Polizia brancola nel buio, La
Genre: Science fiction , Giallo
Année: 1974
Pays d'origine: Italie / Turquie
Réalisateur: Helia Colombo
Casting:
Joseph Arkim, Gabriella Giorgelli, Elena Veronese, Francisco Cortez, Richard Fielding, Robert Trewords, Danny P. Gergoz, Halina Zalewska...
Aka: The Police Are Blundering in the Dark (titre anglophone européen)
 

Ça envoie chichement avec cette paire de ciseaux en guise de générique, la mention "Dario Amendela presenta" qui s'affiche, puis cette musique qui se fait très mélodramatique et profonde, très "Mort à Venise"...

 

 

Ce qui s'ensuit n'est guère mieux. Nul doute qu'on s'est trompé de Dario ! La première scène illustre un type venant dans son potager, s'accroupissant devant une rangée de laitues avant de se mettre à rire bêtement, seul. Vient s'incruster cet adage philosophique à l'écran : "L'humanité se distingue des animaux grâce à une seule vertu : l'intelligence". C'est donc ironique... ok.
La polizia brancola nel buio commence sur les chapeaux de roues mais par un pneu crevé : une jeune femme se retrouve stoppée net avec sa vieille Fiat à l'arrêt, avant qu'un type la pourchasse et que, les seins à l'air (me demandez pas pourquoi) elle se fasse tuer à coups de ciseaux. Cool ! Finalement, avec ce cadre forestier de la province romaine, le début n'est pas loin de ressembler à Torso. S'ensuit le titre du journal qui éclaire notre lanterne : "une autre modèle disparue. 4 en 18 mois. La police tâtonne". Puis, une annonce : "Artiste infirme cherche jeune couple pour aide domestique". Le couple, Alberto et Lucia, se fait donc embaucher comme domestiques chez un certain Edmondo Parisi (lui-même doté d'une coupe de mouton-caniche - je le précise pour le domaine animalier qui sied particulièrement bien au genre).

 

 

C'est au tour d'une autre modèle photo, Enrichetta, de se rendre sur place ; mais elle tombe également en panne pour, du coup, se réfugier dans l'auberge locale (ambiance Bal des vampires, consanguinité mais chicots pourris, contrairement à nos amis les vampires). C'est dans cette même auberge qu'on retrouve le malade mental aperçu en préambule se gondolant devant des laitues, lequel rend d'ailleurs une petite visite nocturne dans la chambre louée par la jeune femme façon "La fiancée de Frankenstein", a priori plus monstrueux que méchant. Ne vous inquiétez pas, elle va y passer aussi ! Est-ce dû à ce Cro-Magnon sur lequel la caméra semble s'attarder pour tromper son spectateur ? Possible, mais il est toutefois difficile de déceler les intentions du type qui a pondu cet œuf.

Le héros déboule enfin dans l'histoire, et par conséquent sur la pelloche, il s'agit de Giorgio D'Amato (Joseph Arkim), journaliste de métier, inquiet - sans trop le montrer à l'écran - de la disparition de sa petite amie Enrichetta. Faut dire que cette dernière n'a pas été prise au sérieux lorsqu'elle l'a appelé la veille au soir, Georgio était occupé au lit avec ce qu'on imagine être l'une de ses cinquante maîtresses. Il se pointe donc sur les lieux, faisant même un petit détour par l'auberge susmentionnée où il croise Alberto ; il est ensuite chaleureusement accueilli chez Edmondo où on l'invite à dîner puis à passer la nuit (les fameuses intempéries, vous savez...) et, peu après les ripailles, il apprend par la nièce d'Edmondo Parisi (qu'il séduit tranquille-pépère) que celui-ci est l'inventeur d'une drôle de machine : un appareil photo capable de capter l'âme des gens pour les coucher sur pellicule. Ah !

 

 

Comme souvent dans les réunions de famille d'inspirations "10 petits nègres", on peut facilement broyer le noir de l'ennui. En tout cas La polizia brancola nel buio est un film médiocre et mal branlé, et parfois même assez absurde : même les orages s'y déclenchent de manière aussi inattendue que l'effeuillage des actrices ! Quant aux personnages, ils naviguent entre l'esquisse et la caricature : bien entendu, il y a le propriétaire de la demeure du mec riche sans rien foutre, entouré comme d'hab d'une bande de parasites dégénérés, un certain Edmondo Parisi donc, inventeur excentrique cloué sur un fauteuil roulant ; il y a aussi Sarah, sa jeune nièce tourmentée qui lui semble dévouée ; Eleonora, sa femme, sorte de chiennasse érotico-saphico-suceuse-de-teckels, mais aussi et encore, le docteur Dalla, bavard impénitent aussi louche que pénible ; enfin, dans ce groupuscule de psychotiques, nos deux embusqués de service, Alberto, en domestique halluciné, et Lucia, en bonniche délurée.

 

 

Rayon dialogues, on apprend des choses aussi utiles et passionnantes que "les routes mouillées, ça glisse", mais le principal finalement, c'est que ce groupuscule de psychotiques fournit une assemblée non négligeable de gens à buter. Et il y a bien des meurtres dans La polizia brancola nel buio, tout comme il y a bien de la belette dénudée. Me voici donc en train de citer le fameux "Éros et Thanatos" utilisé à toutes les sauces pour étaler son érudition en matière de tragédie grecque ! Pas de bol, c'est pas du Grec, c'est du Turc ! Manque de budget et coprod obligent, faut bien dire que ce giallo mozarella-döner n'est pas très relevé. Les ellipses y sont nombreuses, les personnages trop facétieux pour susciter un intérêt conséquent, les situations peinent à se renouveler tant et si bien que tout le monde couche avec tout le monde, même l'homme-salade y passe avant de se faire traiter de bestiau ; quant à la résolution de l'intrigue, si je vous dis que les Martiens débarquent et emmènent le coupable, vous croyez que je raconte des salades ? Dans ce cas, mieux vaut vérifier par vous-mêmes.

 

 

On doit cette jaunisse à un certain Helia Colombo, dont c'est le seul méfait pelliculaire. Au rayon des acteurs volants non identifiés Joseph Arkim, en séducteur enquêteur, a la particularité de ressembler à Cüneyt Arkin, au point qu'il est souvent confondu pour ce film-ci ; Francisco Cortéz, Richard Fielding, Danny P. Gerzog, Robert Trewords... sont des noms carrément nébuleux, probablement des pseudos. Finalement, les visages les plus reconnaissables sont ceux d'actrices : Margaret Rose Keil en Enrichetta (Gli imbroglioni, Commissaire X dans les griffes du dragon d'or, "Le Décameron interdit", "Ton diable dans mon enfer"...) ou bien Gabriella Giorgelli en Lucia ("Poker d'as pour Django", La Police au service du citoyen, Le cynique, l'infâme, le violent, Hercule de Cozzi, etc.)

Il convient toutefois de relativiser la déception que peut générer La polizia brancola nel buio à sa vision. Certes, tout cela ne tient pas debout et certaines séquences sont anormalement étirées pour atteindre péniblement les 75 minutes ; certes, c'est un giallo classique et par moments ennuyeux lorsqu'il n'est pas abracadabrant, mais il recèle toutefois un petit quelque chose de sale et de malpoli que ne possèdent pas certains gialli du même genre, soit mieux photographiés et plus peaufinés, mais tout aussi chiants à l'arrivée.


Mallox

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