Odyssey
Titre original: Odyssey : The Ultimate Trip
Genre: Porno , Drame , Sketchs
Année: 1977
Pays d'origine: Etats-Unis
Réalisateur: Gerard Damiano
Casting:
Robert Kerman (alias Richard Bolla), Nancy Dare, Crystal Sync, Michael Gaunt, Sharon Mitchell, Samantha Fox, Gloria Leonard, Susan Mc Bain, C.J. Laing, Vanessa Del Rio...
Aka: Odyssex / Derrières avides à remplir
 

Au commencement est la naissance. A la fin, la mort. Entre les deux, il y a la vie.
Ainsi débute cet "Odyssey", un voyage en trois étapes dans lequel les femmes sont les infortunées héroïnes. Dans le premier segment, le spectateur est immergé dans une boîte de nuit aux accents disco et aux couleurs psychédéliques. Dans ce maelström de bruit et de lumières, deux couples conversent autour d'une table. Si pour l'un d'entre eux, tout semble aller pour le mieux, il en va différemment pour le second. Diane (Nancy Dare) et Charlie (Richard Bolla) ne s'entendent plus. Ils ne se supportent plus, la passion s'est éteinte, ils ne font plus l'amour, et c'est Diane qui en souffre le plus. Charlie ne sait plus quoi faire. Son pote Al lui conseille alors d'aller faire un tour dans un bordel tenu par l'étrange Madame Zenobia. Charlie va donc s'y rendre, et se retrouver plongé dans un univers fantasmagorique, où il va vivre une expérience unique... et redécouvrir sa femme.

 

 

Le deuxième sketch nous convie dans le cabinet d'une psychiatre qui recueille tour à tour les confessions de trois patientes : une jeune fille qui entre dans l'âge avec beaucoup d'incertitudes, d'angoisses liées aux interdits sur le sexe ; une prostituée qui donne plus de plaisir aux hommes qu'elle n'en reçoit et accepte cette condition avec une grande part de masochisme ; et enfin la gérante d'une boutique de vêtements, vivant quelques aventures amoureuses avec des clientes suite à l'échec de son mariage.
Enfin, la dernière histoire suit le chemin de croix d'une call-girl, Nicole Andrews (Sharon Kane), dans New-York. Depuis un casting dégradant pour un film érotique jusqu'à des soirées spéciales tournant à l'orgie, en passant par des séances photo peu gratifiantes, Nicole traîne son mal de vivre comme un boulet, une sourde mélancolie qui ne s'estompe pas lorsqu'elle rentre chez elle, écoute les messages sur son répondeur, et réalise qu'elle doit toujours donner de sa personne, sans rien espérer en retour.
Le sexe permet-il d'accéder au bonheur ? Cette pensée, qui pourrait être un thème au Bac de philosophie, reflète en tout cas l'esprit qui anima Gerard Damiano durant toute sa meilleure période en tant que réalisateur, soit entre 1973 et 1980. Dans "Odyssey", une fois encore, le cinéaste dresse de magnifiques portraits de femmes. Des femmes en proie au doute, en situation d'échec, frustrées, et donc à un tournant de leur vie affective. Par le biais de trois sketchs, nous suivons ces héroïnes, tantôt femme insatisfaite, tantôt call-girl désabusée, en passant par quelques clientes dans le cabinet d'une psychiatre.
Le film à sketchs permet à Damiano d'apporter de la variété, dans les situations, et dans les personnages. Un style qu'il avait déjà exploré à travers "Psychose et phantasmes sexuels de Miss Aggie".

