Emmanuelle et Françoise - Le Chat qui Fume |
Écrit par Flint |
Région : Zone 2 PAL (dvd) - B (blu-ray)
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Commentaire : Lorsque l'on se penche sur la filmographie pléthorique de Joe D'Amato, force est de reconnaître que celle-ci compte pas mal de films mineurs, sinon médiocres, et des œuvres purement alimentaires comme ses pornos en fin de carrière. Mais le cinéaste s'est aussi montré inspiré de temps à autres, comme l'attestent La Mort a souri à l'assassin ou Blue Holocaust, plus quelques autres dont Emmanuelle et Françoise fait indéniablement partie.
Une autre excellente surprise est la présence d'une piste française dans cette édition, qui s'avère de très bonne qualité. Le master proposé par Le Chat qui Fume est d'ailleurs une source française, comme en atteste le générique d'ouverture. Il s'agit qui plus est de la version intégrale. La seule différence notable entre la version française et la version originale italienne est que la VF s'arrête avec simplement le mot "FIN" là où la VO poursuivait avec un générique de fin englobant les différents crédits sur un fond sonore.
En ce qui concerne les bonus, ils sont au nombre de quatre, englobant trois entretiens et un documentaire. Ce dernier, "Une expérience de l'horreur", a été finalisé en 2001 par Roger A. Fratter sous le titre original "Joe D'Amato Totally Uncut : The Horror Experience". Il fait suite à un premier documentaire du même Fratter sorti en 1999 (peu après la mort du réalisateur) qui était plus axé sur l'érotisme alors que celui-ci est plus porté sur l'horreur. D'une durée avoisinant 1h20, "Une expérience de l'horreur" propose un panorama de l’œuvre de D'Amato, depuis La Mort a souri à l'assassin (1972) jusqu'à "La Jena" (1997). Ne sont abordés que les films ayant essentiellement des éléments fantastiques ou horrifiques, et aussi où interviennent des effets spéciaux particuliers (le faux-snuff de Black Emanuelle en Amérique, la prothèse du monstre de Porno Holocaust...).
Le fil rouge est évidemment Joe D'Amato (Aristide Massaccesi de son vrai nom, rappelons-le), que l'on retrouve chez lui, où il évoque sans langue de bois son parcours chaotique et revient avec moult détails et anecdotes sur sa carrière de cinéaste mais aussi de directeur de la photographie, qui était pour lui sa véritable profession et le domaine dans lequel il était le plus doué. Cet entretien alterne avec les témoignages de trois autres intervenants : Luigi Montefiori (alias George Eastman) qui revient plus fois tout au long du documentaire, ainsi que Donald O'Brien (pour Les Amours interdites d'une religieuse) et Al Cliver (à propos du post-nuke "Le Gladiateur du futur"). En résumé, ce documentaire, que l'on doit à l'équipe de Nocturno/Cinéma Bis Communication, est tout aussi passionnant qu'instructif, et montre un Joe D'Amato qui dresse un portrait honnête de sa personne, revenant sur ses qualités et ses défauts, sans détours. Un homme très attachant, en somme, et tout à fait lucide à propos du bilan qu'il tire de sa carrière.
"De l'autre côté du miroir" ainsi que "Trois femmes et un miroir" sont deux modules réalisés par Federico Caddeo pour Freak-O-Rama en cette année 2018. Dans le premier, nous retrouvons l'acteur et scénariste George Eastman, dans le second l'actrice Maria Rosaria Riuzzi, qui jouèrent tous les deux dans Emmanuelle et Françoise.
Enfin, le dernier bonus consiste en un tour d'horizon de la filmographie du réalisateur par Sébastien Gayraud. Un choix logique dans la mesure où le conférencier et enseignant en cinéma est aussi l'auteur de l'ouvrage "Joe D'Amato, le réalisateur fantôme", publié en 2015. Sébastien Gayraud évoque donc cette figure emblématique du cinéma bis et gore que fut Aristide Massaccesi, rappelant à quel point le cinéaste prolifique, amateur de pseudonymes, toucha à de nombreux genres cinématographiques.
Pour tous les fans du réalisateur, ou ceux qui auraient l'occasion de découvrir avec Emmanuelle et Françoise ce cinéaste au parcours atypique, cette édition est sans aucun doute l'occasion rêvée de se plonger dans une œuvre sulfureuse, reflet du cinéma des années 1970, où toutes les audaces étaient permises. Une époque révolue...
Note : 9,5/10
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