Frontière interdite
Titre original: Jäätävä polte / Arctic Heat
Genre: Survival , Aventures
Année: 1986
Pays d'origine: Finlande / USA
Réalisateur: Renny Harlin
Casting:
Mike Norris, Steve Durham, David Coburn, Thalmus Rasulala, Albert Salmi, Ismo Kallio, Marjo Vuollo...
 

Trois étudiants américains en vacances en Finlande traversent la frontière finno-soviétique pour s'amuser et prendre des photos. Ils sont hélas repérés par des soldats russes qui tentent de les abattre. Alors que les trois étudiants ont trouvé refuge dans un village, la population les accuse du meurtre d'une jeune fille. Ils doivent s'enfuir à nouveau mais sont capturés et jetés en prison. Leur escapade tourne au cauchemar...

 

 

Comme nombre de jeunes réalisateurs débutants, le finlandais Renny Harlin rêvait d'Hollywood, mais suite au refus des autorités finlandaises de produire son premier long métrage, il décide de l'autofinancer avec l'aide du producteur Markus Selin. Une bobine de démonstration de 20 minutes sous le bras, les deux hommes finissent par obtenir un financement de coproduction avec les États-Unis et Born American devient dès lors le film le plus cher jamais produit en Finlande.
Écrit par le duo susnommé, le scénario, bien que romancé, se base sur une histoire vraie : des étudiants se sont réellement égarés du mauvais côté de la frontière à l'époque à laquelle se déroule le film ! Born American assume par ailleurs complètement son antisoviétisme primaire et rejoint la fournée de productions de l'époque qui contient des bobines telles que "Goulag", "Firefox", "Rambo 2", "L'Aube rouge" ou Invasion USA. À un point tel que l'ambassadeur soviétique en Finlande déposera plainte, demandant l'interdiction du film.

 

 

Comme résumé au début, nos trois étudiants en vadrouille le long de la frontière finno-soviétique, ne peuvent résister au plaisir d'une petite incursion chez nos amis Russes ! Ils vont cependant vite se rendre compte que ces derniers ne partagent pas les mêmes valeurs, et encore moins le même sens de l'humour...
En essayant de s'échapper, ils sont pris pour des violeurs par les autochtones d'un village et échappent de peu à une exécution sommaire. Dans la confusion et la panique, ils tuent un prêtre, brûlent son église, se retrouvent à tirer sur une douzaine de soldats avant de s'enfuir à bord d'un camion avec la sœur de la victime du viol. Finalement capturés et après avoir subi une folklorique séance de torture (comportant une titillation des tétons à l'électricité), ils atterrissent dans une prison-poubelle. De celles à faire passer la prison turque de "Midnight Express" pour une colonie de vacances ! Bref, Renny Harlin se complaît ici dans le côté hargneux et crado, le même qui caractérisait certaines productions asiatiques ainsi que quelques WIP italiens, notamment ceux réalisés par Bruno Mattei. Ainsi, l'ambassadeur américain (censé aider nos trois lascars) finit sa visite par une petite orgie durant laquelle les prisonnières sont violées sur des tables ! Pendant ce temps, nos trois touristes en herbe essaient de survivre aux us et coutumes locaux, faits de gardiens sadiques et de prisonniers pas mieux intentionnés. Bien entendu, ils sont contraints de se rendre utiles et peinent comme des bœufs toute la sainte journée à transporter du charbon pour l'amener dans des fours. Pour leur "peine", ils sont autorisés à jeter un coup d'œil dans les douches des femmes grâce à des trous dans le mur, prévus à cet effet. S'ils s'avèrent réfractaires ou violents, ils se retrouvent dans les sous-sols où se tient régulièrement un jeu d'échec grandeur nature dans lequel les participants sont tués comme des pions par des fous. Dans "Frontière interdite", les seules lueurs d'espoir de les voir s'échapper viennent par l'intermédiaire d'un dénommé "Amiral" (Thalmus Rasulala), un ancien mercenaire qui se cache dans la prison où il se sent plus à l'abri vu qu'il en sait beaucoup trop, et grâce à l'aide éventuelle de Nadja, une babouchka au sang chaud.

 

 

Mike Norris ci-présent, n'est autre que le fils de Chuck. Il remplace au pied-levé son père, prévu initialement mais qui vient de quitter le projet à cause de retards répétés. Le brave Mike ne pourra d'ailleurs ensuite jamais vraiment se défaire de l'ombre de son paternel au point de prendre sa relève pour "Delta Force 3" puis de réaliser en 2016 "AmeriGeddon" où il prouve sans faire aucun effort particulier qu'il est aussi réactionnaire que son paternel !
David Coburn n'a quant à lui rien à voir avec James ! C'est un acteur (et chanteur) qui tournera ensuite principalement pour la télévision ("JAG", "Babylon 5" ou " Les Dessous de Palm Beach") et le reste du casting est essentiellement composé de "gueules". Ce qui ne nous empêche pas de remarquer Albert Salmi (1929-1990) dans le rôle de l'ambassadeur : un acteur certes méconnu mais dont le visage est familier de par sa présence dans plus d'une centaine de séries télés depuis les années cinquante. Il figure également aux génériques de films tels que "Le Vent de la plaine", Bravados, "Matt Helm traqué", "Breaking In", La Malédiction de la sorcière, "Le Dragon du lac de feu", "Avec les compliments de Charlie", L'Empire des fourmis géantes, "L'Outrage" et bien d'autres bobines encore !

Quoi qu'il en soit, dans Born American (sorti en France en vidéo sous le titre Frontière interdite), on trouve déjà les grandes lignes du "style Harlin" : raccourcis hasardeux, personnages secondaires sacrifiés en dépit du bon sens, héros sympathique, méchants caricaturaux et scènes d'action parfois totalement incongrues.

 

 

Même s'il a bénéficié du plus gros budget du cinéma finlandais de l'époque pour ce premier film (la chose étant à relativiser), Renny Harlin doit composer et se débrouiller le plus souvent avec les moyens du bord. Ainsi, des tuyaux y servent de bazookas et une vieille usine enfouie sous la neige y fait office de prison. Pourtant il ne se débrouille pas si mal et joue au maximum avec les stéréotypes sur l'URSS et son image colportée à l'époque. Pour arriver à ses fins, il utilise les décors les plus glauques et crasseux qu'il peut trouver (le commissariat du film en est un modèle !), instillant ainsi une ambiance pessimiste et morose. Ajoutez à cela que la plupart des acteurs, secondaires ou figurants, ont des têtes pas possibles, ce qui renforce le sentiment que nos trois touristes semblent être tombés en Enfer. On peut bien entendu être étonné par un tel étalage de haine, à plus forte raison aujourd'hui où nous évoluons dans une époque où le politiquement correct règne en maître : le film de Renny Harlin offre un vrai voyage dans le temps ! Certes, il nous fait voyager dans une époque peu glorieuse que l'on espérait révolue, mais celle-ci vient, à sa manière, se rappeler à notre bon souvenir !

 

 

The Omega Man

 

 

En rapport avec le film :

 

# La Biographie de Renny Harlin

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