 

Le film s'ouvre par une citation : Au commencement est la naissance. A la fin, la mort... Entre les deux, il y a la vie. Cette phrase va symboliser le découpage du film en trois segments. La première partie est donc la naissance, et parle d'un couple en difficulté, miné par l'usure du quotidien. Leur vie sexuelle, devenue au mieux routinière, au pire inexistante, va connaître un nouveau souffle dans un lieu étrange à la lisière du fantastique, sorte de lupanar dans lequel il règne une atmosphère onirique, avec ces alcôves secrètes, ces tentures cachant d'étranges personnages se livrant à des jeux sexuels bien curieux. Mais l'imagination n'a-t-elle pas certains pouvoirs ? En tout cas, pour Diane et Charlie, le bordel de Madame Zenobia va être le théâtre d'une renaissance de leur libido. Dans un climat proche d'un David Lynch de la grande époque, Damiano dirige à la perfection ses acteurs, notamment Richard Bolla, et la trop rare Nancy Dare, fort talentueuse, et que l'on a pu voir dans quelques chefs d'œuvre du X : "Through the Looking Glass", "Alice in Wonderland" et aussi "The Devil Inside Her", excusez-du peu !
Le deuxième segment est le plus court et le moins réussi. D'une durée d'environ un quart d'heure (contre un peu plus de trente minutes pour les deux autres), il passe en revue trois personnages ressentant le besoin de se confier auprès d'une sexologue. Les scénettes narrant les déboires de ces femmes plus ou moins jeunes sont assez brèves, trop, serait-on tenté de dire, et l'on aurait aimé que ces petites histoires soient un peu plus développées. Du coup, le spectateur n'a guère l'occasion de profiter des charmes de Samantha Fox ("Coed Fever") ou Gloria Leonard ("Waterpower", "Maraschino Cherry"), dans ce sketch "tranches de vie" qui fait un peu office de tampon entre les deux parties majeures du film, et qui s'avère le moins original des trois, autant par son sujet que dans son traitement.

 

 

Fort heureusement, "Odyssey" s'achève magistralement, et sur un ton dramatique, avec le parcours de Nicole dans une New-York tentaculaire. Son métier de prostituée de luxe lui draine son énergie et affecte son mental fragile. On la voit notamment humiliée dans un cabinet de recrutement pour des films "coquins", où elle est reçue par le directeur de la boîte qui reste invisible à l'écran (on ne voit que ses mains et ses pieds dans certains plans), et qui n'est autre que Gerard Damiano, s'amusant ici à imiter le comportement de certains producteurs sans scrupules. Dans le privé, Nicole n'est pas plus épanouie. Elle vit seule, et Damiano utilise habilement un objet (un répondeur téléphonique) pour témoigner de la détresse de son héroïne. Nicole écoute les messages sans y répondre. Ceux-ci sont laissés inlassablement par les mêmes personnes : une mère possessive, une copine déprimée, un client qui veut la sauter à tout prix, et un impresario mécontent... A travers ces messages se résume tout le désarroi de Nicole. Se proches comme ses connaissances du travail sont en demande, exigent, veulent toujours plus d'elle, et se montrent insensibles, sinon aveugles, à ses états d'âme. Dans son lit, Nicole repense à des scènes d'orgie, et imagine le bonheur en rêvant d'une nuit avec l'homme idéal. Mais la réalité est toute autre... Damiano conclut ce troisième sketch de manière sarcastique, à la fois cruelle et brillante. Un dernier segment magistral, et interprété de haute volée par une Susan Mc Bain qui crève l'écran, tout à fait crédible dans ce rôle. Cette actrice magnifique a tourné jusqu'en 1980. Qu'est-elle devenue ? On ne le sait pas, mais elle laisse derrière elle une belle filmographie, ayant joué dans quelques réussites du genre, parmi lesquelles "Anna Obsessed", "Barbara Broadcoast" et "Maraschino Cherry".

 

 

"Odyssey" compte parmi les grandes réussites de Gerard Damiano. Comme à son habitude, il se donne le temps de poser un climat avant de livrer la première scène chaude du film, qui n'intervient qu'après le premier quart d'heure. Les décors sont particulièrement soignés, la photographie tout autant, et l'accompagnement musical, alternant musique tribale, jazz-rock progressif et classique, est excellent, collant parfaitement aux images et à l'ambiance de l'œuvre. Avec "Odyssey", le réalisateur poursuit sa psychanalyse du sexe avec maestria.



Note : 8/10

 

Flint

 

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# La fiche dvd Wild Side du film "Odyssey"

 

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