Qualcosa striscia nel buio
Genre: Horreur , Epouvante , Fantastique , Maisons hantées , Esprits
Année: 1971
Pays d'origine: Italie
Réalisateur: Mario Colucci
Casting:
Farley Granger, Lucia Bosé, Giacomo Rossi Stuart, Stelvio Rosi, Mia Genberg, Gianni Medici, Giulia Rovai, Franco Beltramme, Dino Fazio, Francesco Lavagnino...
Aka: Something is Crawling in the Dark
 

Ca commence sur les chapeaux de roues puisque pas moins de trois voitures se retrouvent au même endroit et au même moment sous une pluie battante : le générique s'ouvre sur Sylvia et Donald Forrest (Lucia Bose et Giacomo Rossi-Stuart), un couple en pleine crise de ménage, qui semble sérieusement au bord de la rupture. Alors que leurs réparties acides sont ponctuées par une musique sentencieuse, on passe à la seconde voiture : à son bord, Spike (Farley Granger), un criminel jugé dangereux et quoi qu'il en soit, en fuite. A ses basques, l'inspecteur Inspecteur Wright (Dino Fazio) et Sam son adjoint (Franco Beltramme) sont bien décidés à l'arrêter dans sa course effrénée. Aucun d'eux n'atteindra son but puisque, suite à l'éboulement du pont censée la prolonger, cette route en pleine campagne ne les mènera qu'à une impasse. En fin de parcours ils rencontreront encore trois autres personnes : le professeur Lawrence (Angelo Francesco Lavagnino), âgé d'une soixantaine d'années, spécialiste en sciences occultes, ainsi qu'un médecin (Stelvio Rosi) et son assistante (Mia Genberg).

 

 

Huit personnes avec des enjeux et des intérêts différents, voire des antagonismes, se retrouvent réunies contre leur gré à la nuit tombée, en pleine campagne profonde. Heureux encore qu'un manoir a été aperçu, les lumières allumées, un endroit parfait pour passer la nuit en attendant le jour et la fin des intempéries qui ont cerné de flotte l'endroit, le faisant presque ressembler à une île. Arrivés au manoir, ils sont accueillis par un certain Joe (Gianni Medici) et son amie (Giulia Rovai). L'hospitalité leur est offerte de bon coeur et, lors du dîner, les deux hôtes expliquent à leurs invités qui était l'ancienne propriétaire des lieux : une certaine Sheila Marlowe, morte autrefois dans des circonstances aussi horribles que mystérieuses, dont la photo trône au milieu du salon. Bien entendu cela n'est pas sans interpeler notre spécialiste en sciences occultes et une séance de spiritisme est proposée : y participent trois d'entre-eux qui bientôt entrent en transe, les autres se tenant à l'écart par scepticisme. Cependant, la séance s'avère plus impressionnante que prévu. Trucage ou réalité ? Toujours est-il que le fantôme de Lady Marlowe semble s'être manifesté. Peu après, alors que les policiers tentent de garder Spike prisonnier, les invités commencent à disparaitre les uns après les autres...

 

 

Soldons d'entrée le problème, s'il en est, de l'appartenance ou non de Qualcosa striscia nel buio au genre giallo : ce n'est pas parce qu'on regroupe dans un lieu clos quelques personnes qui se font dessouder les unes après les autres de façon énigmatique, qu'il y a forcément un assassin à la psyché tourmentée et au mobile justifié, tapi dans l'ombre. C'est finalement le lot de bon nombre de pellicules d'épouvantes souvent basées sur des postulats fantastiques : cela va du genre gothique à tout un pan du film de maison hantée - auquel Something is Crawling in the Dark peut prétendre faire partie -, jusqu'au slasher le plus basique. Bref, ce second et dernier film de Mario Colucci (après "Vendetta per vendetta", un western avec John Ireland réputé pour sa violence graphique) est un récit paranormal doté de sous intrigues, dont l'une des principales est un jeu du chat et de la souris entre deux policiers et un assassin en fuite, un jeu qui vient pimenter un huis-clos assez classique, permettant en même temps de l'aérer en plus de brouiller, de façon quelque peu perverse, les pistes. A ce titre, Something is Crawling in the Dark peut se voir faire le procès de reprendre grosso-modo la même trame que le "Contronatura" d'Antonio Margheriti, lui aussi souvent classé à tort dans le thriller jaune, et qui évoluait pourtant dans les mêmes espaces spiritualo-atmosphériques avec, là aussi, mises à nu des personnages et scènes d'épouvantes. D'une certaine manière, en y ajoutant l'élément de l'homme en fuite, ce thriller surnaturel puise aussi dans le "Cul de sac" de Polanski, sans la dimension ironique, en agrémentant de tout de ce qu'a pu assimiler le cinéma italien en termes d'horreur gothique et d'esprits vengeurs. On retrouvera ce côté surnaturel dans d'autres thrillers comme "L'assassino ha riservato nove poltrone" de Giuseppe Bennati dans lequel un groupe de personnes, réunies dans une vaste propriété, faisait également les frais d'une puissance supranormale...

