Severance
Genre: Horreur , Comédie
Année: 2006
Pays d'origine: Angleterre
Réalisateur: Christopher Smith
Casting:
Danny Dyer, Laura Harris, Tim McInnerny, Toby Stephens, Claudie Blakley, Andy Nyman, Babou Ceesay, David Gillam...
 

Un groupe de commerciaux travaillant pour une multinationale spécialisée dans l'armement s'en va en séminaire quelque part dans les pays de l'Est. Suite à une dispute entre le chef des ventes et le chauffeur de bus, le petit groupe se voit obligé de finir le voyage à pied. Il se retrouve donc au beau milieu d'une contrée sauvage et boisée à la recherche de la villa achetée par leur compagnie, la société Palisade Defense. A leur grande surprise, la villa en question se révèle être un taudis sinistre planté au beau milieu des bois. Comme si cela ne suffisait pas, le groupe ne va pas tarder à se sentir épié par une présence invisible terrée au fond de la forêt...
Severance est le second long métrage de l'anglais Christopher Smith, l'un des cinéastes de la nouvelle vague horrifique britannique, qui fut enclenchée en 2002 par son compatriote Neil Marshall et son très remarqué "Dog Soldier". Le réalisateur de "Creep" nous revient avec un "survival flick", genre décidément très à la mode depuis quelques temps. Qui plus est, Smith semble prendre la mouvance à contre-courant en nous livrant le produit d'un exercice des plus délicats : allier l'humour à la violence.
J'entends d'ores et déjà vos dents grincer... Et je vous prie de croire que j'en fis de même lorsqu'au bout des cinq premières minutes de la projection, je me rendis compte vers quelle direction tendait ce métrage. Car il faut bien l'avouer, je n'apprécie guère les films d'horreur qui ne se prennent pas au sérieux, à une ou deux exceptions faites, en l'occurrence "Evil dead 2" de Sam Raimi (1987) et "Le loup-garou de Londres" de John Landis (1981).
Rassurez-vous, nous ne sommes pas dans la Scream attitude, loin de là... Bien que l'humour tient une place importante dans le film. Non, ici nous sommes en présence d'un humour de situation 100 pourcent british, bien plus noir et efficace que les vannes lourdingues des productions Craven / Williamson. Assorti à un film au rythme soutenu, autant vous dire qu'entre rires et sursauts, vous n'aurez pas le temps de vous ennuyer.

 

 

