Monde sur le fil - Deuxième partie, Le
Titre original: Welt am Draht
Genre: Science fiction , Thriller , Anticipation
Année: 1973
Pays d'origine: RFA
Réalisateur: Reiner Werner Fassbinder
Casting:
les mêmes acteurs (ou presque) que pour le premier.
 

Avertissement : pour pouvoir faire la chronique de ce second chapitre du film de Fassbinder, je suis obligé de lever le voile sur certains points clés du premier et en particulier sur sa fin. Il y a donc un gros SPOILER au début de cette critique. Vous voilà prévenus.

Le film reprend donc là où il s'était arrêté, à savoir dans une cafétéria où Stiller a découvert que Fritz Walfang n'était plus Fritz Walfang, mais Einstein, le "contact" du monde virtuel Simulacron, le numéro 00001. Et cette irruption dans la vraie vie d'un être sensé n'être que le résultat de l'assemblage de quelques circuits électriques, pour improbable qu'elle soit, se double d'une autre révélation pour Stiller. Einstein lui apprend en effet que sa présence ici n'est qu'un premier pas vers le monde réel, qu'il lui en reste un second à faire puisque le monde de Stiller est, lui aussi, un monde simulé, un artefact, un ersatz du monde réel, et que Stiller lui-même n'est donc rien de plus que le fruit du cerveau d'un programmeur informatique assez doué. Stiller n'existe donc pas plus qu'Einstein...
Quoique choqué par cette nouvelle plus que perturbante, Stiller n'en reste pas moins actif et en mouvement, commençant par renvoyer Einstein dans son monde pour faire revenir l'ami Fritz, avant de se décider à trouver le "contact" qui existe forcément ici aussi, entre ce monde et celui d'en haut...

 

Est-ce Siskins, le cynique directeur de l'institut? Holm, le chauve adjoint imposé à Stiller, sous-marin de l'union sidérurgique? Hahn, le psychologue fumeur de pipe? Eva, la blonde fille du défunt Vollmer? Vous? Moi???
Que peut faire Stiller si ce n'est se perdre en conjectures?

Aller voir Rupp, déjà, le journaliste, et chercher la vérité, tout en agissant de plus en plus comme un dément rongé par une idée fixe, qu'il affichera devant le secrétaire d'état Von Weinlaup déjà présent au début du premier épisode: "nous vivons dans un monde qui n'existe pas, nous ne sommes rien, la cigarette que vous fumez n'existe pas, ce n'est que l'idée d'une cigarette, le siège sur lequel vous êtes assis n'existe pas, ce n'est que l'idée d'un siège...", arrivant presque à faire vaciller le politique, ébranlé par la similarité de comportement entre Vollmer et Stiller...Mais après ces affirmations péremptoires et ces déclarations complètement folles pour le commun des mortels, Stiller est jugé bon pour la camisole et ne l'évite que de justesse, en prenant la fuite.
Alliés imprévus, lieux improbables (le cabaret l'Alcazar de Paris), événements déroutants (il échappe plusieurs fois à la mort de justesse), la toile se resserre peu à peu autour de ce fusible qui doit sauter, de cet être immatériel qui refuse de disparaitre, de cette idée d'humain qui semble plus humain que nombre de ses contemporains.
Si cette seconde partie est moins convaincante que la première, elle offre également son lot de surprises et se révèle également machiavélique dans les tours qu'elle prend pour manipuler le spectateur, qui ne peut que se poser beaucoup de questions.

 

 

Ce monde n'est donc pas réel, soit, cela pourrait expliquer pourquoi on y voit tant de Renault 8 et pourquoi les ambulances sont siglées assistance publique - hôpitaux de Paris, alors que les voitures de police sont marquées Polizei. Si c'est perturbant au départ, cela peut aussi se justifier par le fait qu'un monde créé de toutes pièces peut être un mélange d'éléments tirés du monde réel (d'ailleurs, personne n'apporte aucune justification, le spectateur est laissé libre d'en tirer quelques conclusions, ou pas du tout).
Tout le monde avait oublié Günther Lause, qui avait été effacé des mémoires des habitants de ce monde. Alors pourquoi Stiller ne l'avait-il pas oublié, lui?
Pourquoi effacer, éliminer quelqu'un, alors qu'il suffirait de le reprogrammer?
Pourquoi les habitants du monde de Stiller semblent-ils souvent aussi émotionnellement froids? Indifférents aux autres? Stiller lui-même, d'ailleurs, dans le premier épisode, n'avait pas été le moins du monde ému de la mort sous ses yeux d'une femme écrasée par le chargement d'une grue qui lui était destiné...
Beaucoup de questions, beaucoup de réponses? Pas forcément, à chacun de trouver les siennes, ou de se les construire.

 

 

Si Le monde sur le fil poursuit sa course funambulesque entre plusieurs mondes, parfois vertigineuse, nombre d'éléments néanmoins s'agencent petit à petit et apportent des réponses rationnelles à des faits qui pouvaient surprendre ou dérouter.
Et c'est peut-être là que se trouve le (petit) point de déception du film. En perdant en doutes, en quittant les rives de la folie possible ou probable pour un univers certes science-fictionnel mais somme toute cohérent, il limite un peu les champs du possible qu'offrait le premier épisode et referme pas mal des portes qu'il avait lui-même ouvertes.
Mais ne boudons pas notre plaisir: Le monde sur le fil est très bien filmé, très bien joué et laisse beaucoup de pistes de réflexions, même si certains aspects obscurs du film s'éclairent grandement lors d'une seconde vision, fortement conseillée.

 

 

Bigbonn

 

En rapport avec le film :

 

# La critique de la première partie

 

# La fiche dvd de l'édition Carlotta du film "Le monde sur le fil"

 

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