 

 

Moins accompli que son modèle, Qualcosa striscia nel buio tire toutefois son épingle du jeu et finit par anticiper certains films à venir : difficile de ne pas penser par moments à La Maison des damnés que John Hough transformera brillamment deux ans plus tard (et auquel on ne fit pas le procès d'arriver trop tard ou d'être trop classique), la différence notable étant la présence volontaire ou non des protagonistes en des lieux malsains. Par extension encore, on pourrait citer le tout aussi excellent Más negro que la noche de Carlos Enrique Taboada. A charge cependant, passé le préambule diluvien, et une fois les protagonistes arrivés dans le domaine, la mise en place se fait un temps laborieuse. Difficile de se prêter à un jeu dont les dés sont jetés trop vite, arborant d'entrée des allures de partie truquée : à peine installé qu'on se lance ici dans une séance de table tournante avec trois personnes entrant immédiatement en transe. De là, les événements se déchaînent immédiatement : autant dire qu'il faudra au spectateur jouer le jeu de la crédulité et de la complaisance pour accepter une donne trop vite expédiée.

C'est pourtant juste après que la malédiction de Lady Marlowe se manifestera, en premier lieu par le corps possédé de Donald Forrest. Les esprits de chacun seront ensuite à leur tour possédés, comme contaminés, parfois dans des élans purement sexuels, et dans des scènes oscillant entre le ridicule et un charme d'époque qu'on qualifiera de décalé : ainsi une scène se voulant onirique, dans laquelle Farley Granger en sous-pull bleu clair, se met à balancer des gifles à Lucia Bosé, avant de la faire basculer pour un interminable baiser, le tout au ralenti, a de quoi laisser perplexe. C'est néanmoins après deux séquences discutables que le charme commence à opérer et que l'efficacité de la mise en scène fait enfin son petit travail de sape. Bien qu'évoluant en terrain connu, Mario Colucci parvient à mixer avec une certaine habileté, le pendant terre-à-terre du film (Farley Granger ligoté par les policiers parvenant à se libérer puis à se promener dans la nature, avec tout ce que cela suppose de dangereux) et le côté surnaturel. Idem pour une fin se voulant ouverte et laissant au spectateur le soin d'interpréter ce qu'il vient de voir.

 

 

Doté d'une bonne interprétation de groupe, dominée par un Farley Granger bien plus vivace et convaincant ici qu'il le sera ensuite dans la poignée de gialli auquel il participera (Amuck, "La peau qui brûle", So Sweet, So Dead, La lame infernale), Something is Crawling in the Dark jouit aussi des sensuelles présences de Lucia Bosé ("La controfigura", "Ceremonia sangrienta") et de Mia Genberg au sortir de "Roses rouges pour le Führer" de Fernando Di Leo, juste avant de disparaître complètement du paysage cinématographique. Dans un registre plus en retrait, on ne peut pas dire que Giacomo Rossi-Stuart s'y montre particulièrement convaincant tandis que Giulia Rovai s'y dévoile sans retenue dans ce qui reste l'unique film de sa carrière. On notera enfin deux détails autant anecdotiques que cruciaux : Angelo Francesco Lavagnino, compositeur de la musique du film (et de plus de 200 bandes originales entre 1947 et 1978) tient avec assurance et crédibilité son unique rôle au cinéma, celui du professeur féru de sciences occultes, tandis que Mario Colucci n'hésite pas à puiser chez Preminger et son envoûtant "Laura" en nous refaisant le coup de l'actrice présente uniquement par l'intermédiaire d'un portrait (une photo ici). Pour le coup, il ira jusqu'au bout du concept puisque à aucun moment, Lady Marlowe, pourtant "campée" par Loredana Nusciak (Django, "Vendetta per vendetta" du même Colucci) n'apparaitra dans ce film qui, soit n'apporte pas grand chose de neuf au genre, mais n'en demeure pas moins solide, plaisant, et qui, contrairement à d'autres, parvient à maintenir l'intérêt sur la distance.

 

 

Mallox

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