Brigade Anti-Sex
Genre: Polar , Comédie , Expérimental , Psycho-Killer
Année: 1970
Pays d'origine: Belgique
Réalisateur: Henri Xhonneux
Casting:
Christian Maillet, André Brunet, Jacqueline De Meester, Monique Guelton, Marie-Paule Mailleux, Sisi Saint-Clair...
Aka: Die Porno-Bestie / Anti-sex Brigade
 

En janvier 2009, la Cinémathèque Française programmait un bien curieux film nommé Brigade Anti-Sex. L'auteur, caché sous les pseudonymes de François-Xavier Morel et Joseph W. Rental, avait pour nom Henri Xhonneux. Né en Belgique en 1945, Xhonneux peut être considéré, au regard de cette oeuvre, comme un personnage iconoclaste doté d'un sens certain pour la provocation et la fumisterie. Pas étonnant dès lors, sur de telles bases, que Henri Xhonneux collaborera plus tard avec Roland Topor, créateur du mouvement Panique avec Arrabal et Jodorowsky, lui même adepte de l'humour noir décapant et du cynisme.

 

 

Décapant, Brigade Anti-Sex l'est assurément. L'histoire, d'une simplicité confondante, raconte les déboires du Commissaire Jason, sapé comme un lord mais affublé d'une maladie cardiaque, confronté à un tueur pervers qui s'en prend à de jeunes et jolies femmes, les violant par procuration en utilisant une pièce d'une automobile, avant de les tuer. L'homme procède toujours selon un même mode opératoire : il repère sa future proie, la suit, lui tend un piège, puis la poursuit dans un endroit désert (souvent un bois) et finalement la neutralise avant de lui faire subir les derniers outrages. En cela, notre tueur semble avoir une imagination sans limites : une victime sera ainsi retrouvée avec deux fils de batterie dans le vagin, une autre aura le levier de vitesse enfoncé dans le fondement, une troisième sera pénétrée par le pot d'échappement de la voiture !

 

 

Enfin, cerise sur le gâteau, le Sadique (ainsi surnommé) passe systématiquement un coup de téléphone à Jason, se vantant d'avoir commis un nouveau crime en toute impunité et en dévoilant le lieu du crime, avant de narguer le commissaire, lui stipulant qu'il va de nouveau "partir à la chasse".

Afin de mettre un terme aux agissements du criminel, Jason crée la Brigade Spéciale n°27 (devenue curieusement la "brigade anti-sex" du titre), composée d'un trio atypique : Tiffany, Felstein et Orlando. Ils savent que l'homme qu'ils recherchent est chauve, gras, porte des souliers blancs et aime les voitures. Arrivant systématiquement trop tard sur les lieux du crime, notre brigade aura quand même la chance de trouver une victime ayant survécu aux ignominies du Sadique. Jason et ses hommes, avec le consentement de celle-ci, se serviront d'elle comme appât afin de piéger l'ignoble chauve pervers et effronté.

 

 

Lorsque l'on visionne Brigade Anti-Sex, on a presque l'impression d'être devant un film à sketches, sauf qu'il s'agit toujours du même sketch. A quelques nuances près toutefois, comme l'identité de la victime bien évidemment, et les réactions du trio désinvolte, prétextes à des répliques décalées au regard des événements. Les hommes de Jason font preuve d'humour noir face aux cadavres des jeunes femmes, dans une ambiance où le cynisme côtoie l'humour potache, le tout enrobé dans des dialogues surréalistes et misogynes. On se croirait par moments plongé dans un roman de San-Antonio.

Évidemment, l'aspect fauché mais assumé du film n'évite pas certaines longueurs. Additionné au scénario répétant en boucle la même séquence (avec cependant quelques variantes, comme la mise en scène du tueur afin de provoquer un infarctus chez Jason, ou la scène saphique parfaitement gratuite à l'hôpital), on ne manquera pas de trouver le temps long, et de penser que Brigade Anti-Sex aurait mieux tenu la distance dans un format court ou moyen métrage.

 

 

Concernant le casting, ce n'est pas une surprise de constater que les acteurs sont à la limite de l'amateurisme, mais comme ils sont tous à l'unisson, on obtient finalement une forme de cohérence dans l'absurdité. Si l'on excepte Christian Maillet ("La plus longue nuit du diable", "Les tueurs fous", "Docteur Justice") et Marie-Paule Mailleux, aperçue dans Symptoms de José Ramon Larraz, les autres participants se sont arrêtés pour la plupart à cette expérience unique dans le 7ème Art.

Pour en revenir à Henri Xhonneux, le réalisateur tournera durant cette même année 1970 un autre film de sexploitation : "Et ma soeur ne pense qu'à ça", appelé aussi "Débauche de majeures". On lui doit ensuite "Souvenir de Gibraltar", avec Annie Cordy et Eddie Constantine, une sorte d'autobiographie. Et puis, comme évoqué plus haut, son association avec Roland Topor aboutit à l'émission "Téléchat" qui sera diffusée entre 1983 et 1985 puis, toujours dans l'animation mais dans un genre diamétralement opposé, à "Marquis" (1989), en rapport avec la vie du Marquis de Sade. Xhonneux décédera quelques années plus tard, en 1995. Son Brigade Anti-Sex, de par son humour décalé en mesure de rebuter une bonne frange du public, le rapproche d'une certaine manière des travaux d'autres réalisateurs atypiques comme Jean-Pierre Bastid ou Jean-Louis van Belle.

 

 

Flint

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