Sans peur et sans culotte
Titre original: Little Girls Blue
Genre: Porno
Année: 1978
Pays d'origine: Etats-Unis
Réalisateur: Joanna Williams
Casting:
Casey Winters, Samantha Morgan, Elaine Wells, Lori Blue, Paul Thomas, Carl Regal, Ken Scudder...
 

L'école Townsend, pensionnat de jeunes filles, abrite un certain nombre d'élèves dont la matière préférée est l'éducation sexuelle. Malheureusement pour elles, ce cours n'est pas dispensé, et nos charmantes demoiselles vont devoir faire preuve d'imagination et de pugnacité pour mettre en pratique tout ce qu'elles imaginent à travers leurs rêves ou leurs fantasmes. Parmi elles, les plus délurées sont assurément Misty et Kathy, fricotant déjà avec de beaux étudiants qu'elles retrouvent le soir en dehors du pensionnat. Mais Misty souhaite à présent approfondir ses connaissances avec un homme mûr, et pour cela elle a jeté son dévolu sur Barrett, le professeur d'histoire. Buffy, quant à elle, est impatiente de perdre son pucelage, mais ses copines ne semblent pas disposées à partager leurs conquêtes.

 

 

Cela étant, les vicissitudes amoureuses ne concernent pas uniquement nos jeunes lycéennes, puisque Fowler, le professeur d'éducation physique, passe des heures à imaginer qu'il déflore la ravissante et innocente Miriam.

Little Girls Blue fait partie de ces films qui ne pourraient plus être tournés de nos jours, dans la mesure où la censure, nos dirigeants puritains en façade, les pseudos ligues de moralité et les hypocrites de tous poils qui se branlent avec leur main gauche et nous mettent à l'index avec leur main droite (dixit Bill Margold dans l'entretien accompagnant le film) verraient d'un très mauvais oeil une histoire dans laquelle des écolières encore mineures ont des rapports sexuels avec des hommes d'âge mûr. Oui, on ne rigole plus avec de tels sujets, même si les actrices incarnant les écolières en question étaient bien évidemment majeures. Le "Blue" du titre ramène autant au "blue movie" (synonyme de film porno) qu'à la couleur de l'uniforme des jeunes filles, lié au blanc, symbole de la pureté qui aura bien du mal à s'imposer dans ce pensionnat.

 

 

Joanna Williams annonce la couleur dès son générique d'ouverture, propice au rêve, et qui va se confirmer durant la première moitié du métrage, avec trois magnifiques scènes oniriques exprimant les fantasmes de l'élève Misty (Casey Winters, vue dans Sweet Savage) et du professeur Fowler (Carl Regal). La première séquence est un modèle du genre, faisant appel à la macrophotographie pour filmer un pénis en (très) gros plan, en travelling depuis le gland jusqu'aux testicules, et devenant par la même (presque) comparable à la tour de Pise ou l'obélisque de Luxor.
Le sexe masculin, fantasmatique aux yeux de Misty, se dresse ainsi, logiquement disproportionné. Il est aussi le fruit défendu, non plus la pomme mais le Phallus impudicus si bien nommé. Dans un décor absolument vide constitué uniquement de murs blancs, accentuant l'aspect onirique de la scène, Misty apparaît nue en arrière plan, dans une pose candide, le regard irrésistiblement attiré en direction du "gigantesque" braquemart. Notre nouvelle Eve va-t-elle résister à ce besoin irrépressible d'avaler le fruit de la convoitise ?
La caméra s'attarde ensuite à intervalles réguliers sur les lèvres de l'héroïne, et ses yeux, toujours en usant de gros plans. Misty s'imagine, se voit même en train d'enfourner le membre de ce partenaire anonyme, dont on ne voit jamais le visage. L'homme n'est qu'un sexe, un objet de désir, et Joanna Williams réitère ensuite avec les deux séquences impliquant le prof de gym et Myriam, conçues de manière identique : absence de décor, fond blanc, musique douce et limitation des dialogues.

 

 

Les scènes rêvées sont de loin les plus intéressantes, de par leur construction et leur potentiel érotique. Du coup, la seconde partie de Little Girls Blue apparaît plus ordinaire, s'attardant sur les aventures de Misty et Kathy au sein même du campus. Le second reproche que l'on pourrait adresser au film concerne la prépondérance de sexe oral. Fellations et cunnilungus sont en effet prodigués de manière intensive sinon abusive, au risque de lasser le spectateur. De plus, à l'exception d'un triolisme (deux hommes, une femme), Joanna Williams se contente d'aligner des scènes de sexe mettant en lice un couple hétérosexuel (elle évite néanmoins la classique scène de saphisme, plutôt habituelle dans un cadre de pensionnat de jeunes filles). On notera cependant une certaine ironie de la part de la réalisatrice, puisque les deux personnages sujets à des fantasmes auront effectivement la possibilité de les assouvir, mais pas avec la personne imaginée au départ. Ce qui se traduira par une revanche de Buffy sur ses copines ayant déjà perdu leur virginité, et un cruel coïtus interromptus dont sera victime Fowler (Joanna Williams n'épargne décidément pas le mâle).
Au niveau de la distribution, il est agréable de découvrir des actrices inconnues ou presque, tout à fait convaincantes, notamment Casey Winters et Lori Blue. En ce qui concerne les hommes, on retiendra les prestations impeccables de Carl Regal et de Paul Thomas (une habitude chez lui).

 

Le bâtiment ayant servi de cadre pour le pensionnat est la fameuse Dunsmuir House, édifice entièrement blanc de style victorien construit en 1899 à Oakland, en Californie. Cette grande bâtisse a été utilisée pour le cinéma en maintes occasions, notamment en 1976 pour le Burnt Offerings (Trauma) de Dan Curtis, et en 1979 pour le Phantasm de Don Coscarelli.
Little Girls Blue connaîtra une suite cinq ans plus tard, avec encore Joanna Williams derrière la caméra, et où l'on retrouve Lori Blue et Elaine Wells, reprenant leurs personnages respectifs. Ce sera le dernier film de la réalisatrice, et l'on n'entendra plus parler d'elle par la suite.

 

Note : 7,5/10

 

Flint


En rapport avec le film :

# La fiche dvd Wild Side de Little Girls Blue

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