Fenriss
Écrit par Stegg   

 

 

A l'occasion de la sortie du Carrousel Funeste, Fenriss a accepté de répondre à nos questions sur son première ouvrage

 

 

 

Bonjour ! Tout d'abord, merci d'accepter de répondre aux quelques questions de Psychovision. Je commence par une question classique, est-ce que vous pourriez vous présenter à nos lecteurs ?

 

Bonjour également, et merci à vous de me recevoir sur votre site. Ça à l'air cosy, en plus c'est chauffé, ça vous dérange pas que je me mette à l'aise ? Alors, parler de moi, voilà bien une discipline que j'abhorre, mais malheureusement elle est souvent inévitable. Je suis donc Fenriss, trentenaire, parisien et fier de l'être. J'ai fait de courtes études d'audiovisuel avec toujours en tête l'objectif de devenir scénariste. Aujourd'hui, après plus d'une dizaine d‘années de lutte je commence tout doucement à effleurer mon rêve de la patte.

 

Vous pouvez nous raconter un peu votre parcours et vos références ?

 

Et bien, comme je viens de le dire, j'ai un parcours plutôt atypique. Je n'ai jamais été branché par les études et j'étais convaincu que les écoles de scénaristes ou de lettres n'étaient pas une bonne idée. J'ai donc cherché à obtenir rapidement un travail alimentaire qui me permettrait d'écrire sur mon temps libre. Un plan qui ne s'est pas déroulé sans accrocs puisque je me suis retrouvé à avoir moins de temps que prévu et à prendre beaucoup plus de temps à sortir quelque chose que je ne l'avais prévu. Niveau référence, elles sont innombrables, je suis une véritable éponge. Paradoxalement, je n'en aurais pas forcément de très littéraire, je suis un piètre lecteur, je citerais quand même "Neverwhere" de Neil Gaiman, mon livre culte, j'avais commencé l'écriture de "Carrousel funeste" avant de le lire, mais il a forcément inspiré certaines choses le personnage de Petiot notamment est un hommage à Croup et Vandemar. Sinon, les vraies influences viendront du cinéma, c'est "36 quai des Orfèvres" d'Olivier Marshal qui m'a guidé pour la partie polar, ou du comics de manière générale. Même si je suis un grand lecteur de "Fables" de Bill Willingham, la série n'a pas du tout inspiré mon histoire puisque je l'avais écrite avant, mais j'avoue que je me retrouve complètement dans ses thématiques. Bref, parler des références de ma trilogie c'est tout simplement parler de ce que j'aime et je pourrais le faire pendant des jours. Épargnons ce supplice à vos lecteurs.

 

Parlons du Carrousel Funeste, qu'est-ce qui vous a donné envie de raconter cette histoire ? D'où est-elle venue ?

 

À l'origine de  "Carrousel Funeste" il y a un jeu de rôle : "Théorem"  que j'ai écrit pour faire jouer mes amis. J'ai beaucoup travaillé dessus pour en faire une œuvre aboutie et en développant l'univers, l'histoire de la trilogie de "la marque d'Ysengrin" s'est imposée à moi. Ça tournait en boucle dans ma tête au point que je n'avais d'autre choix que de l'écrire. Un auteur n'est finalement pas toujours maître de son histoire.

 

 

Pour ce roman, vous employez de nombreux personnages littéraires ou cinématographies en les sortant de leur univers d'origines, c'est une difficulté de se réapproprier des personnages importants de la littérature ?

 

Ça dépend. Certaines choses se sont imposées d'elle même. Sans spoiler, Lupin qui règne sur la cour des miracles, c'est une évidence, ça ne choquera personne. D'autres choix, plus personnels, m'ont fait m'interroger longuement. La difficulté est de savoir si le lecteur ne risque pas de se braquer parce que l'on a trop dépassé la frontière d'incrédulité. C'est comme pour adapter une œuvre sur un autre média, le spectateur/lecteur nous concède une marge de manœuvre, mais il y a toujours ce point de rupture difficile à déterminer qui fera qu'il va se sentir trahi. Ici, j'ai fait au mieux pour respecter toutes les œuvres qui m'ont inspiré. Je n'ai rien utilisé par obligations, chaque personnage est un véritable choix. Alors à partir du moment où l'on a envie de parler de quelqu'un ou de quelque chose, on le fait avec amour et je pense que ça se sent.

 

 

Il y a des personnages que vous n'avez pas pu utiliser, car ils n'étaient pas libre de droit ou disponible ?

 

Non. Je ne me suis jamais imposé cette limite. Les personnages les plus risqués sont tout simplement ceux qu'on aura le plus de mal à reconnaître. Il n'y a pas que des figures littéraires dans le livre, il y a aussi des personnages historiques et c'est probablement avec eux que j'ai pris le plus de pincettes, car l'histoire reste toujours un domaine douloureux. Après, je pense que les personnages sont suffisamment différents pour que le problème du droit ne se pose pas. Si je prends le cas de Lupin, en dehors du nom et de l'esthétique globale, le personnage n'a pas grand-chose de comparable, c'est juste un archétype. Mais bon, je ne suis pas une sommité du droit et j'avoue avoir tout au long de la rédaction eu le doute de savoir si ce que je faisais posé des problèmes de droit ou pas.

 

 

Sans trop en dévoiler, l'un des rebondissements finaux laisse penser que l'utilisation de ses personnages n'est pas un simple jeu littéraire, mais qu'il y a une volonté de jouer avec les archétypes littéraires, non ?

