Baraka à Beyrouth
Titre original: Embassy
Genre: Thriller , Action , Espionnage
Année: 1971
Pays d'origine: Royaume-Uni
Réalisateur: Gordon Hessler
Casting:
Richard Roundtree, Ray Milland, Max von Sydow, Chuck Connors, Marie-José Nat, Broderick Crawford, David Healy, David Bauer...
Aka: Du rififi à l'ambassade / L'Ambassade / Shannon senza pietà (Italie) / Der Killer in der Botschaft (RFA) / Target: Embassy (RFA) / Asilo Político (Portugal) / Biroute baraquée (Belgique)
 

Un avion de ligne atterrit brusquement à l'aéroport de Beyrouth et l'Ambassade américaine voit débouler dans son enceinte un certain Gorento (Max von Sydow). Ce dernier prétend être un personnage officiel très important du ministère soviétique des Affaires Étrangères, cherchant refuge sur le territoire américain. Deux membres de l'ambassade sont chargés de l'interroger, Shannon (Richard Roundtree) et Dunninger (Broberick Crawford). À l'issue de l'interrogatoire, Gorento est admis à la fois comme déserteur et comme réfugié politique. Mais cela déclenche hostilités et représailles puisque pour faire pression sur les Américains, les Soviétiques font croire qu'un de leurs fonctionnaires a été kidnappé par la CIA. La situation se fait explosive avec l'arrivée de Kesten (Chuck Connors), un agent russe parvenu à s'infiltrer au sein de l'Ambassade pour éliminer leur traître...

 

 

Baraka à Beyrouth, pur thriller d'espionnage, est issu d'un roman de Stephen Coulter, spécialiste du genre. Un romancier déjà adapté à l'écran en 1968, avec "Les Requins volent bas" de David Miller. Embassy est quant à lui scénarisé par John Bird et William Fairchild, ce dernier s'étant déjà illustré comme réalisateur avec trois films dont le chant du cygne est resté trop confidentiel pour ce qu'il vaut : "L'Ennemi silencieux", film de guerre maritime illustrant les exploits d'un lieutenant envoyé en mission en 1941, à Gibraltar, afin de récupérer des documents importants à bord d'un avion s'étant écrasé en mer, et qui décide de se servir d'un sous-marin pour infiltrer la base italienne afin de la détruire. De la pure aventure guerrière britannique tournée alors qu'un certain Alistair MacLean, lui aussi ancien de la Royal Navy, entamait la carrière d'écrivain que l'on connait. Quant à l'auteur du roman, Stephen Coulter, bien que plus spécialisé dans le roman d'espionnage à partir de la fin des années 50, il appartient à la mouvance que John le Carré rendra populaire peu après.

 

 

Des noms cités également un peu en vrac pour dire que, finalement, Baraka à Beyrouth fait partie de ces films qui avaient le vent en poupe à cette époque, elle-même révolue, et ses auteurs souvent oubliés depuis.

En tout cas, bien que mis en scène de manière professionnelle par Hessler (Catacombs, "Lâchez les monstres", "Le Cercueil vivant", Le Voyage fantastique de Sinbad...), Embassy manque d'âme et de corps.
On part pour une partie de cache-cache et, tant qu'à faire, pour du suspense et de l'action à tout va, mais force est de constater que le spectacle manque de saveur. Trop longtemps statique et bavard, il se révèle trop fadasse pour susciter puis maintenir un intérêt digne de ce nom, hormis, peut-être, une dernière demi-heure qui se fait plus nerveuse, comme libérée des contingences et des pénibles tergiversations ne servant finalement qu'à justifier un dernier segment tout fait d'action. Sans compter qu'il n'est ni crédible ni intrigant pour autant, et que la paranoïa y reste constamment superficielle. Du coup, malgré son casting alléchant, Embassy est un spectacle plutôt insipide, ni généreux, ni gratifiant, à peine relevé par la prestation excessive, jusqu'au cabotinage et à la caricature, de Chuck Connors, lequel semble réviser son rôle pour "Le Détraqué" du sieur Bert I. Gordon.

 

 

Embassy n'était pas une mauvaise idée en soi et, comme dit avant, outre d'exploiter un filon alors en vogue, il réunit une sacrée pléiade de stars. Certaines sont déjà sacrées depuis belle lurette, et entament alors le crépuscule de leur carrière ; d'autres sont en plein essor ou en pleine gloire. Outre le méchant de service, Broderick Crawford est probablement l'acteur qui fait preuve du plus grand abattage. C'est dire comme il convient de ne point trop attendre de cette "Baraka" un festival d'actions s'enchaînant à un rythme effréné. Ray Milland arbore quant à lui des airs de riche nonchalant et est parfait en vieux salaud faisant un aller-retour dans une des allées de sa propriété. Max von Sydow apporte présence, force ainsi qu'un peu de crédibilité à cet ensemble disparate ; sa présence au générique est probablement due à son excellente prestation dans "La Lettre du Kremlin" de Huston. Celle de Marie-José Nat pourrait paraître incongrue. Elle est pourtant garante d'une autre mode alors en cours, celle des castings internationaux, ceux de prestige, dans lesquels apparaissent alors des actrices telles Marthe Keller. À ce sujet, le personnage de Marie-José Nat est plus proche de celui que campera l'actrice suisse dans "Marathon Man" que des bimbos présentes dans les succédanés de James Bond adoptant des tons plus légers et, parfois, plus parodiques.
Embauché par les producteurs qui profitent de sa révélation puis ascension "Shaftienne", Richard Roundtree ne convainc pas et fait pâle figure (sans mauvais jeu de mots). L'acteur semble encore être le jouet de producteurs ne sachant trop s'il faut le mettre en avant ou non, et à quelle côte miser sur lui. Une hésitation qui tient de la spéculation purement pécuniaire et qui explique sans doute en partie pourquoi Embassy ne trouve pas le chemin qu'il aurait dû emprunter, celui d'un pur actionner sur fond d'espionnage.

 

 

Exploité tardivement dans quelques salles françaises (en octobre 1975), Baraka à Beyrouth ne connut pas de bénédiction particulière, encore moins de succès, tant et si bien qu'il est tentant de parler de "Déroute à Beyrouth", a fortiori parce que, à ce jour, il n'en reste plus grand-chose si ce n'est les éditions VHS de quelques pays (chez Carrère en France, non pas chez Embassy).
Selon Encyclociné, les acteurs John Daly, Mel Ferrer et David Hemmings auraient mis des deniers dans la production d’Embassy. Pas sûr qu'ils en aient eu pour leur a(r)gent, à tous niveaux.



Mallox

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