Kung Pow
Titre original: Kung Pow, Enter the Fist
Genre: Arts Martiaux , Parodie
Année: 2001
Pays d'origine: Etats-Unis
Réalisateur: Steve Oedekerk
Casting:
Steve Oedekerk...
 

Quand on y regarde d'assez près, on réalise que les deux mamelles des films de kung-fu sont la vengeance et l'apprentissage. A dire vrai, les combats en constituent une troisième, de mamelle, et même peut-être la plus grosse d'ailleurs... Mais rarement les combats contre une vache, il faut bien le dire. Et rarement en compagnie d'une femme à gros sein (et le singulier est de rigueur puisqu'il s'agit d'une femme à sein unique). Mais qu'est-ce que je raconte, moi ? Me serais-je pris un coup de nunchaku sur le ciboulot ou bien quoi ?
En fait, je me suis contenté de visionner Kung Pow, dont le dévédé précise, pour ceux que l'affiche n'aurait pas assez renseignés, qu'il s'agit d'une "parodie au pays du kung-fu". Gosh ! Tout s'explique ! On a affaire à un délire déjanté mettant en scène un "élu" (il fut un temps, c'était à la mode...) dont la famille a été tuée par un triste sire et qui veut se venger !
Délire déjanté, certes, délire réussi, certes non. L'entame du film laisse craindre le pire, avec son bébé voltigeur et combatif et la suite confirme nos craintes : tout cela est très con mais tout cela n'est vraiment pas très bon (alors que des fois...). Les gags pourris s'enchaînent et font essentiellement appel à un doublage approximatif, à quelques anachronismes, à des combats comiques (ou censés l'être) et à des effets spéciaux parfois très réussis (les incrustations), parfois par trop visibles (la vache en numérique...).

 

 

L'essentiel du film repose sur la reprise d'un véritable long-métrage de Hong Kong, Tiger and Crane Fist, datant de 1977. (Pour la petite histoire et pour les amateurs de digressions, il faut savoir qu'à cette époque, les années 70, ce genre de film était sobrement qualifié en France de "karaté", de façon fort erronée certes, mais comme on dit "western" pour un "film de cow-boy". La revue Ecran allait même plus loin en parlant de soja-karaté. Par exemple, dans le numéro 37 de juin-juillet 75, L'Implacable Karatéka, venu d'Asie, est qualifié de soja-karaté. Dans le même ordre d'idée, et fort subtilement, Deux frères appelés Trinita, Italie, de spaghetti-western. Couche-moi dans le sable et fais jaillir ton pétrole, un produit français, oui madame, de steak-frites porno. Libres jouissances, von Deutschland, de choucroute-porno. Les dévoreuses de sexe, made in Britain, de pudding-porno. Quant à Exorcisme tragique, une coproduction germano-italienne, il se voyait fort logiquement décerner le titre de choucroute-spaghetti-porno. Oui, c'est un temps révolu où l'on savait rire...).
L'essentiel du film, disais-je, avant de digresser tout en m'interrompant fort grossièrement, repose sur la reprise d'un vieux film de Hong Kong, doté d'un doublage parodique (propos décalés par rapport aux mouvements des lèvres, dialogues débiles, gloussements ou cris de rage "façon kung-fu" mais en plus outranciers, etc) et, surtout, de l'incrustation de son personnage principal et de quelques autres. L'élu se retrouve donc dans le métrage des seventies pour un décalage non pas visuel (côté technique, ils ont assuré à tel point qu'on pourrait y croire) mais bien scénaristique. On utilise les éléments les plus communs des films d'arts martiaux de cette époque pour les exploiter à fond et donc faire rire le spectateur contemporain. Sauf que ça marche pas... Il y a déjà eu tellement de films de Hong Kong involontairement auto-parodiques ou juste mal doublés que celui-là n'apporte rien de plus. Les dizaines de navets échoués sur nos écrans dans les années 70 et 80 avant de finir dans les vidéoclubs ont épuisé le genre et il y a bien longtemps qu'une mauvaise post-synchro ne fait plus rire, ni même sourire.

 

 

Par ailleurs, on est loin, très loin, des délires fous furieux d'un Stephen Chow (Shaolin Soccer, Crazy Kung-Fu ou, mieux encore, Le Roi-Singe) qui dépasse le genre, en repousse les limites et en exploite les failles mais sans le mépriser, avec un respect qui n'empêche pas d'en souligner les traits les plus gros, pour mieux les dépasser au profit d'une création parfois inégale mais véritablement originale et souvent hilarante.
Kung Pow est triste car il n'y a rien de plus pénible à regarder qu'un film comique pas drôle. Chiant car il ne s'appuie pas sur une histoire qui tienne la route pour l'émailler de gags mais n'est qu'une enfilade de sketchs. Raté car il tient plus de la culture de la parodie télévisuelle et inoffensive que du véritable délire non-sensique façon ZAZ ou Monty Python. 1h19, c'est court mais avec Kung Pow, bordel, qu'est-ce que ça peut être long !

 

Note : 2/10

 

Bigbonn
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