Bazaar de l'Epouvante, Le
Titre original: Needful Things
Genre: Thriller , Fantastique
Année: 1993
Pays d'origine: Etats-Unis
Réalisateur: Fraser C. Heston
Casting:
Ed Harris, Max Von Sydow, Bonnie Bedelia, Amanda Plummer...
 

Précisons tout d'abord qu'il s'agit là de la critique de la version standard, et non du director's cut.
Leland Gaunt (Max Von Sydow), brocanteur, vient s'établir dans la petite ville de Castle Rock. Jusqu'ici, rien d'anormal. Pourtant, son commerce est bien particulier : le client y trouve tout d'abord véritablement tout ce qu'il désire, y compris les objets les plus rares, et ensuite il n'a pas à payer pour ceux-ci. Gaunt demande en effet à ce que ses clients lui rendent un petit service : faire une petite farce bête et méchante à un autre citoyen. Mais très vite, ces petites farces vont envenimer la ville, et les antagonismes entre citoyens se résoudront dans le sang. Seul le shérif Alan Pangborn tentera de s'interposer et de déjouer le diabolique plan de Gaunt, qui ne vise rien d'autre que la destruction pure et simple de Castle Rock.

 

 

Le Bazaar de l'Epouvante (titre français ridicule au possible) est adapté d'une oeuvre charnière dans la carrière de Stephen King : avec ce livre, l'écrivain se débarrasse de Castle Rock, lieu ayant souvent servi de localisation aux récits de King. Sa carrière en sera changée, et prendra une tournure dorénavant différente. En revanche Le Bazaar de l'Epouvante, le film, ne révolutionnera en rien les adaptations de King à l'écran. Démarrées sur les chapeaux de roue avec des réalisateurs tels que Brian De Palma, Stanley Kubrick, John Carpenter, George Romero ou encore David Cronenberg, ces adaptations ont petit à petit commencé à faire profil bas, aboutissant à toute une tripotée de séries B souvent aisément oubliables. C'est donc dans cette période creuse que le film de Fraser C. Heston (le fils de Charlton Heston) voit le jour.
Typiquement "kingienne", l'histoire nous montre donc une communauté qui sera amenée à s'autodétruire. L'accent est mis sur les conflits déjà larvés entre les habitants. Ainsi, le mal ne vient pas de Leland Gaunt (le surnaturel n'est qu'effleuré), mais celui-ci exacerbera la haine qui existait déjà, et misera sur la cupidité de la population, prête à tout pour voir ses désirs satisfaits (le parallèle avec le mythe de Faust est évident). Ainsi, tous les conflits possibles dans cette communauté, avouons-le extrêmement typée américaine, finiront par exploser : guerres entre voisines, entre un barman et un client, entre un curé catholique et un pasteur protestant, entre un conseiller municipal et un policier...

 

 

Belle idée de départ, sauf que, du moins dans cette version courte, il est proprement impossible de montrer les étapes entre la simple rancoeur et la folie meurtrière. Si le livre pouvait traiter tous les conflits minutieusement, le film, lui, ne le peut pas, et Heston de se contenter de n'approfondir qu'une ou deux des querelles entre citoyens. Toutes les autres ne sont qu'abordées de temps en temps, dès qu'il y a une petite place dans le montage. Assez décousu : on ne sait donc pas qui a fait quoi, et le film perd ainsi beaucoup en clarté. Mais d'un autre côté, si Heston nous montre plusieurs "couples d'ennemis" de façon sommaire pour quelques autres de façon plus détaillée, c'est aussi parce que le film aurait perdu beaucoup en intérêt, si un seul ou deux de ces couples s'étaient accaparés entièrement le scénario.
Cette éventualité aurait rendu le film encore plus long qu'il ne l'est déjà (car bien entendu, il faut le temps pour présenter -même brièvement- autant de personnages), et cela aurait nuit au sujet même du film : la destruction de toute une ville. Bref, Heston s'est retrouvé coincé entre deux possibilités, toutes deux pourvues de gros défauts, mais son choix était encore le meilleur. Du moins jusqu'à la fin du film, pour laquelle cette fois le réalisateur et ses scénaristes n'ont plus aucune excuse et versent tout droit dans un côté téléfilm consensuel tout ce qu'il y a de plus niais.

 

 

Heureusement, les prestations de Ed Harris et de l'Exorciste Max Von Sydow sauvent ce Bazaar de l'Epouvante, qui s'offre en outre une BO plutôt bien utilisée (l'Ave Maria pendant que deux femmes sont en train de se battre à coups de hachoirs et de couteaux de cuisine). Au final, on obtient un film ni franchement mauvais ni franchement bon. Des idées, certes, mais mal exploitées.

 

Note : 5/10

 

Walter Paisley

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