foyer, encore marqué par le vide laissé par le départ récent de son dernier boy-friend…
Et en plus ces derniers temps notre manieuse de baguette est contrariée! Ses "ennemis" ont découvert sa véritable identité et ne cessent de l'appeler par son nom tout en lui faisant des propositions plus salaces les unes que le autres!
Une vulgarité qui l'amène à s'interroger sur la possibilité de se rendre pour la première fois physiquement dans l'Outremonde, dans le but de délivrer une jeune adolescente, Jasmine Delaney, séquestrée (violée?) depuis un an par Aeson, le roi de Terre-d'Aulne.
Pour se changer les idées, elle se rend un soir dans un bar où elle fait la connaissance du mystérieux et charismatique Kiyo Marquez.
Une rencontre d'un soir, une partie de jambe en l'air mémorable qui débouche sur l'attaque inattendue d'un élémentaire de glace et la révélation de la véritable nature du charmant vétérinaire de Phoénix.
Kiyo est un esprit magique polymorphe, un renard de légende japonaise, un kitsune!
Dans ce premier volet, loups-garous et vampires ne sont pas évoqués. Les démons ou autres esprits font office de faire valoir, et se révèlent bien souvent plus grotesques que véritablement dangereux (à commencer par celui que l'on découvre dans la scène d'ouverture du roman dans la chaussure gauche d'une paire de Nike!).
"Cygne noir" est-elle une série de Bit-lit? Si la qualification puriste et rigoureuse est problématique, il n'en reste pas moins que le rattachement de roman aux récits de fantasy urbaine (ou fantasy contemporaine) est indiscutable.
On trouve autant de traits communs entre cette nouvelle série et, par exemple, celle de "Mercy Thompson" de Patricia Briggs qu'avec le cycle des "Princes d'ambre" de Roger Zelzany (un certains nombres de personnages dotés de pouvoirs élémentaires s'entredéchirent pour la possession d'un royaume merveilleux et font des incursions dans notre monde, justifiant de ce fait la mission de l'héroïne).
Autre preuve du rattachement à la fantasy contemporaine, la présence de personnages mythologiques tels que Perséphone (présence très subtile en ce qui concerne ce volet, très loin d'exercices littéraires comme "American Gods" de Neil Gaiman ou "Vegas mytho" de Christophe Lambert). La Bit-lit étant considérée comme un sous-genre de la fantasy urbaine, un débat se révèle superflu.
"Fille de l'orage" se révèle donc un joyeux fourre-tout où se mélangent nombre de références diverses et variées (en plus de celles déjà abordées on pourra noter que le folklore japonais est également cité au travers du personnage de Kiyo , "Princesse Monoké" est d'ailleurs évoqué). Mettre un peu d'ordre dans les prochaines aventures d'Eugenie Markham me semble une nécessitée salvatrice car souvent l'écart est immense! Si l'apparition de "monstres", d'entités issues de diverses cultures n'est pas forcément désagréable, le fait que leur vision coïncide avec un passage humoristique peut lasser.
"Cygne noir" ne déroge pas à la règle instaurée par Richelle Mead pour sa première série "Succubus ": la sexualité est un élément moteur de l'intrigue. Et le traitement qui en est fait n'est pas exempt de reproches: On est loin en effet de l'ambiance chaste de "Twilight", Eugénie, femme moderne et indépendante,"baise" (dans le texte) avec ses deux soupirants (L'un après l'autre quand même! Je vous laisse découvrir l'identité du second!). L'un des moteurs de l'intrigue étant la fécondité d'Eugénie, les scènes où "elle passe à l'action" (pour ne pas dire à la casserole), finissent par devenir, de par leur prophylaxie exubérante, plus pénibles que ces tergiversations amoureuses.
Une attitude que l'on pourrait considérer comme responsable si elle n'occultait que le préservatif n'est pas seulement un moyen de contraception!
Sado-masochisme et bondage sont aussi évoqués avec plus ou moins de justesse il est plus souvent fait appel aux clichés qui collent à ses pratiques...

Mais malgré certains remplissages, on passe un bon moment à lire ce roman. Le style est vif, plein d'humour et le rythme enlevé. La galerie de personnages tout en contradiction est très intéressante. Difficile de ne pas s'attacher à certains et de cordialement en détester d'autres.
Le monde d'Outremonde, n'en déplaise à Eugénie, est fascinant!
Personnellement j'ai été bluffé par les différentes révélations qui émaillent le récit, et j'avoue avoir véritablement apprécié le final.
On devine véritablement du potentiel en ce qui concerne les éventuelles développements à venir (par certains aspects l'histoire nous rappelle également "La ténébreuse" de Marion Zimmer Bradley et d'autres récits de fantasy "Le royaume des devins" de Clive Barker, la BD "La ballade du nouveau monde"de Makyo).
Espérons donc que l'auteur s'essaiera à gagner en cohérence et en profondeur dans son d'écriture, son travail parait trop dispersé par moments.
Une nouvelle licence à découvrir aux frontières de la Bit-lit et de la Fantasy contemporaine et qui confirme la naissance d'un nouveau nom de la littérature de l'imaginaire!

Note : 7/10

 

Ludo

 

A propos de ce livre :

 

- Site de l'auteur : http://www.richellemead.com/

- Site de l'éditeur : http://www.milady.fr/

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