 

Il y a l'envie très modeste de réfléchir sur la création, l'inspiration et le rapport ambigu qu'entretient le réel avec la fiction. Carrousel Funeste, c'est un livre finalement beaucoup plus personnel qu'on pourrait le croire, c'est un constat du monde qui m'entoure de ce qu'il a de beau et de laid. Mais bon, ça reste avant tout une histoire, car c'est ça qui prime pour moi, raconter une bonne histoire.

 

 

La plupart des personnages sont parisiens, Paris s'est-elle imposée rapidement comme lieu de l'action ?

 

Paris est le fondement du livre. C'est un personnage à part entière et l'histoire n'aurait jamais vu le jour si je n'avais emménagé à Paris. Je suis littéralement tombé amoureux de cette ville. Elle est complètement imparfaite, certes, mais pour autant je la trouve fabuleuse. Quel plaisir que de pouvoir errer au grès des rues lorsqu'il commence à faire un peu chaud. De découvrir tous les styles architecturaux différents, les vestiges historiques, les monuments, bref tout ce qui en fait sa richesse. Carrousel Funeste, c'est aussi une déclaration d'amour à Paris et à tout notre héritage culturel.

 

Votre parcours dans l'audiovisuel et le jeu de rôle vous a-t-il aidé dans la rédaction et la construction de ce roman ?

 

Difficile de le nier, nombreuses références déjà me viennent de mes études, je me flagelle tous les jours d'avoir oublié d'intégrer George Méliés dans le tome 1 alors que je vénère cet homme. Et comme vous le savez déjà, c'est un jeu de rôle qui a vu naître mon histoire. De toute façon, cette trilogie est le fruit de tout ce que je suis, c'est ce qui pourra déstabiliser certain, le côté trop riche et trop varié, ça fais un peu peur de nos jours où la création à tendance à être de plus en plus lisse pour plaire au plus grand nombre.

 

 

Actuellement, vous travaillez aussi sur un film associatif "Les seigneurs d'Outremonde", vous pouvez nous en dire plus et nous dire ce qui vous a attiré dans ce projet ?

 

Avec plaisir, « Les seigneurs d'Outremonde » est un long métrage médiéval fantastique sur lequel je travaille depuis plus de six ans. J'y participe en tant que co-scénariste (je ne suis pas à l'origine de l'histoire, j'étais surtout là pour apporter toutes les modifications qui pourraient la rendre un peu plus riche notamment développer l'univers) acteur et plein d'autres choses. Ce qui m'a attiré dans le projet, c'est tout simplement de pouvoir participer à une aventure que je n'aurais probablement jamais eu l'occasion de vivre autrement. Soyons clair, même dans le milieu professionnel, il n'y a pas de film med-fan en France, c'est donc véritablement un projet unique en son genre. Nous avons travaillé dessus sans argent, mais avec passion, et nous nous rendons compte aujourd'hui que sans un peu d'aide financière nous ne nous en sortirons peut-être jamais. Nous venons donc de lancer un crowdfunding pour que tous les fans d'Héroic fantasy aient une chance de nous aider et ainsi de permettre au tout premier long métrage du genre de voir le jour en France.

 

 

Quels sont vos projets ? À quand la suite de "La Marque d'Ysengrin" ?

 

Pour l'instant, je n'ai pas de projets concrets je suis encore pris dans la sortie de "Carrousel Funeste" et dans le crowdfunding de "Les seigneurs d'Outremonde". Mais je compte vite me remettre à l'écriture du tome 2 de "La Marque d'Ysengrin" qui est déjà écrit au tiers et que j'aimerais voir sortir l'année prochaine en début d'année. Idéalement, j'aimerais enfin éditer "Théorem" pour que ceux qui veulent creuser l‘univers du roman puissent le faire dans de bonnes conditions et je voudrais aussi sortir une préquelle aux romans en bande dessinée. Elle serait centrée sur l'Archonte Impensable et raconterait sa tentative de putsch dont on entend rapidement parler dans "Carrousel Funeste". J'aimerais aussi faire quelque chose de « Diamant » une série de nouvelles que j'ai lancée sur le site de "Théorem", je ne sais juste pas encore quoi, j'aimerais bien sortir du média écrit pour l'occasion. Enfin, je réfléchis à réécrire "la geste d'Ellowan" un recueil de nouvelles que j'ai écrite pour "Les seigneurs d'Outremonde ". Ce sont quasiment mes tout premiers textes, j'aime toujours autant le fond et la forme, mais je trouve le style trop approximatif, j'aimerais régler ce problème et le présenter à un éditeur. Bref, ce ne sont pas les projets qui manquent, d'autant que j'en ai encore d'autres, les seuls problèmes ce sont le temps et l'argent

 

 

Je vous remercie d'avoir bien voulu répondre aux questions de Psychovision. Et je vous laisse donc le mot de la fin :

 

Cool, j'aime bien avoir le dernier mot. Pour terminer, je vais jouer un peu les vieux cons. Je suis assez déprimé de voir à quel point les gens dénigrent facilement notre pays pour porter aux nues les autres. Sans aller jusqu'à faire le contraire (je suis fan de comics devant l'éternel) j'aimerais que les gens ouvrent un peu les yeux et se rendent compte que, en France aussi, on sait faire de la musique, on sait écrire et on sait même faire des films et des séries. Il suffit juste de fouiller un peu au-delà de toute la soupe que les médias mettent en avant. Ce serait bien de donner une chance à tout ces talents méconnus plutôt que de les voir fuir ailleurs ou disparaître.

 

 


A propos de cette interview :

 

- Chrinique du "Carrousel funeste"

- Site de l'auteur : http://theorem-univers.com/

- La couverture est de Mathieu Coudray

- La photo est d'Othoth