Côté casting, pas de têtes connues de ce côté-ci de la Manche, bien qu'ils soient tous pour la plupart des comédiens confirmés du petit écran au royaume de Shakespeare, comme aux States. Le psychonaute attentif reconnaîtra peut-être Laura Harris (Maggie), actrice canadienne originaire de Vancouver, pour qui le fantastique n'a rien de nouveau puisqu'elle tourna dans "The faculty" (1998) de Robert Rodriguez (où elle interpréta Marybeth), ainsi que dans des séries telles que "X-files" et "Sliders". Comme c'est souvent le cas dans ce genre de productions, cet anonymat général est ici le bienvenu puisqu'il permet des surprises scénaristiques moins accessibles dés lors qu'il y a présence de têtes d'affiche. Les personnages sont bien campés et Smith aime visiblement jouer avec les stéréotypes. Ainsi, nous avons Steve (Danny Dyer), le comique de la troupe, plus soucieux d'approfondir ses connaissances en stupéfiants que ses techniques de vente ; Maggie (Laura Harris), jolie blonde au caractère affirmé ; Richard (Tim McInnerny), le chef des ventes incompétent et lâche de surcroît ; Harris (Toby Stephens), le commercial belle gueule, dynamique et sûr de lui ; Gordon (Andy Nemen), le lèche-bottes attitré ; Jill (Claudie Blakley), la brune fragile et Billy (Babou Ceesay), le courageux anglo-africain de service.
Smith applique donc une recette bien connue de ce genre de films, à savoir des personnages un tantinet caricaturaux et donc faciles à identifier, afin de pouvoir rapidement plonger dans le vif du sujet. Le fait qu'ils soient en majorité interprétés par des comédiens talentueux qui plus est facilite l'attachement. A ce sujet, Danny Dyer (Steve) et Tim McInnerny (Richard) ont un véritable sens du comique et sont tout simplement savoureux.
D'un point de vue ambiance, Smith connaît la musique. Son chalet perdu au fond des bois nous fait bien évidemment penser à la cabane délabrée de la série Evil dead. Comme dans "Creep", il mise sur un éclairage faible, ce qui donne à la forêt un aspect bien plus menaçant et imprévisible et où l'on a tout de suite un sentiment d'étouffement.
Comme pour le reste, le scénario va droit au but. Simple et efficace. Ainsi lors de la visite du chalet, toujours à la manière d'un "Evil dead", l'un des protagonistes découvre des archives militaires dans une remise, et l'on apprend que le chalet se situe à proximité d'un ancien centre de détention pour soldats psychologiquement déréglés par la guerre. S'en suit le repas du soir, ou Gordon le lèche-bottes sert une tourte à la viande. L'un des convives manque de s'étouffer sur un bout d'os... qui se révèle être une dent humaine ! Lorsque Gordon informe ses collègues qu'il l'a trouvée dans la cuisine, on comprend de suite que le chalet n'est pas celui acheté par Palisade Defense et qu'il n'est pas abandonné pour autant. Ici, on relèvera une similitude avec la découverte du cottage de la famille lycanthrope de "Dog Soldier", sans le côté "Boucles d'or".
A partir de là, les choses vont s'accélérer et le carnage va commencer.
Et là, Christopher Smith nous réserve des moments croustillants. Bien que je sois tenté de vous les éplucher, je m'abstiendrai afin que vous puissiez les apprécier à leur juste valeur. Disons que Richard se retrouvera dans une situation qui ne paye pas de mine (là, je fais très fort...), Gordon se retrouve les pieds dedans (attention... grincements de dents garantis), et qu'un couteau de chasse n'est pas un objet dangereux sans fondement (décidément, de plus en plus fort...) ! Ceci dit, s'il y a de l'inventivité, ce n'est pas à tous les étages. Ainsi, on retrouve une situation renversante (facile...) déjà exploitée lors du "Week-end de terreur" de Fred Walton (1986), quoique plus saignante. On a également droit à une scène qui n'est pas sans rappeler "Hostel" d'Eli Roth (2005), certes plus poussée que son modèle, mais pas suffisamment à mon goût (mais bon, faut dire que je suis un grand malade, hein...) ; sans oublier un bon gag à base d'allumettes et d'essence qui serait certainement resté dans les mémoires si la chute n'était pas seulement suggérée. A côté de ça, on a le traditionnel coup de machette et quelques coups de feu.

 

 

Une chose est certaine : Severance est à mon sens une réussite du point de vue du jeu et de la direction d'acteurs. L'élément comique s'intègre très bien au film, grâce à une véritable impression de naturel, ce qui est très rare et très compliqué à rendre dans ce genre de film. Qui plus est il est qualitatif, à en juger par la réaction des spectateurs qui riaient à gorge déployée (dont votre serviteur, bien entendu...) dans la salle. On pourra cependant regretter qu'il soit peut-être un peu trop mis en avant, et ce au détriment de la tension. Mais au moins ce n'est pas lourd... et très bien exécuté.
Christopher Smith réussit donc son pari haut la main et nous offre un petit bijou d'humour noir à l'anglaise comme on en voit trop rarement. Son film est bien rythmé et alterne savamment gore et gaudriole (remarquez l'allitération en "G", les gars...) bien que pour ma part, mon côté psychopathe déplore un petit manque de graphisme au niveau de certains meurtres tels que le coup du lance-flammes. Je ne saurai vous dire si la censure est passée par là, mais si demain on me dit qu'il y a eu des coupes, j'invite vivement le réalisateur à les intégrer dans un prochain montage "uncut" pour la sortie dvd. En tout cas, dans son ensemble, ce film est bien supérieur à sa première oeuvre et je serais même tenté de dire qu'il signe ici l'un des films d'horreur les plus drôles de tous les temps...

 

Note : 8/10

 

@rmaggedom
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