Nuit des morts vivants, La (Remake)
Titre original: Night of the living dead
Genre: Zombie , Horreur
Année: 1990
Pays d'origine: Etats-Unis
Réalisateur: Tom Savini
Casting:
Tony Todd, Patricia Tallman, Tom Towles, Mc Kee Anderson, William Butler, Kate Finneran, Heather Mazur, Bill Mosley...
 

Sept personnes sont bloquées dans une ferme isolée entourée de zombies cannibales qui rodent aux alentour. Bientôt ceux ci vont se lancer à l'assaut de la ferme !
A cause d'une regrettable erreur de copyright lors du changement de titre sur la copie, "La Nuit des Morts Vivants" est tombé dans le domaine public (ce qui explique le nombre de version du film en dvd et cassettes) et n'a jamais rapporté un dollar à ces créateurs. Lorsque le producteur Menahem Golan propose de réaliser un remake tous les participants répondent présent trop content d'enfin toucher un peu d'argent. Ainsi sur les 4,5 millions de budget, 2 millions vont directement dans la poche de Romero, Russo and co.
Outre les motivations pécuniaires, Romero accepta le projet entre "Incidents de parcours" et "Deux Yeux Maléfiques", car à l'époque c'était le seul qu'il réussit à faire aboutir. Même s'il n'a pas trop envie de réaliser ce remake il va néanmoins rédiger un nouveau script, il en profite donc pour réactualiser sa version et introduire quelques modifications.

Ainsi le personnage féminin est considérablement modifié, en effet les héroïnes de la tétralogie de Romero ont évolué avec leur époque, elles s'étoffent et prennent plus d'importance de films en films. Si les films de Romero sont des reflets de notre société, il en est de même de ces héroïnes. Les années soixante sont représentées par la fragile Judith O'Nea ("Night") et sa coupe de cheveu pas possible, dans un rôle de semi potiche quasi consentante. On passe ensuite au statut de femme active et libérée mais encore fragile des années 70 avec la mignonne Gaylen Ross ("Dawn"). Puis à la femme d'action asexuée typique des années 80, excellente Lory Cardille ("Day"). Pour finir en un melting-pot de fin du monde, mélange d'un peu de tout ce a qui précède (sexe, domination et soumission), que seul la piquante, racoleuse et chaude Asia Argento ("Land") pouvait incarner. Pour les puristes on notera une belle parité deux blondes pour les deux premiers et deux brunes pour les suivants.

 

 

Dans ce remake le personnage de Barbara au lieu de tomber dans un état catatonique comme dans le script original va progressivement passer par plusieurs étapes, ce qui a pris trois films chez Romero s'effectue ici au fur et à mesure du récit. Presque hystérique au début, puis légèrement catatonique, elle finit par prendre le dessus. Contrairement au personnage masculin (Ben) qui au départ nous est présenté comme un meneur, mais qui petit à petit aurait tendance à tomber dans une résignation dangereuse. Présenté comme un bon croyant, contrairement à Barbara, comme le montre cette scène où il se signe avant de tuer un zombie alors que Barbara reste impassible. Ben va voir sa foi s'effriter alors que l'hypothèse des morts vivants se concrétise de plus en plus. Paradoxalement c'est le personnage de Barbara qui va lui trouver une nouvelle force pour survivre. C'est l'une des grandes différences par rapport à l'oeuvre originale. Les autres personnages ne changent guère et Harry Cooper est encore plus détestable. Son entêtement et ces interventions intempestives seront à l'origine de nombreuses victimes.
L'autre changement de taille intervient lors du final, en effet si le film voulait garder son impact il lui fallait se démarquer de son illustre modèle. Romero conscient de l'impact de son final décide de surprendre en utilisant des éléments connus par tous les aficionados du film, qu'il va légèrement détourner. Barbara réussit à s'enfuir en slalomant entre les morts vivants, elle promet à Ben blessé lors d'un affrontement avec Harry de revenir. Mais elle arrive trop tard car Ben est mort et c'est déjà transformé en zombie, il sera abattu par les "Redneck" du coin. Cette fois c'est Harry qui a put survivre en se réfugiant dans le grenier, se croyant sauvé, il se précipite vers Barbara qui en le voyant l'abat froidement d'une balle dans la tête. Romero signe là une séquence mémorable qui mérite largement à elle seul la vision du film.

 

 

Romero n'étant pas très chaud pour réaliser deux fois le même film, il propose donc au producteur son ami Tom Savini comme réalisateur. Le pauvre ne soupçonne pas que le cadeau fait par Romero va s'avérer plutôt empoisonné. En effet pour sa première expérience en tant que réalisateur le malheureux ne fut pas épargné par les ennuis, le film passa lors du tournage aux mains d'une major (Colombia) ce qui modifia non seulement le planning, mais aussi beaucoup d'idées que le brave Savini pensait réaliser. Ajoutez à cela un Romero bizarrement absent du plateau et une censure inflexible qui semblait prendre un malin plaisir à s'acharner sur le film.
Pourtant la réalisation de Savini s'avère l'une des agréables surprises du film, en effet ce dernier fait preuve d'une réelle maîtrise technique, sa mise en scène est efficace, fluide et pleine de trouvaille. Il réussit un savant dosage entre la subjectivité et le démonstratif, démontrant un réel talent pour créer des ambiances, un peu forcé il est vrai par ces producteurs et la censure qui l'assaillaient continuellement. On notera une maîtrise du cadrage qui lui permet d'utiliser au maximum l'image, en intégrant au premier et à l'arrière plan des actions simultanées. Efficace pour créer le suspense, mais qui demande au spectateur plus d'attention, il est même conseiller de visionner le film plusieurs fois, surtout lorsque Barbara se promène dans le camp des "Redneck".
Ne pouvant s'occuper lui-même des effets spéciaux, Savini délégua cette tache à John Volich et Everett Burell qu'il connaît bien pour les avoir employer sur "Day of the Dead". Les deux hommes ont réalisé un travail remarquable en maquillant pas moins d'une centaine de figurants et en réalisant une vingtaine de cadavres carbonisés. Pour ce rapprocher le plus de la réalité les deux hommes n'ont pas hésiter à potasser de nombreuses livre de médecine légale.
Parmi le casting on reconnaît tout de suite Tony Todd plus connu sous le nom de "Candyman", mais la vraie révélation du film est la mignonne Patricia Tallman aperçue dans la série Babylon 5 (la télépathe), les films "Knightrider" de Romero ou "Evil dead 3". Une jeune femme surprenante qui a travaillé aussi comme cascadeuse sur une quarantaine de productions. N'oublions pas Tom Towles ("Henry Portrait of a Serial Killer") qui interprète un Harry Cooper particulièrement détestable, pleutre et pitoyable (humain quoi !).

 

 

Même si Savini n'a put concrétiser qu'une petite partie de ces idées, il peut être relativement fier de son oeuvre. Il signe un film efficace qui certes ne fait pas oublier l'original, mais s'avère une relecture intéressante du mythe. Un film qui ne dénature aucunement la série de Romero, mais qui au contraire s'intègre parfaitement à celui-ci.

 

The Omega Man
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