Zatoïchi (1) - Le masseur aveugle
Titre original: Zatoïchi Monogatari
Genre: Chambara
Année: 1962
Pays d'origine: Japon
Réalisateur: Kenji Misumi
Casting:
Shintaro Katsu, Masayo Banri, Ryuzo Shiwada...
 

En 1962, Shintaro Katsu faisait ses premiers pas de masseur aveugle et sabreur sur le grand écran en incarnant Zatoïchi. Un rôle qu'il incarna si bien qu'il le reprit 26 fois pour le cinéma et que Zatoïchi, souvent simplement appelé Ichi, fut même le héros de plus de 100 téléfilms.

 

 

Dans ce premier épisode, les jalons de la série sont posés: le personnage est d'aspect pataud, voire balourd, mais fait preuve d'une adresse et d'une vivacité peu communes dès que le besoin s'en fait sentir; Ichi est un masseur itinérant et son errance le mène de village en village, de rencontre en rencontre; joueur invétéré, il ne répugne pas à se servir de son handicap pour faire croire à ses adversaires qu'il est un perdant né, avant de les bluffer et de gagner la mise; amateur de saké, il partage parfois un verre avec l'un ou l'autre, ceci déliant les langues, parfois la sienne d'ailleurs; profondément humain, il peut être touché par des gestes simples d'amitié, ému par une situation, bouleversé par la mort d'un tiers, y compris un adversaire dont la noblesse l'avait conquis; enfin, il est yakuza et, s'il critique allègrement ses pairs et leur mode de vie en marge de la société qu'ils parasitent, il invoque régulièrement le code de l'honneur des yakuzas qu'il semble bien pourtant être le seul à respecter et qu'il partage surtout avec nombre des samouraïs qu'il rencontre ou qu'il combat.

 

 

Dans ce premier épisode de la saga du masseur aveugle, Ichi retrouve un parrain yakuza rencontré un an plus tôt qui accepte de l'héberger, non sans arrière-pensées. Car, comme souvent dans la série des Zatoïchi, c'est dans une lutte de pouvoir que va se retrouver entraîné Ichi, une lutte entre deux clans qui incarnent la main-mise sur la population de yakuzas ne cherchant que leur propre intérêt avec, le plus souvent, la collaboration des autorités locales. Dans ce Japon féodal, le petit peuple est à la botte de l'un ou de l'autre, au gré des alliances et des différends entre clans, sans avoir son mot à dire. Ichi sera parfois la voix des opprimés mais, le plus souvent, presque par hasard et contre son gré.
Ici, il est surtout le témoin des manquements à l'honneur de Sukegoro, le parrain d'Iioka qui l'héberge et n'attend de lui qu'une seule chose: qu'il affronte dans un duel excitant le samouraï Hiraté, venu d'Edo, qui est au service de Shigezo, du clan adverse de Sasegawa. Comme souvent dans les films de Zatoïchi, Ichi et son adversaire principal se croisent, discutent, se jaugent et s'apprécient à leur juste valeur. D'abord au bord d'une rivière, canne à pêche à la main, puis autour de quelques fioles de saké, enfin le sabre à la main, dans un combat à mort.

 

 

Dans ce film de Misumi, Shintaro Katsu donne déjà toute la dimension de son personnage : Ichi est un loup solitaire, comme le dit Hiraté, mais il est profondément humain et sensible aux insultes des voyants envers l'aveugle qu'il est. Il ne sera néanmoins qu'un bretteur habile mais trop bref dans ce premier épisode puisqu'il ne se battra véritablement qu'avec trois adversaires. C'est d'ailleurs le plus gros défaut du film, avec un rythme trop lent, une mise en place belle et esthétique mais qui prend un peu trop son temps à mon goût avant d'offrir son lot de combats dans sa dernière partie. Mais bon, cela permet au personnage de se construire, de s'étoffer et de s'offrir au spectateur, qui appréciera puisque qu'il en reprendra ensuite pour 25 épisodes.

Note : 7/10

 

Bigbonn


A propos du film :

# Kenji Misumi, le réalisateur, se retrouvera quelques années plus tard aux commandes d'une autre série mythique, quoique plus courte : Baby Cart. Avec, cette fois, non plus Shintaro Katsu dans le rôle principal mais son frère aîné : Tomisaburo Wakayama, dans le rôle du loup à l'enfant.


# Shintaro Katsu incarnera, entre autres, un autre personnage marquant: Hanzo the Razor, un rôle pour lequel, une fois encore, il déploiera tout son talent.


# En 2003, Takeshi Kitano a réalisé et incarné, lui aussi, Zatoïchi, dans un registre assez fidèle à celui de l'original.

 

# Ce premier opus de la série est également le premier dvd de la collection sortie chez l'éditeur Wild Side

 

En rapport avec le film :

 

# La critique du film Zatoïchi - Mort ou vif

# La critique du film Zatoïchi - Voyage meurtrier

# La critique du film Zatoïchi - Voyage en enfer

# La critique du film Zatoïchi - Le justicier

# La critique du film Zatoïchi - Route sanglante

# La critique du film Zatoïchi - Le défi

# La critique du film Zatoïchi - Les tambours de la colère

# La critique du film Zatoichi contre Yojimbo

# La critique du film Le shogun de l'ombre (Zatoichi 21)

# La critique du film Zatoichi contre le sabreur manchot (Zatoichi 22)

 

# La critique du film Voyage à Shiobara (Zatoichi 23)

 

# La critique de Zatoichi, la blessure - (24)

 

# La critique du film Zatoïchi de Takeshi Kitano

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