Ghostkeeper
Genre: Horreur , Cannibalisme , Esprits
Année: 1981
Pays d'origine: Canada
Réalisateur: Jim Makichuk
Casting:
Riva Spier, Murray Ord, Sheri McFadden, Georgie Collins, Les Kimber, Bill Grove, John MacMillan...
 

Jenny (Riva Spier) et son petit ami Marty (Murray Ord) s'échappent d'une convention en compagnie de leur camarade Chrissy (Sheri McFadden) pour le réveillon de la Saint-Sylvestre, située dans une station de sports d'hiver, puis décident d'explorer les environs. Seulement, à pratiquer le hors-pistes, chacun le sait, on peut tomber de haut !
Malgré les avertissements du vieux tenancier (Les Kimber) leur louant des motoneiges, voici donc nos trois insouciants partis à toutes blindes sur leurs bolides pour se retrouver dans un endroit isolé et semble-t-il non fréquenté depuis un bon moment.
Le motoneige de Chrissy, plus que de tomber en panne, prend carrément feu, tant et si bien que nos trois téméraires sont contents de tomber par hasard sur un vieil hôtel qu'ils pensent être abandonné ; a fortiori avec une température déclinante avoisinant les moins 20 degrés à la tombée de la nuit.
Tandis qu'ils se croient seuls, déboule une vieille bonne femme (Georgie Collins) les sommant de quitter les lieux.
Pas nette la vioque ? Pas tant que ça ! En plus de cacher un rejeton pour le moins flippant, ces deux là planquent carrément un Wendigo dans leur hôtel ! Autant dire que nos trois aventuriers auront des frissons absolument sans rapport avec le froid glacial de l'endroit...

 

 

Ghostkeeper est un petit horrifique indépendant qui, à l'instar du yéti, est demeuré longtemps invisible. Tourné avec un budget dérisoire, il s'agissait d'exploiter à son maximum les décors canadiens de Lake Louise et du Banff National Park, le tout sur une idée relativement proche du "Shining" de Kubrick avec lequel il entretient quelques rapports ou similitudes (paysages enneigés et difficilement accessibles, personnage surgissant de loin pour se faire trucider, un autre perdant petit à petit la raison, présence d'éléments fantastiques et surnaturels...) mais dont les restrictions budgétaires semblent l'avoir nivelé vers le bas.
C'est aussi l'unique film de James Makichuk qui oeuvrera peu après pour la télévision, le plus souvent comme scénariste (La série "L'odyssée fantastique", "The Tower", "Roswell, les aliens attaquent"...) qui fut lui aussi déçu du résultat ; certaines scènes, dont une longue poursuite finale entre le Wendigo et l'héroïne, durent être abandonnées faute de temps et de moyens. Le film fut ainsi torché en trois semaines avant d'être distribué en vidéo bien plus tard, par la New World Pictures de Corman et pour cause de copies bien trop sombres. Rajoutons que c'est seulement en 2012 qu'un éditeur a bien voulu se pencher sur son cas (Code Red), une édition grâce à laquelle le réalisateur put enfin s'exprimer sur les conditions de tournage de son film...

 

 

A s'attarder sur les affres du tournage, on comprend mieux pourquoi ce Ghostkeeper est si inégal, alternant de magnifiques plans en extérieurs dignes, dans les premières scènes notamment, d'un graphiste de grand talent, quelques moments de frayeurs correctement filmés, une ambiance esquissée mais inachevée, et des scènes hautement ridicules lorsqu'elles ne sont pas carrément ennuyantes.
En passant, rendons hommage à l'excellent travail de John Holbrook sur l'image, elle fait énormément pour un film qui, sans cela, ne vaudrait pas tripette. Un chef-opérateur encore en fonction, dont on a croisé et dont on croise assez régulièrement le nom aux génériques de téléfilms, de séries et de films tels que "Rambo", "Rogue - L'ultime affrontement" ou encore "Scary Movie 3". Rappelons, pour en finir avec ce saint homme qu'il fut en 1974, sous le pseudonyme de Bob Hollowich, le réalisateur d'un film qui ne suçait pas que des glaçons : le (peu) fameux "Sexcula" dans lequel femme-robot, femme-vampire et gros gorille partouzaient sans honte (mais sans trop de jouissance pour le spectateur non plus, tout du moins, à ce qu'on m'en a rapporté ici-même).
Parmi les détails les plus surprenants, signalons enfin que le Wendigo du film est campé par une ex star de hockey sur glace, John MacMillan, dont ce fut l'unique prestation à l'écran avant de se reconvertir en agent d'assurances.

 

 

Finalement, le gros problème de Ghostkeeper est de vouloir, sur des fondations on ne peut plus fragiles, mixer trop de références, même si celles-ci sont probablement assez souvent involontaires. On y retrouve donc un cousin de Leatherface (Massacre à la tronçonneuse), du cannibalisme et une vieille folle autant hirsute que flippante (bonjour à la vieille du "Frightmare" de Pete Walker), Un Wendigo reclus dans sa petite chambrette-congélateur à qui on donne à manger de la chair humaine, le tout évoluant sur une ambiance de slasher Canada Dry à la Prom Night, Meurtres à la Saint-Valentin ou accessoirement à la Black Christmas. Le point commun de tous ces films cités restant Paul Zaza, qui livre, en complément de celui de John Holbrook, un excellent travail musical.

Il est franchement dommage que ces qualités, en plus d'une évidente bonne volonté d'instiller une ambiance, se voient contrariés par des passages parfois complètement nuls ou hors-jeu (que dire des cinq minutes de speech tenu par Chrissy expliquant comment un conducteur lui a touché la cuisse pour coucher avec elle à l'arrière d'une voiture avant de conclure par ces doux mots : "Je ne sais pas pourquoi je vous parle de ça !" ? Et bien, figurez-vous que nous non plus. Sans compter qu'on s'en tape complètement !), et d'autres carrément incompréhensibles : le personnage de Marty (Murray Ord / "Runaway - L'évadé du futur") qui, en plein milieu de bande, se met à disjoncter, son visage se recouvrant petit à petit d'une membrane non identifiée...
Quant à Riva Spier, qui fit ses débuts à l'écran dans le "Rabid" de Cronenberg, elle incarne la fragilité et la névrose avec la subtilité et l'élégance d'un Bigfoot monté sur talons hauts.

 

 

Reste que Ghostkeeper n'est pas non plus un navet, et qu'en plus d'une esquisse d'ambiance incontestablement présente, certaines scènes (un égorgement, un personnage débité à peine arrivé) font leur petit effet ; à moins que cet effet se soit limité pour le coup à réveiller l'auteur de ces lignes entre deux longs segments de somnolence. Bref, tout comme l'endroit du film, cette bobine mal torchée ne s'avère pas très fréquentable...

Mallox

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