Maison aux fenêtres qui rient, La
Titre original: La Casa dalle finestre chi ridono
Genre: Horreur , Thriller
Année: 1976
Pays d'origine: Italie
Réalisateur: Pupi Avati
Casting:
Lino Capolicchio, Francesca Marciano, Gianni Cavina, Eugene Walter, Bob Tonelli, Vanna Busini...
 

"Les couleurs, mes couleurs, elles coulent de mes veines. Elles sont si douces mes couleurs... aussi douces que l'automne, aussi chaudes que le sang. Elles sont lisses comme la pureté. Elles s'introduisent dans le corps des gens. Elles se propagent comme une infection. Mes couleurs... je les sens circuler dans mes bras. Mon Dieu... elles vivront longtemps, elles vivront éternellement dans l'esprit de ceux qui les verront. Mais elles ont besoin de la mort, elles veulent la mort, ô Seigneur tout puissant, la purification... Partez ! Ne restez pas là..."
Ainsi débute "La Maison aux Fenêtres qui Rient", au son d'une musique angoissante, tandis que des images aux couleurs sépia montrent un homme attaché, presque nu, les bras liés vers le haut. Il hurle de douleur, car un bras anonyme est en train de le larder de coups de couteau sur tout le corps. Ces paroles qui émanent sans aucun doute d'un esprit malade ont été proférées par Bruno Legnani, peintre aussi génial que dément, et mort en 1931 avant d'avoir pu achever son oeuvre ultime : une fresque représentant le Martyr de San Sebastian.
Vingt ans plus tard, Stefano débarque dans un petit village d'Italie situé non loin de Ferrare, près de Bologne. Un endroit d'apparence paisible, baigné par la belle lumière d'été se reflétant dans la plaine du Pô. Stefano est un peintre engagé par le maire (un nain) afin de restaurer la fameuse fresque inachevée de Legnani. Cet ouvrage demeure le seul vestige artistique d'une station thermale en déclin ; aussi la tâche qui lui est confiée revêt beaucoup d'importance, car c'est le seul attrait touristique culturel de la région. A son arrivée, Stefano est donc accueilli par le maire et son chauffeur, Cappola. Ils l'emmènent jusqu'à l'unique hôtel du village. Puis, le jeune homme se rend à l'église, où se trouve la fresque. Il y rencontre le prêtre de la paroisse, qui officiait déjà du vivant de Legnani. La fresque (un tryptique à l'origine) était d'ailleurs un ouvrage commandé par l'ecclésiastique.

 

 

La peinture représente un homme torturé à mort, et plusieurs couteaux sont plantés dans son corps (image qui ramène au générique d'ouverture). Selon le prêtre, l'artiste était un simple d'esprit dans la vie, mais un génie de la peinture. Il était surnommé le "Peintre de l'Agonie", car il était fasciné par la mort, et puisait son inspiration dans la souffrance d'autrui.

Stefano commence donc son travail de restauration, tout en faisait connaissance avec les habitants du village, parmi lesquels une institutrice nymphomane, un sacristain benêt, un couple dont la femme paraît traumatisée par un événement passé. Mais Stefano retrouve également un ami, Antonio, qui a quant à lui suivi la filière scientifique, et qui est chargé d'analyser l'eau du fleuve. Antonio a un comportement étrange, il met en garde Stefano, laisse planer l'ombre d'une menace, évoque un secret pesant sur le village, l'existence d'une "maison aux fenêtres qui rient", dans laquelle vivait Legnani. Les deux hommes se donnent rendez-vous le soir même. Mais la conversation n'aura pas lieu. Stefano assiste impuissant à la chute de son ami d'une fenêtre. Antonio s'écrase sur le bitume, le crâne fracassé. Pour Stefano, il s'agit d'un meurtre. Mais pour tous les autres, ce ne peut être qu'un suicide. Entre temps, Stefano reçoit des coups de téléphone anonymes, doit quitter l'hôtel pour des raisons douteuses et fait la connaissance de Francesca, la nouvelle institutrice.
Finalement, Stefano emménage dans une ancienne et vaste demeure isolée, habitée uniquement par une dame très âgée et paralytique, qui ne quitte pas l'obscurité de sa chambre. Très vite, l'atmosphère de cette maison devient étouffante...

 

 

Après avoir évoqué l'autre chef d'oeuvre horrifique de Pupi Avati : "Zeder", pour ce qui fut ma première chronique sur le site, voilà quelques mois, il était temps de parler de "La Maison aux Fenêtres qui Rient". Il s'agit là d'un film unique en son genre, tout comme l'était "Zeder", qui marque les esprits, l'empreinte d'un cinéaste talentueux. Croisement entre deux genres : le giallo et le film d'horreur, "La Maison aux Fenêtres qui Rient" emmène le spectateur dans un voyage au coeur de l'angoisse, ayant pour cadre la campagne italienne, ses croyances, et ses superstitions, ses secrets et ses tares, une ambiance que Lucio Fulci aura également brillamment illustré à travers cet excellent film qu'est "La Longue nuit de l'exorcisme".
Né à Bologne, Pupi Avati a su exploiter à merveille ses souvenirs pour tisser une trame redoutablement efficace, dans cette campagne où la quiétude et l'ennui cachent d'horribles secrets. Le cauchemar se glisse dans le quotidien, l'incroyable côtoie l'ordinaire, rendant l'histoire parfaitement crédible, et terrifiante. Car il s'agit là d'une véritable descente aux enfers, là où la religion catholique est fortement ancrée. Et le spectateur plonge avec le héros dans une quête de la vérité qui ne peut aboutir qu'à l'impensable.
Dans le rôle de Stefano, Lino Capolicchio campe un personnage sobre, un peu effacé, mais crédible. On le verra par la suite dans "Terreur sur la Lagune" d'Antonio Bido. Les autres acteurs ne sont pas très connus, mais on reconnaîtra au passage Eugene Walter, qui incarne le prêtre, aperçu également dans "La Tarentule au ventre noir".
La musique a été composée par Amedeo Tommasi, une partition de choix accompagnant les scènes de tension extrême.

 

 

Malgré quelques temps morts, la fin du film est un modèle du genre, particulièrement flippant, et ce sans avoir recours à des effets spéciaux, tout comme pour "Zeder". Une oeuvre marquante, donc, et qui reste toujours aussi efficace trente ans plus tard. Un film hautement recommandable, un classique du genre.

 

Note : 8,5/10

 

Flint
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