Malaise
Genre: Horreur , Polar
Année: 1972
Pays d'origine: France
Réalisateur: Gerard Trembasiewicz
Casting:
Jack Bernard, Evelyn Kerr, Olivier Neal, Nathalie Nort, Claude Norman, Christian Forge, Georges Lucas, Jean Rougerie...
Aka: Les amours particulières (sortie vhs) / Room of chains (titre américain)
 

Bien que marié, un antiquaire entretient des relations avec son jeune assistant. Ils passent leur week-end dans une grande demeure a l'ouest de Paris, du coté de Vernon, et s'amusent à fouetter des filles que kidnappe pour eux un homme au physique monstrueux. Et si cet homme au visage difforme que les médias locaux appellent "Le sadique de Vernon" n'était autre que notre antiquaire lui-même ?


Toute petite production française de 1972, Malaise est une oeuvre à la fois curieuse et unique qui ne laissera pas indifférent l'amateur de bizarrerie. De son générique de début recouvert d'un filtre rouge qui laisse entrevoir des scènes à venir à ses séquences de flagellation oniriques - filtrées de rouge elles aussi - en passant par son sadique agresseur de jeunes filles, Malaise voudrait laisser transparaître une poésie macabro-surréaliste, ce à quoi il parvient plus ou moins bien.

 

 

C'est à priori une banale enquête policière à laquelle on assiste ici, mais cet antiquaire homo-schizophrène obsédé par la souffrance des femmes qui porte un masque de malade mental autrichien du XIXe siècle n'est pas un maniaque comme les autres. Il ne tue pas ses victimes, ne les viole pas, il les fouette sans haine, mais les caresse avec passion, avant de les laisser en rase campagne. Quant à son assistant et complice il apparaît totalement absent, effacé, le réalisateur l'oubliant totalement. Malaise est un étrange film d'horreur provincial, à la lisière du cinéma bis et du cinéma d'auteur, atypique et en même temps typique de son époque, celle des petits budgets et de l'étrangeté à l'écran.


Gerard Trembasiewicz, dont c'est la seule et unique réalisation, a su créer son ambiance et donner une âme à son film, il a même inventé un personnage : le sadique de Vernon. Ses apparitions méritent à elles seules la vision de Malaise, même si on a guère envie de s'ennuyer devant cette oeuvrette qui fait parfois penser aux films de Jesus (Franco, pas notre Sauveur !). Fantasmée par notre sadique de Vernon pendant qu'il est à la messe avec sa femme (Jesus, le plus connu, n'apprécierait pas), une série de plans que Franco (Jesus, pas le general !) n'aurait pas renié nous expose des figures chrétiennes alternant avec des femmes torturées et des sculptures masculines dont on aperçoit l'organe viril.

 

 

On pourrait penser que Trembasiewicz profite de son petit polar horrifique pour éreinter les institutions à travers un gendarme abruti et obsédé sexuel, un antiquaire, notable en province et allant a la messe le dimanche, dégénéré et sadique, une affiche déchirée sur laquelle est inscrite Pompidou et progrès, montrer la rigidité des moeurs de l'époque avec Jean Rougerie - qui n'a pas mentionné le film dans sa filmo officielle - en père de famille obtus et anti-soixante huitard. Pourtant son propos n'est pas du tout libéral ni gauchiste : après tout ce sont des homos qui enlèvent ces filles, et puis le père de famille mentionné plus haut avait bien raison de ne pas laisser sa fille partir en vacances, on ne sait jamais qui on croise sur les routes...
Malaise est un film trouble, aux personnages pathétiques et au style étonnant, qui n'intéressera pas grand monde à part ceux qui veulent pouvoir ajouter une petite pierre a l'édifice de leur culture cinephilique du "bis made in France".

 

 

Xawa
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